Art & Culture

"Moonage Daydream" : faut-il voir ce nouveau documentaire consacré à David Bowie ?

Un documentaire salue maladroitement le génie protéiforme du chanteur anglais, six ans après sa disparition.

"Comment fait Mick Jagger, à son âge, pour chanter Brown Sugar soir après soir ? Moi ça m’ennuierait à mourir" déclara un jour David Bowie. On ne saurait mieux résumer la carrière de l’Anglais : toujours en mouvement, fuyant toute formule et l’ennui de la routine, en quête incessante d’aventures, de sons nouveaux, d’ailleurs créatifs. Ces derniers temps, entre les films consacrés au Velvet Underground par Todd Haynes et aux Beatles par Peter Jackson, nous étions désormais  habitué-e-s à l’excellence, à l’intelligence de leurs points de vue et de leurs partis pris artistiques. C’est précisément tout ce qui fait défaut à Moonage Daydream : un regard de cinéaste.

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© Universal
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Pourtant, la trajectoire de son sujet offrait une matière stimulante : infiniment curieux de toutes les formes d’art, attentif à l’avant-garde, s’inventant au gré des époques des personnages - Ziggy Stardust, The Thin White Duke -, maîtrisant comme peu l’art de la présence et l’absence médiatiques, son goût pour la théâtralité, lucide comme peu sur l’avenir de l’industrie musicale (dès le début des années 2000, il prédisait que la musique, avec l’avènement d’internet, deviendrait aussi aisément disponible que "l’électricité ou l’eau courante"). Bref, il y avait de quoi construire un sensationnel documentaire, d’autant que la plupart de ses partenaires créatifs historiques (Brian Eno, Iggy Pop, Mike Garson, Carlos Alomar, Tony Visconti, Reeves Gabrels) sont encore de ce monde. Au lieu de quoi, sur fond d’images d’archives principalement issues de la tournée de l’époque Ziggy Stardust, l’on entend quelques commentaires de Bowie, pas inintéressants, mais sans aucune mise en perspective, aucun écho fécond. Le montage, épuisant d’incohérence, saute d’ère en ère, mais sans logique narrative ou thématique. On reste également pantois que la dernière séquence de sa vie, soigneusement réfléchie comme les précédentes, tout en effacement - à l’exception de trois apparitions scéniques, toutes à vocation caritative - et qui le verra publier deux albums passionnants, "The Next Day" et surtout l’ultime "Blackstar", soit totalement passée sous silence. Il mit en scène, en une dramaturgie bouleversante, son effacement ultime en un sublime feu d’artifices créatif. Pour espérer connaître David Bowie, ou ce qu’il a bien voulu montrer au monde, il suffira finalement de l’écouter, des premiers balbutiements folk jusqu’au funèbre bouquet final. 

Un film de Brett Morgen. En salles le 21 septembre.

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MOONAGE DAYDREAM – Official Teaser Trailer (Universal Pictures) HD

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