Marie Adam-Leenaerdt : la nouvelle créatrice belge à suivre de près en 2024
À 27 ans, la jeune créatrice Marie Adam-Leenaerdt a déjà défilé deux fois à Paris et diffuse ses collections dans les meilleures vitrines. Fidèle au décalage ancré de l’École belge, elle développe des pièces interprétables et narratives, sexys aussi.
Marie Adam-Leenaerdt a fondé en janvier 2022 sa marque éponyme, synonyme d’épure sensuelle et fruit d’une réflexion sur l’intemporalité, son trait est moderne. La jeune femme, qui est revenue installer son studio de création à Bruxelles après un stage chez Balenciaga - elle a décliné le contrat proposé par la prestigieuse maison pour revenir à ses racines et développer son identité propre ("Il y a tellement de talents en Belgique qu'il faut y soutenir le savoir-faire, aider les entreprises à se pérenniser") – puis elle a consacré un an à construire ses collections. Sa signature se fonde sur les niveaux de lecture d’une même pièce, sur le détournement de designs connus pour réinventer de nouveaux objets de mode. Les acheteurs des boutiques phares de l’avant-garde l’ont tout de suite plébiscitée : Marie dispose déjà d'une quinzaine de points de vente entre le Japon, Chicago, Zurich, Dover Street Market à New York et à Londres, au Liban, à Bruxelles chez Stijl et à Anvers chez Louis. Elle est disponible en ligne sur Net-A-Porter, Matches, Ssense, Bergdorf Goodman. Marie travaille encore seule pour l'instant, mais collabore avec beaucoup d'artisans, notamment pour le développement des accessoires, sacs et chaussures. Les souliers sont fabriqués en Italie, de même que les sacs, prototypés en Belgique. À chaque collection, elle se lance un défi, fixe un nouveau domaine à explorer, initie un apprentissage par le faire. "Pour le printemps prochain, j'ai créé une ligne de maillots de bain en collaboration avec la société belge Van de Velde. L'hiver prochain, je développerai une ligne de maille. Je produis autant que possible en Belgique, dans la mesure où des ateliers de fabrication sont disponibles." Marie a lancé sa marque grâce à son soutien familial et un mentorat pour le développement de Dimitri Jeurissen, le fondateur de Base Design, séduit par la richesse de son travail.
Modernité polymorphe
Lors du défilé ses pièces printemps-été 2024, déjà en boutiques, étaient présentées sur des mannequins aux épaules croquées par le soleil. Si cet échauffement de la peau était le fruit d’un maquillage, le frisson parmi les spectateurs, essentiellement des professionnels de la mode, était authentique et tout aussi brûlant. "J’ai abordé cette collection avec un esprit plein été, en reprenant des codes explicites des vacances comme les imprimés balnéaires, les sacs parasols et les robes piscine en soie, avec des liens de serrage et des ceintures intérieures, pour les interpréter selon l'inspiration de l'instant. J’ai créé en quelque sorte dix robes en une, qu’on peut porter dos devant, souple ou ajustée. Elle est explicitement conçue pour qu’on puisse se l'approprier, c'est à chaque fois un vêtement différent." Avec des pièces modulables, on entretient le désir, à l'instar des chaussures dézippables ou du trench que l'on peut porter très large ou cintré. Cette variété d'identité qui donne de la richesse à chaque pièce lui confère aussi plus de vie et, fondamentalement, une durabilité choisie. "La personne qui adopte la collection fait sa propre procuration." Les pièces sont numérotées, les éditions datées, comme du design de mobilier. Pour l'instant, Marie Adam-Leenaerdt ambitionne de cultiver une marque à taille humaine, mais perçoit déjà qu'elle aura besoin d’être bien entourée, parce qu'elle risque vite d'être débordée. Plus tard, elle n'exclut pas de se consacrer au design ou d'ouvrir un restaurant. "C'est pour ça qu'il est important pour moi de concevoir des accessoires, pour varier les apprentissages et réfléchir à l'écosystème de la mode, perturber les choses établies." L'expression de sa créativité peut, elle aussi, prendre plusieurs formes.