Art & Culture

Titanic : l’exposition titanesque, en émotions

Il faut s’immerger dans cette exceptionnelle exposition interactive, observer les objets remontés des fonds, lire et écouter les témoignages originaux, pour réaliser le voyage entre le fantasme et l’édifiante réalité. Inaugurée en mars à Tour & Taxis, "Titanic : l’exposition" nous ramène aux faits et gestes désespérés de l’accident le plus étudié de l’Histoire.

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Equipés d’un audioguide qui distille ses informations factuelles et historiques au rythme de la visite, on embarque pour une épopée à travers des faits avérés, finalement peu connus. Cette exposition à la fois éducative et familiale ouvre le dialogue, interroge sur les leçons de l’Histoire. On découvre, presque recueilli, plus de 260 objets ayant appartenus aux passager – souvent personnellement attribués, puisqu’on apprend même les raisons qui avaient amené ces personnes à entreprendre la traversée. On s’instruit d’une catastrophe insubmersible, qui génère des émotions authentiquement humaines tout au long du parcours dans les espaces reconstitués du bateau. Couloirs desservant les cabines, suites aménagées, salons et mobilier, des dizaines d’éléments sont ici présentés, reconstitués ou d’origine. Même si l’on est familier avec le naufrage le plus traumatique de l’histoire de la navigation moderne, on partage en quelque sorte, par la connaissance, ce à quoi ont pu ressembler les dernières heures des 1 500 passagers qui n’ont jamais rejoint les États-Unis. Et de ceux qui ont été secourus, marqués à jamais par l’écume de cet échec retentissant qui continue de glacer, quatre générations après.

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Des tonnes d’acier et le poids des mémoires

Le 10 avril 1912, le RMS Titanic entamait son périlleux périple depuis Southampton. Réputé "insubmersible", le navire le plus luxueux et le plus innovant de l’époque est entré en collision avec un iceberg le 14 avril 1912 à 23h40. Le 15 avril à 2h20 du matin, dans une eau à température inférieure à zéro degré, cette ville flottante sombrait, entraînant la perte de centaines de vies. S’il avait été dans les premières heures communiqué aux familles que tous les membres de l’équipage et les passagers avaient pu être secouru à temps, la vérité dût vite être annoncée. Les musiciens et les techniciens notamment, payèrent un lourd tribut à la désorganisation de l’évacuation. Sur les panneaux qui balisent le parcours de l’exposition, on peut lire leur parcours, voir leurs visages, écouter l’enregistrement de leurs histoires.

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Un voyage intérieur

Du projet initial de construire le premier titan des mers au naufrage inenvisagé, on suit les réflexions d’une époque avide d’exploits d’ingénierie et de dépassement des horizons. Minute après minute dès le choc initial, victoire de la glace sur le métal, on lit, on vit, le ressenti des passagers, qui ne sont plus tous anonymes. Sur les 700 personnes, principalement des femmes et des enfants, qui ont survécu à la tragédie, certains ont témoigné.

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S’imprégner d’infos vérifiées

Derrière une vitre, on sent vibrer les 260 objets qui ont été remontées du ventre du bateau lors de plongées menées par Paul Henri Nargeolet, explorateur et directeur de la recherche sous-marine pour RMS Titanic, Inc., disparu en juin 2023 lors d’un accident à bord d’une capsule qui tentait de rejoindre le Titanic. Sur plus de 1 500 m² distribuées en 10 salles chronologiques et thématiques, l’exposition rend hommage à son minutieux travail de restitution. Face à un sifflet de cheminée (de la taille d’un grand fût métallique), on apprend que deux de ces systèmes d’alerte étaient simplement décoratifs. Que si le nombre de canaux de sauvetages étaient insuffisant, de nombreuses vies auraient pu être sauvées si chacun avait dès le départ pris la mesure de la catastrophe dont les calles se remplissaient. Que contrairement à la dramaturgie du film de James Cameron, les 3èmes classes n’ont pas été empêchés de monter à bord des chaloupes ; ils étaient cependant logés plus loin sur le navire. Que ces mêmes 3èmes classes bénéficiaient de bonnes conditions de voyage, défiant les clichés, puisque leurs tickets rapportaient de l’argent à la compagnie White Line, qui devait soigner toute sa clientèle. On peut lire le détail des menus servis, observer de près les supports à savonnettes, sentir même des parfums appartenant à un passager, et qui ont miraculeusement été conservés.

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Les faits révélés

Les amateurs de chiffres sauront tout sur le bateau : ses dimensions, son poids et ses démesures. Le prix du billet de Première (de 2 500 $ la suite, soit environ 73 000 $ actuels ; avec un pont de promenade privé : 4 500 $ de 1912, plus de 131 000 $ de 2022), et le coût des chambres communes de troisième classes, 40 $, environ 1 170 $ aujourd’hui. On apprend que même si les 20 canots de sauvetage avaient été remplis – ce qui n’était pas le cas, notamment parce qu’au début, il y a eu des sceptiques et des optimistes mal avisés - il n’aurait pas été possible de secourir les presque 1 200 personnes embarquées à bord du Titanic. Avant cette catastrophe du Titanic, on pensait que la présence d’un grand nombre de canots de sauvetage donnait une impression de précarité, de la même façon que dans les années 1950, les constructeurs automobiles étaient réticents à installer des ceintures de sécurité, pour ne pas donner l’impression que leurs véhicules n’étaient pas sûrs. Enfin, dans la dernière partie de l’exposition, face à une reproduction de l’iceberg émaillé d’empreintes de mains (on touchait la glace par curiosité), on apprend que c’est l’hypothermie qui a emporté la plupart des victimes.

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Le Titanic aujourd’hui

L’épave, découverte en 1985, repose à 4 km sous la surface de l’océan, à 1 550 kilomètres au nord- est de New York et à 729 kilomètres au sud-est des côtes de Terre-Neuve. Il est impossible de la déplacer, notamment en raison de sa fragilité. Si l’exposition révèle des pièces intactes de vaisselle, le mobilier a quant à lui disparu, grignoté par l’eau, les bactéries et le temps, depuis longtemps. On débarque de l’exposition touché, plus d’un siècle plus tard, par le récit de ces 2h40 qui font encore couler les cœurs.  

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Titanic, l'exposition, depuis le 15 mars 2024 à Tour & Taxis, 86C Avenue du Port, 1000 Bruxelles.

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