Loïc Nottet nous parle de sa collab avec Maison Natan autour de ses costumes de scène
Le chanteur et le designer belges brillent en studio, mais pas le même : Loïc Nottet y a enregistré un nouveau projet cet automne ; Edouard Vermeulen élabore dans le sien des collections de mode qui rythment l’époque.
Il fallait bien une collection capsule sur mesure pour habiller les nouvelles sorties cousues de fil blanc de Loïc Nottet. Les étoiles se sont alignées : l’artiste de 26 ans aux trois disques d’or, un disque de platine et un disque de diamant a été approché via Instagram par Pieterjan Van Biesen, l’âme numérique de la Maison Natan. Avec Edouard Vermeulen, Loïc qui se destinait plus jeune à une carrière dans la mode a réalisé son rêve d’enfant : accéder aux coulisses de la Couture dans des ateliers artisanaux parmi les plus experts du pays. Ensemble, ils ont cocréé une dizaine de looks destinés aux premiers clips et aux images du lancement imminent du nouveau projet du chanteur. Puisque Natan se consacre exclusivement à la mode femme, ces vêtements ont été conçus sur mesure, fruit d'échanges d'idées et d'influences entre Loïc Nottet, Edouard Vermeulen et Mircea Smolean, le chef d’atelier, fort de 25 ans d’expérience dans la Maison. Pour éclairer ses choix, le chanteur explique d’abord son parti pris en faveur d’un vestiaire monochrome. "J'avais envie de revenir au noir, que je portais beaucoup à la sortie de mon premier album en 2017. Pour qu'on fasse moins attention à mon corps qu'à ma voix." Partagé entre l'envie de prendre sa place et la tentation d'une certaine discrétion, pour son deuxième album, Loïc avait adopté une palette de blanc et de pastels, entamant un processus d'aller-retour de la lumière aux nuances de l'ombre. "Le noir fait partie de mon identité. Pour cette collection, nous avons exploré différentes textures de matières. Nous avons utilisé du noir mat, du brillant, de l'intense, du profond." Un univers servi par des coupes fluides, un entre-deux pratique, qui ne limite pas l'expression de la couture. Pour Edouard Vermeulen, passer d'un univers féminin sophistiqué à l'Homme n'a pas été difficile, puisque ses collections sont déjà fluides avec des coupes boyish. "Ici, nous avons conçu du féminin qui devient masculin dans la souplesse." Le créateur témoigne du plaisir que lui a procuré l'exercice ponctuel de masculiniser les lignes dans lesquelles il excelle. "La fluidité est dans la rue, dans l'air du temps, et nous portons depuis longtemps une réflexion sur l'androgynie dans des collections très féminines."
Le choix du mode – d’une mode – d’expression
Avant la musique, Loïc a hésité à se diriger vers la création de mode. "Dès mon enfance, je me suis aperçu que j'aimais toucher les matières, les rideaux, les tissus, partout où j'allais, chez des amis ou dans les boutiques. Après un moment, je n'avais même plus besoin de toucher, je pouvais deviner la sensibilité d'une matière juste en la regardant. J'ai beaucoup suivi le travail de Colleen Atwood, costumière notamment pour les films de Tim Burton, j'ai regardé des heures de vidéos et d’interviews sur YouTube. L'art des détails et le savoir-faire, ce qui est souvent invisible pour le public, me fascinent. De la même manière, je me suis beaucoup intéressé à l’œuvre d'Alexander McQueen et de Thierry Mugler. À un certain point de mon adolescence, il paraissait clair que je voulais devenir designer de mode. J’ai assisté à une journée portes ouvertes de La Cambre à Bruxelles quand j'avais 16 ans, mais j’ai senti que cette voie-là n’était pas faite pour moi. À l'époque j'aimais déjà la musique, et j’ai réalisé que cette discipline serait en réalité ma porte d'entrée vers les autres arts, le cinéma notamment, par le biais de mes clips. En travaillant avec la Maison Natan et ses artisans incroyables, j'ai touché à l'univers que je découvrais avant sur Internet. J'avais physiquement accès aux coulisses, j'ai été impressionné et reconnaissant de pouvoir enfin être intégré au cœur du processus, d'accéder à un rêve d'enfant. Chez Natan, j'ai l'impression de faire partie d'une famille, de toucher au plus près cette dimension haute couture qui n'a rien de froid ou d'inaccessible, de collaborer avec des gens humbles et chaleureux. Toute ma vision de la Couture en a été transformée." À l'avenir, Loïc continuera vraisemblablement de collaborer avec des maisons de mode, pour le plaisir d'être conseillé en termes de morphologie et de forme par des professionnels, pour l'intensité de ces échanges, "mais je sais aussi que je ne suis pas fait pour la pression de ce métier-là. Celle de la musique, du spectacle, je peux la gérer et je la connais depuis longtemps. La mode en revanche est un milieu qui m'attire, mais avec lequel je préfère garder une distance."
Une collaboration en harmonie
Son expérience de danseur l’a amené à demander quelques ajustements sur les vêtements mais en réalité, avec les années, l’artiste a appris à s'adapter à ce qu'il portait. "En l'occurrence, je ne voulais pas que la création de la couture soit contrainte par la danse. J'ai expliqué à l’équipe que je trouverai toujours un moyen d'adapter mes mouvements aux pièces. Travailler avec des professionnels de ce niveau est idéal, puisqu'ils intègrent dans le design et dans les lignes une flexibilité intrinsèque. Grâce à leur savoir-faire, j’ai pu m'exprimer très librement." Edouard Vermeulen, avec bientôt quarante ans de carrière dans une Couture en permanente évolution évoque, à l’égard de Loïc Nottet, "un adolescent qui serait devenu une rock star. Il est gentil, créatif, accessible. Très ancré dans la vie de famille, et sur scène, il devient un remarquable performer. Il est humain, respectueux, enthousiaste, et pose sur la mode toute la fraîcheur de sa jeunesse. Comme il bouge beaucoup sur scène, nous avons conçu pour lui des vêtements surdimensionnés pour lui permettre de se mouvoir sans être limité. Des pièces qui correspondent à son univers, qui assurent présence et prestance. Il a choisi de développer avec nous une image épaulée, structurée." Loïc décode sa passion des coupes XL. "Très jeune, j'adorais déjà l'oversize sans savoir ce que c'était. Je plongeais dans l’armoire de mon père, j'enfilais ses vêtements beaucoup trop grands, et je me sentais bien. Je savais bien que ça me donnait une allure décalée, mais c'est ce qui me correspondait. J'ai très vite appris à m'écouter et à suivre mes inspirations. Le fait que cette tendance déferle ensuite sur toute une génération m'a conforté dans mon intuition. Même si j'adore la mode, avec un besoin de peaufiner mon apparence pour l'univers artistique, dans la vie quotidienne, j'ai besoin de simplicité et de retour aux sources. Chez moi, je porte surtout de grands pulls, parfois moches (il rit), la nonchalance vestimentaire me réconforte. J'ai des vêtements doudous qui me rassurent, à la maison, dans ma bulle loin de tout. J’aime dissocier mes univers, revenir à la nature et à la campagne, je peux être différentes personnes, passer du blanc au noir, c’est nécessaire pour équilibrer les différents aspects de ma vie. Natan m'a permis d’accéder à un fantasme, celui de rentrer dans les coulisses, de créer une collection pour accompagner cette nouvelle ère qui s'ouvre pour moi." Qu’on découvrira bientôt, en noir, en Couture et en musique.