"Mickey 17" : pourquoi il faut voir le nouveau film de Bong Joon-ho avec Robert Pattinson
Dans "Mickey 17", Bong Joon-ho explore une fois de plus les dérives du capitalisme à travers une dystopie spatiale. Avec Robert Pattinson dans le rôle principal, ce thriller de science-fiction interroge la valeur de l'individu dans un système qui le broie, tout en jouant habilement avec les codes du genre. Un récit politique percutant qui confirme le regard acéré du cinéaste sud-coréen sur notre époque.
Attention, cet article contient des spoilers.
Avec Parasite, Bong Joon-ho avait livré une critique tranchante du capitalisme et de la lutte des classes, où l’ascension sociale était une illusion et où la violence des privilégiés se manifestait dans leur insouciance totale face à un monde qui souffre. Mickey 17 s’inscrit dans cette continuité, transportant ses thématiques vers les confins de l’espace, où l’exploitation humaine atteint une dimension littérale : se tuer à la tâche pour survivre.
Un capitalisme poussé à l'extrême
En salle en Belgique le 5 mars, Mickey 17 est un film de science-fiction dystopique réalisé par Bong Joon-ho et inspiré du roman "Mickey 7" d’Edward Ashton. L’histoire suit Mickey Barnes (Robert Pattinson), un homme embarqué dans une expédition spatiale périlleuse organisée par Kenneth Marshall (Mark Ruffalo), un entrepreneur fasciste aux allures trumpiennes. La mission consiste à coloniser une planète glaciale nommée Niflheim. Mickey joue un rôle bien particulier : en tant qu'"expendable", il est destiné à mourir encore et encore pour accomplir les missions les plus dangereuses. À chaque disparition, une nouvelle version de lui est recréée, conservant ses souvenirs mais restant prisonnier d'un système impitoyable où il n'est qu'un rouage interchangeable du capitalisme effréné.
Bong Joon-ho use de cette dystopie pour dresser un parallèle glaçant avec notre société contemporaine. Mickey 17 dépeint ainsi un monde où l’individu est un produit jetable, condamné à travailler jusqu’à l’épuisement dans un système qui réduit l’être humain à sa seule productivité. Un constat qui frappe par sa pertinence à une époque où le capitalisme atteint son paroxysme.
Robert Pattinson, un héro ordinaire
Robert Pattinson incarne un protagoniste anti-héroïque, un employé banal réduit à un statut d’ "expendable", un être sacrifiable dont la vie ne vaut que par son utilité pour l’entreprise. Lors de sa 17ᵉ mission, Mickey est laissé pour mort et remplacé par une 18ᵉ version de lui-même. Pourtant, il parvient à survivre et se retrouve face à son propre double. Cette confrontation inattendue fait de lui une anomalie dans le système, un "multiple" qui met en péril l’ordre établi.
À ses côtés, Mark Ruffalo, qui incarne Kenneth Marshall, un entrepreneur autoritaire prêt à tout pour assurer la réussite de sa mission. Également en casting, Toni Collette, qui interprète l'épouse complice et stratège de Marshall, et Naomi Ackie, dans le rôle de Nasha, la compagne de Mickey, déterminée à l’aider à briser ce cycle infernal.
Une histoire futuriste aux résonances politiques
Mickey 17 regorge de références au totalitarisme et aux dérives politiques : le salut militaire des dirigeants rappelle celui du régime nazi, tandis que le nom de la colonie, Niflheim, évoque un mythe nordique souvent détourné par les mouvements suprémacistes. Au-delà de ces symboles, le film se moque aussi des illusions du rêve américain : cette prétendue terre promise qui, en réalité, n’est qu’un leurre, où les plus démunis fuient leurs problèmes terrestres pour mieux être exploités ailleurs. "Tout le monde a des problèmes d'argent", lâche Mickey dans les premières minutes du film, résumant en une phrase la mécanique impitoyable du système.
Une rébellion contre un système oppressif
Si Parasite nous laissait sur une fin amère, Mickey 17 opte pour une conclusion plus optimiste. Après avoir accepté son destin trop longtemps, Mickey finit par prononcer ces mots : "J'ai le droit d'être heureux". Une affirmation simple mais radicale dans un monde qui exige de lui qu’il meure pour vivre. Refusant cette fatalité, il se bat aux côtés de son double pour échapper au système qui les exploite, affirmant enfin leur droit à exister autrement.
Bong Joon-ho signe ici une œuvre intelligente et grinçante, un récit de science-fiction qui, sous ses allures de divertissement, cache une critique cinglante du monde du travail et du capitalisme moderne. Initialement prévue pour mars 2024, la sortie de Mickey 17 a été reportée à plusieurs reprises, notamment à cause des grèves de la SAG-AFTRA à Hollywood. Un film qui valait l’attente et qui prouve une fois de plus que Bong Joon-ho est l’un des cinéastes les plus talentueux de notre époque.
Mickey 17, un film de Bong Joon-ho avec Robert Pattinson, Mark Ruffalo et Naomi Ackie, le 5 mars 2025 au cinéma.