Quels sont les chalets les plus luxes des alpes françaises ?
Accrochées comme des trophées à la façade en bois foncé du chalet principal, une tribu de têtes de cerfs orne la bâtisse. Il fallait bien un grand mammifère herbivore de cette envergure pour incarner la majesté des lieux. Bienvenue aux chalets du Mont D’Arbois. Après plusieurs mois de travaux et un investissement de 10 millions d’euros, l’établissement 5 étoiles, propriété de la famille Rothschild, a réouvert le 13 décembre passant sous le label Four Seasons. Rappelons que c’est Noémie de Rothschild, épouse du Baron Maurice, qui, au début des années 1920 donne à son moniteur de ski et fin connaisseur de la région, Monsieur Smith, le mandat d’identifier un lieu idéal, alternative a Saint-Moritz, où elle ne souhaite plus se rendre. Smith lui suggère Megève ou Val d’Isère. Noémie préfère les pentes douces, la facilité d’accès, l’ensoleillement incomparable de Megève. Dans la foulée, la Baronne créée la Société Françaises des Hotels de Montagnes et lance à Megève la construction de l’hôtel Mont d’Arbois et d’un golf. Succès incontestable. Au fil du temps, de nombreux films sont tournés des Liaisons dangereuses de Vadim à Charade, avec Audrey Hepburn et Carry Grant. Jean Cocteau, Charles Aznavour fréquentent la station. Jacques Revaux y compose en 1967 "For me" devenu "Comme d’habitude." Romy Schneider, Alain Delon sont conviés à la "Fête des Cent Heures du Mont d’Arbois" évènement crée par Edmond de Rothschild pour réunir les cents personnalités qui reflètent le mieux la grandeur de Megève. Benjamin, fils d’Edmond de Rothschild et Ariane, son épouse reprennent le flambeau. Ensemble ils développent de nouvelles prestations de luxe et n’hésitent pas à confier à un jeune chef de 26 ans les commandes du restaurant gastronomique du Domaine du Mont d’Arbois, en 2012. Julien Gatillon relève le challenge avec brio puisqu’il est récompensé de deux étoiles au Guide Michelin en 2016.
Cet hiver, nouveau cap pour la station. En décembre 2017, Ariane de Rothschild disait : "Notre longue histoire à Megève nous a toujours poussé a nous engager pour développer davantage le village. Nous sommes ravis de former un partenariat avec Four Seasons pour apporter une nouvelle dimension a cette station d’hiver emblématique." Une belle manière pour le géant de l’hôtellerie canadien de renforcer son offre à Megève. En installant ces chalets plus cosy et confidentiels, c’est une autre clientèle tout aussi exigeante mais plus bohème qui est visée. Quand l’Hôtel joue la carte de l’over luxe, les chalets eux s’amusent avec un luxe plus gipsy encore plus cocooning. A l’hôtel les maxi totems de l’artiste chinois Wang Keping, qui trônent dans le hall d’entrée, accueillent les résidents avec solennité. Four Seasons Hôtels and Ressort a compris que l’espace et sa mise en scène sont l’essence même du luxe d’aujourd’hui. Que ce soit dans la campagne du nord de la Thaïlande ou au cœur des Alpes françaises. Au Spa La Prairie (le plus grand des alpes françaises), même folie des grandeurs : 900 mètres carré rien que pour nous. La Suite du Mont d’Arbois, la plus grande de l’établissement, une fois privatisée peut accueillir une famille entière. On s’arrête net sur son dressing à faire pâlir d’envie la Carrie Bradshaw qui sommeille en nous. Quant aux deux restaurants, ils sont aussi succulents que VIP. D’un côté le 1920, clin d’œil à la création de la Station, ses deux étoiles, sa cave labyrinthique, et son chef star Julien Gatillon, de l’autre Kaïto japonais de fusion panasiatique, unique dans la région. Saveurs garanties. Antichambre du 1920, le bar Edmond. On y sirote un Moscow Mule sous les suspensions "nuages" en verre soufflé signées Jeremy Maxwell, découverte d’Ariane de Rothschild. Mécènes de leur temps, Benjamin et Ariane préservent l’héritage familial en encourageant la création (Thierry Bruet, Gilles Chabier…). L’art est partout, dans les couloirs, les chambres de l’hôtel, la cave a vin jusqu’aux Chalets du Mont d’Arbois.
La décoration des trois chalets, Eve, Alice, Noémie, des prénoms des trois premières filles du couple, a été confiée à Thierry Curty sous la direction artistique d’un habitué de la maison Pierre-Yves Rochon. Trophées de chasse, collection de cannes et de pipes du Baron Edmond croisent des œuvres plus contemporaines. Chaque chalet possède sa propre personnalité : si Eve (acquis en 1960) est teinté d’une élégance plutôt traditionnelle, Noémie (construit en 1927) est lui un savant équilibre entre luxe et raffinement (d’audacieux tartans apportent chaleur et élégance), tandis qu’Alice (dernier né puisque construit en 2005) dégage une atmosphère clairement plus bohème. 41 chambres au total (dont 8 suites) dans lesquels on retrouve les codes des chalets alpins, fenêtres à petits bois, poutres anciennes, vieux bois de sapin et d’épicéa, pierre brute et tissus de montage. Toutes sont un appel à la détente.
L’équipe très jeune mais très pro, souriante et dévouée, accueillante et aux petits soins est prête à tout pour satisfaire ses hôtes. Que ce soit au kids club, ou l’enfant est roi, ou sur les pistes tout est fait pour que chaque moment soit unique. Comme embarquer à bord de l’hélicoptère pour un ski Safari à la découverte du massif du Mont Blanc ou assister au lever du soleil sur les chaines de montagnes des Aravis en montgolfière.
Au restaurant Prima, situé dans le chalet Eve, le sommelier raconte les vins et s’enflamme au récit des histoires de la famille Rothschild et de ses 500 hectares de vignes répartis dans le Bordelais, en nouvelle Zélande, en Argentine, dans le Rioja en Espagne et en Afrique du Sud. Il faut se laisser tenter et faire confiance. Craquer pour les chips de polenta parfumée à l’huile de sapin. Goûter aux mets originaux et précis (salade hivernale à la ache de montagne et oxalys, consommé lacté à la betterave Golden, ou carré d’agneau de lait des hautes -Alpes cuit au sautoir, choux plume vivifié au pomélo et racine de gentiane Avaline…) du jeune chef Nicolas Hensinger, une étoile au Guide Michelin. Le pain au levain est fait maison. Les desserts nous font déguster des légumes inhabituels, comme la glace au topinambour avec granité de clémentine. Un accord peu sucré et franchement rafraîchissant. Au spa by Bamford, marque anglaise 98% vegan, le sauna situé a l’extérieur nous met en connexion directe avec la nature. Un plongeon dans la piscine, elle aussi extérieure, et pour terminer une tisane de gingembre et citron dans le bassin intérieur. A suivre, cours de yoga, watsu, woga dans l’eau mais aussi massage de grande qualité. Pour parfaire le rêve ne reste plus qu’à faire un tour à la boutique ouverte par la maison Aallard, institution fondée en 1926 et à s’offrir un fuseau aux lignes contemporaines. Un petit snobisme.