Marina Abramović : une rétrospective exceptionnelle de l'artiste arrive à Londres

Conçue en étroite collaboration avec l’artiste, cette exposition mettra en lumière la vaste étendue de son œuvre, de la photographie à la vidéo, en passant par les objets et les installations. Quatre des performances les plus connues d'Abramović seront aussi rejouées dans les galeries de la Royal Academy par des personnes choisies et formées par le Marina Abramović Institute. Flash-back.

Une artiste hors norme

Formée à la peinture à l’Académie des Beaux-Arts de Belgrade, Marina Abramović se tourne dès les années 1970 vers l’art de la performance. Elle se soumet dès lors à un principe qui régira toute son œuvre : la ritualisation des actes du quotidien par le biais de la répétition et l’endurance. Pionnière dans l’utilisation du corps humain dans l’art, elle n’a de cesse de repousser les limites de sa propre tolérance physique et mentale, naviguant entre la sphère intime et publique, le conceptuel et l’existentiel, le physique et le spirituel. Dans les années 1975-1988, elle collabore avec son compagnon de l’époque, l’artiste allemand Ulay. Ensemble, ils explorent la dualité féminine et masculine. Dès 1989, Abramović reprend ses performances en solo; elles s’avèrent révolutionnaires en matière de création d'objets performatifs et de performances filmées mais aussi dans la manière avec laquelle l’artiste implique le public. Pour la performance The House with Ocean View, Abramović a par exemple vécu douze jours dans une "maison" composée de trois pièces au sein de la Sean Kelly Gallery à New York. Ne buvant que de l’eau, elle a ritualisé toutes les actions de son quotidien. Le public pouvait venir la voir, à condition de ne pas lui parler et de partager avec elle son énergie. Une expérience parmi tant d’autres qu’il sera possible de vivre grâce à cette rétrospective unique.

Rétrospective

Créer a toujours été un mode de vie pour Marina Abramović qui a fait de son corps sa matière première. Elle a par ailleurs toujours été fascinée par le fait que dans plusieurs cultures, les épreuves d’endurance intense peuvent conduire à une sorte d’épiphanie, transcendant nos limites physiques… C’est pour illustrer cela que la première salle de l’exposition, intitulée Public Participation, présentera deux œuvres célèbres, réalisées à 45 ans d’écart et montrant comment l’interaction d’Abramović avec le public a évolué au fil du temps : de la confrontation physique dans Rhythm 0 (1975) à l’immobile quiétude dans The Artist is Present (2010). La section suivante, The Communist Body soulignera l’impact qu’ont eu sur l'œuvre de l’artiste sa vie en ex-Yougoslavie et les idéaux communistes. Cette partie de l’exposition comprendra Rhythm 5 (1974) et The Hero (2001). Dans Body Limits, on retrouvera des performances clés du début de la carrière d’Abramović, présentées sous forme de vidéos ou de photos. Certaines illustrent l’utilisation que l’artiste fait de son corps et son endurance physique, d’autres montrent sa quête vers la transcendance. Parmi ces œuvres figurent la performance Imponderabilia (1977) et des œuvres réalisées avec Ulay, explorant les relations humaines. L’exposition se poursuivra avec la section Absence of the Body, consacrée à des œuvres inspirées par la rupture entre Abramović et Ulay. The Lovers, The Great Wall Walk (1988), met ainsi en scène une séparation ritualisée : les artistes s’éloignent l’un de l’autre en marchant vers deux extrémités opposées de la Grande Muraille de Chine. Au terme d’une marche de 90 jours, ils se retrouvent brièvement, avant de continuer leur chemin séparément. Les dernières salles de l’exposition se pencheront sur l'expérience "transformatrice" que représente la performance, en faisant le lien avec diverses traditions spirituelles.

Une exposition à voir absolument du samedi 23 septembre 2023 au lundi 1er janvier 2024. Les réservations sont grandement recommandées et peuvent s'effectuer en ligne (royalacademy.org.uk).