Cannes 2023 : pourquoi Michael Douglas méritait une Palme d'or d'honneur ?
A 78 ans, le fils d’une légende du cinéma s’est fait bien plus qu’un prénom : une carrière impeccable.
Il fallait de l’audace, de l’inconscience, être habité par la certitude de son don, ou les trois, pour suivre les pas de Kirk Douglas, un des plus grands acteurs de l’histoire du cinéma, ayant tourné avec les meilleurs, dans des films qui auront marqué le septième art pour l’éternité. Michael, peut-être selon le principe de l’acte manqué, a tardé à mettre sa carrière sur les bons rails, en refusant de tourner dans le carton de 1970, Love Story - le rôle ira à Ryan O’Neal, dont l’on se souviendra surtout pour Barry Lyndon. C’est le feuilleton Les Rues de San Francisco, diffusé entre 1972 et 1976 - qui fera de lui une vedette. Mais son véritable coup de génie, c’est d’avoir produit Vol au-dessus d’un nid de coucou en 1975 : 100 millions de recettes, alors que le budget s’élevait à 4 millions… Dans les années 80, il est absolument incontournable : A la poursuite du diamant vert et sa suite Le diamant du Nil, Liaison fatale, Wall Street, Black Rain et enfin La Guerre des Roses l’installent au firmament d’Hollywood. Avec Tom Cruise, il est l'acteur des années 80 au point d'en être le symbole ultime. Les décennies suivantes confirmeront que son talent n’a plus besoin de se justifier par l’évocation de sa glorieuse ascendance. Attentif aux nouvelles générations, il tourne avec David Fincher (The Game), Curtis Hanson (Wonder Boys), Steven Soderbergh (Traffic, Ma Vie avec Liberace) - et bien sûr Basic Instinct. S’il privilégie souvent les films d’auteurs, sa popularité lui vaut de rejoindre en 2018 l’univers Marvel et la franchise Ant-Man. Que retenir de son parcours ? Une présence rare, magnétique, sexy, ambiguë, avec un sens du comique confirmé par la récente série (méconnue, mais à voir) The Kominsky Method, pour Netflix. Et un certain goût pour les personnages naviguant en eaux troubles, pas nécessairement aimables - les plus intéressants à jouer, jure-t-il. Entre comédies romantiques, films d'aventures, thrillers, biopics, il a adopté patiemment une démarche singulière. S’il n’a pas accroché à sa filmographie les plus grands noms de son époque, c’est, peut-être, parce qu’il a traversé les années avec une certaine désinvolture cool, celle d’un homme au talent incontestable, passé près de la mort, ayant traversé une vie conjugale turbulente. La vie d’un artiste qui a su s’émanciper d’une ombre pesante pour s’inventer un destin propre. Et rien pour cela, il méritait bien cette Palme d’or d’honneur.
