Comment les festivals à taille humaine réinventent l'expérience en Belgique ?
Aujourd'hui, le festivalier belge accueille ce genre de propositions artistiques sans ciller. Notre pays compte de plus en plus de festivals qui proposent une expérience globale, assortie de dress codes, installations artistiques (NFT) et concepts culinaires. On pense à Horst, mais aussi à Wecandance, Paradise City, Voodoo Village et Fire Is Gold, ou encore à de nouveaux venus comme Doel et Core. Le dénominateur commun de ces boutiques-festivals ? Leur taille délibérément réduite, l'accent mis sur le local et une expérience qui va au-delà de la musique.
Dress codes
Wecandance, l'enfant terrible des festivals en matière de concepts créatifs et de codes vestimentaires, aime déjouer les attentes des festivaliers. “C'est l’occasion rêvée pour s'exprimer, notamment sur le thème de cette année : Just An Illusion. Inspirés par les couleurs et les imprimés hypnotiques repérés lors des semaines de la mode de Paris en septembre dernier, nous invitons les visiteurs à s'habiller de manière psychédélique”, explique Laura Praet, directrice artistique de Wecandance. “Depuis le lancement de notre festival, nous avons été parmi les premiers à proposer, sans l’imposer, un code vestimentaire. Certaines personnes agrémentent leur tenue d’une touche subtile, d'autres se prennent totalement au jeu. Après les deux dernières années de pause, je pense que tout le monde va se donner à fond cet été.” Semer la confusion dans l’esprit du public, voilà exactement ce qu'elle recherche. “Nous voulons donner une illusion psychédélique. Nous comptons vraiment surprendre les visiteurs ! Cette année, le film Fantastic Fungi de Netflix, qui aborde le monde magique des champignons, a également joué un rôle important dans le choix du thème. Tout ça peut sembler un peu dingue, mais c’est à l’image du monde actuel.”
Festival 2.0
Evelien de Lint, responsable de la communication de Wecandance, parle de l'évolution du terme “festival” et de son optimisme concernant les festivals belges de cet été. “À l’origine, un festival était associé à un bon concert et une bière tiède dans un gobelet en plastique. Les attentes des visiteurs sont désormais plus élevées. La musique reste un pilier important, mais les festivaliers recherchent aussi des expériences à tous les niveaux. Ils veulent éviter les longues files d'attente, garer leur voiture en toute sécurité, être bien installé, boire et manger de bonnes choses. Force est de constater que l'offre est importante : jamais autant d'événements n’ont été organisés que cet été. Le fait que ces différents festivals s'étalent sur plusieurs week-ends démontre une volonté de la part du secteur et un besoin des visiteurs. Je pense que beaucoup de gens vont devoir faire des choix.” Toutefois, alors que par le passé, tout était centré sur les groupes et les DJ sur scène, aujourd'hui, les appareils photo des smartphones sont également dirigées sur le public. Les festivaliers s'habillent en fonction d’un thème ou s'adaptent aux artistes programmés. Exit le pantalon en toile et les bottes en caoutchouc au profit d’une maille en crochet au-dessus d’un jeans taille basse et d’une jolie paire de tongs. Laura Praet : “Nous observons une tendance générale qui accorde une place prépondérante à l’expression de soi. Cette année, en plus des tenues, nous espérons voir des coiffures, des looks make-up et des manucures qui sortent des sentiers battus.”
Plus inclusifs
Loin de se borner à établir une programmation musicale, les festivals 2.0 créent une identité propre, en immergeant le public dans la beauté brute d’un environnement naturel. À l’instar de Wecandance sur la plage de Zeebrugge, avec à la clé le spectacle d'un coucher de soleil coloré en bord de mer. Le Core Festival, fruit de l'union entre Tomorrowland et Rock Werchter, s'est déroulé sur deux jours dans le parc d’Osseghem, situé en plein Bruxelles, au pied de l'Atomium. Si les Ardentes investissent une nouvelle implantation, elles continueront de proposer un ensemble d'installations artistiques, sonores et lumineuses qui stimulent tous les sens, en ce compris le goût puisque, comme à l’accoutumée, une délicieuse expérience gastronomique figure aussi au programme. Des festivals également plus accessibles. “Auparavant, le côté pieds dans la boue des festivals rebutait pas mal de gens. Mais ce n'est plus le cas et ils sont aujourd'hui accessibles au plus grand nombre”, déclare Laura, comparant la situation actuelle à celle d’il y a dix ans. Et Kim d’ajouter : “Le public est plus diversifié, notamment grâce à une offre variée de styles de musique. Par ailleurs, on remarque que les festivaliers ont évolué en même temps que les festivals et reflètent davantage la société.” L’aspect niche a permis aux festivaliers de partager des intérêts communs et d'être plus proches les uns des autres. Ils se sentent plus liés à un lieu, ce qui les incite à rééditer l’expérience d’année en année.
Talents locaux
Un des dénominateurs communs des festivals d'expérience cet été semble être le savant mélange entre des noms internationaux établis et des talents locaux émergents. “Ça semble devenir la norme dans le secteur. Notre pays est très fort en termes de festivals et, souvent, ceux-ci comptent plusieurs scènes. Dour, par exemple, dure sept jours et Wecandance s’étale cette année sur deux week-ends, avec 140 noms. Pour faire vivre ces scènes, il faut aussi intégrer des talents locaux. La Belgique a toujours été un pays modeste. Désormais, nous devons faire davantage preuve de chauvinisme et mettre en avant nos propres talents. Quel que soit le secteur créatif, c’est un élément qui devient de plus en plus important.” En outre, l’attrait d’un festival n’est plus forcément lié à une affiche truffée de grands noms internationaux.
Aperçu
Hâte d’enfiler une tenue de festival extravagante, déambuler parmi des installations artistiques fascinantes et danser sur la musique d'artistes locaux et étrangers dont la renommée n'est plus à faire ? Voici la sélection des festivals de niche de 2022 concoctée par notre rédaction. De quoi passer un été festif et belge, ponctué d'art, de gastronomie et de musique.