Ann Demeulemeester : la jeunesse dorée de Los Angeles selon Stefano Gallici
Avec cette édition de KIDS, Ann Demeulemeester poursuit son exploration des interstices entre mode et culture, nourrie par la vision singulière de Gallici, là où l’esprit rebelle du punk flirte avec la poésie du quotidien.
Dans la lumière douce et dorée des collines d’Hollywood, un nouveau chapitre de l’histoire d’Ann Demeulemeester s’écrit, empreint de musique, de cinéma et d’une candeur brute que seule Los Angeles sait offrir. Pour sa troisième édition de KIDS, la maison belge réaffirme son attachement à la culture en perpétuelle ébullition, incarnée cette saison par la Cité des Anges et son énergie contagieuse. Sous la direction de Stefano Gallici, directeur artistique depuis 2023, KIDS devient plus qu’une campagne : une déclaration d’intention, un carnet de voyage intime à travers une ville magnétique.
Gallici, qui qualifie LA de “nouvelle maison”, y puise une inspiration organique et immédiate. Rien n’est forcé, tout semble couler de source — des rencontres aux prises de vue, jusqu’au choix de la bande-son. “C’est comme si le projet se dessinait avant même que je ne le commence,” confie-t-il. C’est précisément dans cette spontanéité que réside la force du projet.
Entouré d’une constellation d’artistes aux disciplines variées, Gallici orchestre une ode à la jeunesse créative et libre. On y retrouve la fascinante Sophie Thatcher, comédienne-chanteuse aux allures de muse moderne ; Chris Greatti, producteur caméléon au goût prononcé pour les sonorités électro-clash et glam-rock ; Dove Armitage, poétesse visuelle et icône androgène ; Isabella Scaffidi, architecte de l’émotion à travers l’installation et la mémoire ; et enfin Nico Geyer, musicien de Nitefire et photographe instinctif. Chacun, à sa manière, incarne un fragment du kaléidoscope culturel californien.
La campagne, captée en Super8 par le fidèle collaborateur Jason Renaud, revendique un esthétisme analogique, imparfait, texturé — à mille lieues du numérique lisse et désincarné. Ce choix, presque militant, s’aligne sur la volonté de restituer la matière vive de la création. Le grain de l’image devient alors le reflet d’une ville qui ne cesse de vibrer, entre rêve et réalité. “Ce chapitre est le plus intuitif que nous ayons créé,” révèle Gallici. Une scène en particulier semble cristalliser cet état de grâce : un après-midi chez Sophie, une chanson de Belle and Sebastian en fond, le soleil filtrant à travers les feuillages. Une bulle suspendue dans le temps. Ce moment devient l’âme du projet, sa signature silencieuse.
Kids SS25 est un manifeste générationnel — celui d’un collectif qui refuse les hiérarchies, les cases, les définitions rigides. Il célèbre l’expérimentation, l’authenticité, et surtout la communauté. Plus qu’une campagne, c’est un territoire d’expression où les individualités se rencontrent pour mieux fusionner.