Encré : la marque qui allie tatouages, art conceptuel et café branché à Bruxelles

Ce Français de 27 ans a rencontré Bruxelles par hasard, comme beaucoup de ceux qui ne l’ont plus jamais quittée, en transit de voyage. La capitale lui a gravé dans la peau qu'elle pouvait lui offrir la plus ancrée des épopées. "Cette ville possède une scène artistique très vivante et inspirante, qui m'a immédiatement appelé. Bruxelles est pleine de potentiels." Directeur artistique de ce concept singulier qui mêle mode, salon de tatouage, "jam sessions" et matcha, Charlie crée des vêtements à messages licencieux et à dessins amoureux. On trouve chez Encré ses collections aux punchlines spirituelles et sexy, de la déco avec des céramiques artisanales inspirées, toute une offre éclectique d’objets singuliers issus de métissages de techniques. 

Petits mots tendancieux et bite box animée

Slogans "I could write you poems but I’d rather fuck" ou "Go vegan eat pussy", Encré joue avec les mots parce que "la ligne est fine entre interpeller avec un message et créer du lien social. Les textes ne sont pas explicites; il y a de l'humour, sans la volonté de choquer." Les broderies sont réalisées à Lyon, sur des pièces de base unisexes, fabriquées sur commande en Turquie et en Tunisie. "Small Tits Big dreams", mais aussi peu de stock pour beaucoup de réactivité : "Je peux rebondir sur l'actualité." Charlie est fasciné par l'art du tatouage, "à une époque de transition où les graphistes commencent aussi à tatouer et à développer de nouveaux débouchés à leur discipline. L'aiguille de broderie se rapproche de celle du tatouage et le fil, c'est l'encre qui prépare le dessin." On imprime la peau, on grave le tissu, on fait le contraire aussi.

Dans le café caché à l’arrière de ce vaste espace aux ambiances plurielles (les bonnes ancres tombent toujours au fond), on profite de l’atmosphère ouatée et de l’ambiance veloutée pour échanger les mots qu’on veut autour de cookies géants, mais on peut aussi se poser avec un ordinateur ou fixer un premier rendez-vous. La musique est douce, la vibration piquante, la petite carte du tearoom soignée.

Des artistes invités

Des tatoueurs internationaux plébiscités déposent ici leurs aiguilles, le temps de courtes résidences, pour que les clients n'aient pas à courir le monde pour se faire illustrer. Encré est déjà représenté dans une boutique showroom à Paris et "Bruxelles, c’est notre premier pas d’ouverture vers l'international. La société se développe progressivement, pour marquer sa présence dans un secteur saturé." Musicien aussi, cet autodidacte des arts décomplexés chante et compose dans l’élan de son "Charlie Project", qui rencontre un succès grandissant. Il se produit sur scène et, dans la "red box" de la boutique à Bruxelles, il organise des sessions où sont invités artistes, poètes et musiciens de la scène indépendante. Parfois tout ça à la fois, ils mélangent les disciplines, selon le concept où un artiste en invite un autre, pour des demi-heures de partage artistique. L’un de ses statements enjoint : "Fuck me before life does". Il tire pourtant bien son épingle, ou son aiguille à tricoter, d’un jeu qu’il attendrit à coups d’irrévérences.  Ses mots sont insolents et l’univers de Charlie, dandy libéré, est envoûtant.