5 bonnes raisons de voir "Wonder Boy", le film sur Olivier Rousteing
Pour pleurer avec Olivier Rousteing
Tout ce que l'on voit dans ce film se passe au moment T. On est avec lui dans chaque découverte, dans ses moments personnels et dans sa vie. Si le documentaire peut souffrir d’une construction un peu classique et peut être légèrement binaire, il est aussi d'une grande sensibilité et d'une grande jubilation. Sa principale qualité repose sur la franchise de son protagoniste. Et au fait qu'il joue le jeu tout le long. Lorsqu'il parle avec son chauffeur, sorte de confident psy. Mais aussi lorsqu'il témoigne face caméra, ou qu'il craque et n'économise pas ses larmes en apprenant qui sont ses parents. On suit le voyage de ce jeune homme qui se bat pour "briser son karma."
Pour être au cœur de l'adrénaline des défilés et de la folie de la mode
Bande son jubilatoire très frenchy 80s, flash, fitting et défilés, le film oscille entre moments intimes de confessions et sphère de création. Mode excessive, mannequins ultra glam’… On voit un jeune homme travailleur acharné, hyper exigeant, pour qui réseaux sociaux et star system sont totalement digérés et intégrés. Deux mondes aux antipodes qui forment les deux univers d’Olivier. Et qui témoignent de la success-story 2.0 d’Olivier Rousteing, dans un monde où la bourgeoisie blanche règne sans partage. Le film dresse le portrait de celui qui a su imposer la diversité et le métissage au sein de ses équipes et de ses collections.
Parce que paillettes, glamour et succès ne garantissent pas forcément le bonheur
En 1h39 on découvre l'histoire d'un jeune homme pour qui le succès n'est pas une sinécure. Adulé sur les réseaux sociaux, côtoyant les plus belles et les plus famous girls du globe, Juliette Binoche, Jennifer Lopez, Cindy Crawford ou Kim Kardashian font partie de sa Balmain Army. Et pourtant. Même s'il dort dans les plus beaux hôtels du monde et vit dans un appartement que l'on imagine grandiose (quelques scènes du film en délivre certaines pièces et recoins), Olivier Rousteing directeur artistique de la maison Balmain avoue une grande solitude. Et c'est effectivement cette solitude qui donne le goût un peu triste, mais aussi très sensible à ce documentaire réussi et touchant.
Car Olivier Rousteing a le courage de se mettre à nu et de tomber les masques
S'il est le plus jeune couturier à avoir pris les rênes, à 25 ans, d’une maison de mode légendaire depuis Yves Saint Laurent, et qu'il se montre heureux, souriant, fier et joyeux c'est aussi un jeune homme pensif, inquiet, songeur, d'une grande intelligence émotionnelle qui se dévoile peu à peu sous nos yeux. Pour l'avoir interviewé à plusieurs reprises, on connaissait cette partie plus cachée, plus intime. Mais dans ce film, Olivier Rousteing a le courage, car il en faut, de se mettre a nu, de dévoiler son histoire et de révéler ses failles. Notamment lorsqu’il dit souffrir de ne ressembler à personne. Ou que petit garçon, il avait l'angoisse de ne pas être à la hauteur et que ses parents adoptifs, couples bordelais blancs, le rendent à l’orphelinat. Né sous X, info qu'il n'a jamais caché, il entreprend dans ce film la démarche de partir à la recherche de ses parents biologiques. On le voit au téléphone avec des personnes de la DDASS, attendant nerveusement que son dossier soit rapatrier pour enfin connaître un peu de ses racines. Il fume cigarettes sur cigarettes. Il veut comprendre d'où il vient. Même si ses parents adoptifs, incroyables, et ses grands-parents, bouleversants de douceur et de gentillesse - une scène du film en particulier illustre leur complicité tendren- l’ont baigné d'amour. Oliver le redit d'ailleurs tout au long du film, il lui manque quelque chose pour se sentir une personne "normale."
Parce qu'on touche à la complexité d'être né sous X
On comprend pourquoi lorsque nous l'avons interviewé à plusieurs reprises, on sentait cette puissance, cette volonté, cette énergie surhumaine et ce contrôle presque paralysants. Il avoue "je suis à un âge où je devrais me lâcher." Mais on voit un jeune homme sous pression permanente, pétrie de souffrance, pleurant à chaudes larmes lorsqu’enfin sa référente de la DDASS lui donne des informations sur sa mère est son père. Sa mère avait 14 ans lorsqu'elle est tombée enceinte, alors que son père en avait 25. On pleure avec lui, on rit, on vibre, on souffre. A travers l'histoire de ce Wonder Boy, c'est aussi la question de la naissance sous X qui se pose. On réalise que cela peut être une force, quand on a cette puissance comme lui de résilience mais aussi un profond traumatisme. Il dit "ne sachant pas pourquoi je suis né, j'essaie de me prouver constamment que je mérite d’exister." On réalise aussi que ce film a changé la vie d'Olivier, sa façon d'être, et de se présenter au monde. Il semble aujourd'hui plus libre, et plus en accord avec ce qu'il est. Il a compris que pour envisager le futur, il fallait avant tout comprendre le passé. C'est ce qu'il fait sous nos yeux. Ce documentaire permettra comme le souhaite sa réalisatrice a chacun de se faire une opinion sur la question de la naissance sous X et de continuer ou non à institutionnaliser le secret.
"Wonder Boy", en salle française le 27 novembre.