Comment Louis Vuitton est devenu le partenaire des voyageurs dans l'histoire ?
Affirmer que la Maison Louis Vuitton symbolise l’art du voyage serait un euphémisme. Éléments phares de la pop culture, avec des films culte de Titanic à Meurtre au soleil, ses malles, bagages et sacs emblématiques traversent le temps pour accompagner les voyageurs du monde entier, en zeppelin, paquebot, avion, autochenille, moto, ski ou navette spatiale. Avec ce constat pour point de départ, l’ouvrage "Voyages Extraordinaires", édité par la maison française, semblait évident. Après les City Guides au ton libre et décalé, des Travel Books qui revisitent l’esprit du carnet d’artiste, et la collection Fashion Eye, des albums photographiques donnant à voir une ville, une région ou un pays à travers l’œil d’un photographe de mode, Louis Vuitton ne pouvait mieux symboliser l’art du voyage qu’en remontant le temps pour propulser ses lecteurs à travers 50 destinations inspirantes.
Sous la plume de Francisca Mattéoli, écrivaine et globe-trotteuse dans l’âme, ce beau livre raconte les aventures des voyageurs de l’époque et d’aujourd’hui, richement illustré de photographies anciennes, d’affiches de tourisme vintage et de pépites des archives de la maison française. Chilienne de mère écossaise, Francisca Mattéoli a passé son enfance en Amérique latine. Après avoir vécu au Brésil, elle s’installe finalement à Paris. Elle est l’autrice de plusieurs récits de voyage et collabore, entre autres, à Condé Nast Traveller et au National Geographic. À l’heure où la crise sanitaire a empêché les foules mordues d’évasion et autres explorateurs de s’envoler vers de nouvelles aventures, elle revient sur la définition même d’un "voyage extraordinaire", avant de nous confier ses précieux conseils pour s’évader quand on est confiné, le temps d’un échange passionnant.
Parlez-nous en quelques mots de l’ouvrage "Voyages Extraordinaires" que vous signez pour Louis Vuitton.
C’est un livre qui fait voyager de toutes les manières possibles. C’est un livre qui ressemble à un tapis volant, on part du XIXe siècle à nos jours. Il y a de la poésie, de l’art, de la littérature, tout ce que peut apporter l’imagination. Car c’est aussi un livre pour partir en imagination, et je crois que, justement avec tout ce qui se passe dans le monde actuellement, on a besoin de faire appel à ses bons souvenirs pour supporter la situation. C’est un livre pour s’échapper et sortir de son quotidien, avec plus de 50 histoires différentes qui font voyager de manière différente.
Qu’est-ce qu’un "voyage extraordinaire" ?
Merci pour cette question, qui n’est pas facile. Pour moi, c’est d’abord rêver de la destination avant d’y être. On dit souvent qu’avant d’arriver quelque part, c’est le chemin qui est excitant, et avant celui-ci, il y a le rêve qu’on fait d’un endroit. Il y a beaucoup d’endroits dont on a rêvé toute sa vie, et ces rêves font déjà le voyage, à force d’y penser. Cela commence donc par ce qu’on imagine. Ensuite, il y a le déplacement et le moyen de déplacement utilisé, que ce soit le train, l'avion ou le bateau. Tous ces moyens de locomotion font aussi partie du voyage extraordinaire. Par exemple, dans le livre, je parle du Concorde ou des grands paquebots transatlantiques qui contribuent à des voyages fabuleux. Mes parents ont connu cette époque de l’art du voyage. Ces gens qui prenaient des avions exceptionnels, passaient des semaines à bord d’un paquebot, qui s’habillaient le soir me faisaient rêver. À la fin, évidemment, il y a l’univers dans lequel on arrive et qui émerveille. L’émerveillement apporté par un voyage est très important pour moi. Car un voyage extraordinaire, c’est forcément quelque chose qui émerveille comme quand on avait 4 ans.
Quel est le voyage le plus extraordinaire de ce livre ?
C’est la question horrible ! C’est impossible, je ne peux pas en choisir un. En revanche, c’est vrai qu’il y a deux ou trois voyages qui m’ont vraiment marquée personnellement. À commencer par les voyages que j’ai faits dans les pays qui n’étaient pas ouverts au tourisme. À une époque, je travaillais pour National Geographic et je me suis rendue au Cambodge ou au Rwanda par exemple. Et puis, comme je suis sud-américaine, l’Amérique du Sud et entres autres le Brésil où j’ai vécu. Quand vous arrivez en avion et que vous survolez le Corcovado, c’est ahurissant, vous restez sans voix. Si en plus vous écoutez de la musique brésilienne, c’est carrément génial. Après, quand je suis allée chez moi, au Chili, dans le désert d’Atacama pour la première fois, c’était aussi fantastique parce que l’endroit est varié et différent des autres déserts.
En quoi la maison Louis Vuitton est-elle intimement liée au simple fait de voyager ?
Louis Vuitton a une histoire liée au voyage, car son fondateur a commencé par parcourir le chemin du Jura à Paris à pied quand il avait 13 ans, pour tenter sa chance dans la capitale. C’était un voyage extraordinaire pour l’époque. Il est non seulement lié au voyage, mais aussi au voyage extraordinaire. Et puis la maison Louis Vuitton a suivi depuis sa création toutes les évolutions des moyens de transport. Parce qu’elle a inventé les fameuses malles "wardrobes" pour les voyageurs. Cette transmission familiale, qui est très rare, s’est maintenue au fil des siècles, et je trouve ça très émouvant de voir qu’aujourd’hui encore il y a des maisons comme celle-là, qui conservent l’art du voyage.
Pour quel accessoire de voyage (valise, sac, vanity, etc.) Louis Vuitton craquez-vous ?
J’adore les malles wardrobes ! D’abord, c’est plus qu’un accessoire, ça me fait rêver d’ouvrir ces énormes malles et d’y trouver des vêtements fantastiques pour s’habiller à toute heure du voyage. Ces malles sont liées à un voyage qui n’existe plus aujourd’hui. Elles étaient si spacieuses, avec des tiroirs pour les bijoux, pour la correspondance, pour les robes, pour les manteaux. On les retrouve dans le film "Titanic". Mes parents et grands-parents ont connu ça, et quand nous sommes arrivés du Chili en France, on avait des malles comme celles-là. C’était extraordinaire.
En mettant de côté la pandémie, quelles sont les destinations les plus tendance cet été ?
Pour commencer, un endroit ensoleillé, car la plupart d’entre-nous avons été enfermés dans nos appartements. Ensuite, un lieu rempli de joie de vivre, où les gens sont sympathiques. Je pense que l’Amérique du Sud va être prise d’assaut. Car l’idée de boire une caïpirinha au bord d’une plage, ça va en tenter plus d’un. Ce genre d’endroit va être dans les premières destinations vers lesquelles les gens vont se tourner. On a envie d’amusement et de légèreté, de sortir de l’obscurité dans laquelle on se trouve en ce moment.
Comment s’évader et faire voyager l’esprit en période de confinement ?
Tout d’abord, grâce à son imagination et ensuite grâce aux livres forcément ! Quand j’étais enfant, que ça n’allait pas chez moi, je me réfugiais très souvent dans toutes sortes de livres, avec des histoires et des images… En plus, je viens d’un pays où les contes sont très importants. Par ailleurs, ma mère est écossaise, et l’Écosse est un pays de légendes. Avoir un bon livre et se plonger dedans quand on vit des moments angoissants, c’est la manière la plus rapide et facile de s’évader.
Quel livre conseilleriez-vous de lire dans ces circonstances ?
Un livre que j’adore, parce que ça me rappelle aussi ma vie au Chili, c’est "La Ferme africaine", de Karen Blixen. Elle raconte une aventure qui me touche beaucoup personnellement. Sinon, un autre livre, très facile et très décalé, c’est "Le Vent dans les saules", de Kenneth Grahame. C’est un livre pour enfant, mais pour adulte ! Il raconte aux adultes des aventures vécues par des animaux. C’est un livre merveilleux. Quand vous le lirez, vous m’appellerez pour me dire que j’avais raison de vous le conseiller ! (Rires)
Quelle destination a été la plus extraordinaire au cours de votre carrière ?
C’est difficile, car chaque destination est différente. On n’est jamais déçu quand on voyage, car même quand ça ne se passe pas bien, on crée des souvenirs amusants. Avec le recul, ça fait souvent rire. Quand on aime voyager, chaque destination est excitante. Le principal, c’est de partir quand on peut, et d’être curieux. Car tout voyage est une bonne expérience en réalité.
D’après vous, quel moyen de locomotion est le plus intéressant en termes d’enrichissement humain ?
Chacun d’eux est une expérience différente et apporte quelque chose de complètement unique. La jeep dans le désert, le Concorde et les funiculaires de Valparaíso offrent chacun une vision différente du monde et de notre planète. Quand vous êtes dans un paquebot et que vous voyez l’océan devant vous, quand vous êtes dans un avion et que vous avez l’impression d’être un oiseau, ou quand vous êtes en voiture et que vous faites des road trips à travers les États-Unis ou des étendues gigantesques, ce n’est pas la même sensation. C’est aussi l’idée du livre de faire ressentir au lecteur un sentiment et une expérience différentes à chaque fois.
Parlez-nous de votre dernier voyage.
C’était en France, puisqu’on ne peut pas quitter le pays, au Pays basque français, car je suis d’origine basque espagnole. C’était à Saint-Jean-de-Luz, où j’ai passé beaucoup de temps quand je suis arrivée en France. C’est une région superbe très typique. J’ai passé une semaine en pleine nature, car c’est aussi ce dont on a besoin en ce moment. Je me suis promenée et j’ai pris une bonne bouffée d’air frais pour me ressourcer.
Le prochain est-il déjà prévu ?
Oui, à Rio dès que ce sera autorisé. Et aussi à New York, mon billet est déjà réservé, on verra si on peut y aller pour mon anniversaire qui tombe le 4 juillet. Je me suis dit, si je dois fêter le déconfinement, pour le jour de mon anniversaire, ce sera à Central Park.