Déco

Stefania Depoortere : rencontre avec l’architecte d’intérieur la plus en vue de Bruxelles

À la tête de son studio d’architecture d’intérieur, Stefania Depoortere réinvente des espaces en adoptant une approche centrée sur le bien-être et l’équilibre, qui priment autant que l’esthétique. Des préceptes qu’elle a appliqués à sa maison bruxelloise, entièrement repensée.
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Moderne, féminine, chaleureuse, élégante et gaie, l’architecte d’intérieur Stefania Depoortere aime rappeler que c’est sa maison qui l’a trouvée. “En plein mois d’août, alors que Bruxelles était déserte, on a visité avec mon mari cette propriété qui correspondait à tout ce dont je rêvais depuis des années”, se souvient-elle. “J’ai immédiatement su que c’était l’endroit où je voulais vivre.

Située dans un quartier calme de Boitsfort, la maison de 160 mètres carrés construite dans les années 30 a nécessité bon nombre de transformations pour arriver à son état actuel. La rénovation a permis à Stefania d’ouvrir les espaces et de créer un étage supplémentaire pour y lover une suite parentale. À l’intérieur, tout était à refaire même si l’architecture originale cachait de nombreuses “belles surprises”. Mais la décoratrice belgo-italienne avait une vision bien précise : il ne s’agissait pas seulement de créer son sanctuaire personnel ; ce lieu devait aussi et surtout devenir un lieu de vie agréable, pratique et ludique pour y inviter des amis, des clients, et où Sacha et Aria, ses deux enfants, pourraient jouer librement et s’épanouir.

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© Justin Paquay

ENTRE ÉQUILIBRE ET DÉSÉQUILIBRE

Stefania Depoortere est une femme de goût. Cela se traduit dans sa façon de s’entourer, de vivre, de bouger, de s’habiller, mais aussi de mettre au diapason les intérieurs et leurs propriétaires. Ex-collaboratrice de l’architecte François Marcq puis du designer Lionel Jadot, deux mentors au style bien différents, c’est en sortant diplômée du CAD en 2007, que la jeune femme réalise qu’elle a avant tout l’âme d’une créative... Ce qui n’a rien d’étonnant, quand on sait qu’elle a passé son enfance baignée dans le beau et la décoration grâce à l’entreprise de confection de tapis de son arrière-grand-père Louis De Poortere et la boutique de déco pour enfants tenue par sa maman italienne. Après un passage éclair à Hong Kong où elle participe à l’élaboration des boutiques Dior et Fendi en Asie, elle rentre en Belgique où son goût sûr et affirmé séduit les plus grands bureaux d’archi.

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© Justin Paquay

PALAZZO MODERNISTE

Installée depuis trois ans dans cette maison de coin à la lisière de la forêt de Soignes, Stefania a fait le pari de rénover la bâtisse “en évitant de l’altérer au maximum” afin de conserver son âme authentique. Le pari est réussi : entre ses volumes arrondis savamment mis en valeur, ses plafonds ocre dans la salle à manger et la majestueuse cage d’escalier qui traversent les étages, les qualités de ce petit bijou architectural ne manquent pas... Mais c’est avant tout pour “la luminosité que procurent ses nombreuses fenêtres” que Stefania a décidé d’y poser ses valises. Au fil des travaux, elle a su façonner ce lieu hors du temps notamment en “mixant des pièces modernes, du vintage, du sur-mesure et des souvenirs d’enfance”, qui soulignent avec brio le style purement Art déco de la bâtisse. Le fait que Stefania ait restauré ce petit “palazzo” moderne en y insufflant des inspirations italiennes et nord-européennes et en y distillant des pièces de design contribue à en faire un espace dans lequel on se sent bien instantanément. Car, contrairement à ce que l’on aurait pu imaginer, l’endroit est relativement dépouillé et n’a rien d’intimidant, notamment grâce au goût prononcé de Stefania pour l’harmonie, l’équilibre et la fonctionnalité. “Je suis une amoureuse de toute sorte d’objets, mais ce qui compte pour moi autant que l’esthétique, c’est l’utilité et la cohérence. Rien n’est là par hasard”, explique-t-elle. Ici, l’atmosphère élégante combine lumière, matériaux nobles, couleurs, circulation, équilibre et surprises. Dans la cuisine, le plan de travail tout comme la hotte ont été dessinés par ses soins et fabriqués sur mesure. Dans le salon, les rideaux permettent de moduler l’espace en fonction de la lumière et de l’humeur de la journée. Des plaisirs simples qui lui apportent beaucoup de joie et rejoignent parfaitement sa philosophie de vie centrée sur les valeurs de bien-être, de simplicité et d’énergie. Tel un peintre choisissant les couleurs de sa toile, Stefania se laisse guider par son intuition pour définir la palette aux tons neutres - qui transmettent une impression de calme - et aux matériaux naturels - qui créent une atmosphère chaleureuse - mais aussi pour introduire de la fantaisie et de la texture aux murs tantôt recouverts de mosaïques, tantôt graphiques grâce à un jeu de peinture. Parmi les meubles et accessoires à la fois neufs et anciens qu’elle aime et dont elle ne se séparera jamais : deux tabourets de bar en bois massif de la marque Miyazaki, un tapis ancien chiné rue Haute, une chaise Vilbert de Verner Panton (éd. Ikea 1993), une lampe Pipistrello du designer Gae Aulenti, deux chandeliers Turner de Xavier Lust, sans oublier les pièces en céramique de son amie Foodminster, la photo énigmatique de Michel François dans la salle à manger et la peinture de Willoos dans sa chambre à coucher. Lieu de vie familial très animé, sa maison reflète donc ses coups de foudre du moment, son goût des pièces rares, ses talents d’ensemblière mais également ses choix esthétiques influencées par Axel Vervoordt, Vincent Van Duysen, Pierre Yovanovitch et Dimore Studio. “Ces voix m’ont aidée à aller vers la subtilité, la patine, la sérénité”, poursuit la décoratrice. Elle est comme ça Stefania, brillante et humble, mais surtout à l’écoute. De quoi séduire les clients exigeants qui lui confient les clés de leur maison.

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© Justin Paquay

DES ACCORDS QUI FONT SENS

Son style féminin, ludique et atypique comme son tempérament doux mais affirmé captivent ses aficionados. “Via l’architecture d’intérieur, je souhaite favoriser les connexions ayant du sens dans un monde très souvent déconnecté”, dit Stefania. “J’aime créer des lieux durables où les gens peuvent vivre tels qu’ils sont, se reposer, être ensemble, nourrir leur esprit.” Dans le sous-sol de l’hôtel Jam, l’Atzukan est l’un de ces endroits hybrides et singuliers que la jeune femme a conceptualisé en 2020 sous la tutelle de Lionel Jadot et pour lequel ils ont reçu le Commerce Design Brussels Award 2020 dans la catégorie “Santé & Beauté”. Après avoir travaillé pendant de nombreuses années dans l’ombre de grands noms et pour les projets de collectionneurs, artistes et autres happy few en Belgique, en France et en Italie, la belle italienne vole maintenant de ses propres ailes. Pour l’heure, elle travaille sur l’ouverture d’un bar place Fernand Cocq à Ixelles, un projet en Italie et la rénovation de trois maisons à Bruxelles. Un programme chargé qui ne l’a pas empêchée de nous livrer son secret et peut-être la clé de son succès : “C’est le plaisir qui compte avant tout. Il ne faut pas se prendre au sérieux. Quand on fait de la déco, le but est de rendre les gens heureux !

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