Helena est en cover du nouveau numéro Spécial Mode de L'OFFICIEL Belgique
Révélée au grand public par la Star Academy, Helena n’a pas tardé à se frayer un chemin sur la scène musicale francophone. Avec son premier album, sobrement intitulé "Hélé", l’artiste belge impose son univers singulier, entre récits intimes et hymnes engagés, en cover du nouveau numéro Spécial Mode de L'OFFICIEL Belgique. Le 3 avril en kiosque.
Photographe : Laura Lacourt
Stylisme : Sabah Mesbahi
Production : Jade Dierckx & Céline Pécheux
Coiffure : Jevan Barwari pour Dessange
Maquillage : Mary Corbeel
Assistante stylisme : Sarah Azmani
Lumières : Pablo Kharroubi
Lieu : La Fabrique 22A
À l’occasion de la (très attendue) sortie de son premier album "Hélé", Helena se dévoile en couverture de L’OFFICIEL Belgique, dans un shooting où elle affirme encore un peu plus son identité artistique et stylistique. De la genèse de cet album aux choix esthétiques qui l’accompagnent - trois covers soigneusement pensées, dont une en hommage à sa grand- mère -, la chanteuse prouve qu’elle maîtrise autant sa narration musicale que son image. Après avoir captivé avec des titres comme "Summer Body" et "Mauvais Garçon", elle transforme l’essai avec un projet personnel et audacieux, façonné avec minutie. Rencontre avec une artiste qui fait rimer sincérité et modernité.
L'OFFICIEL : À quel moment as-tu su que ton album était prêt ?
HELENA BAILLY : Je suis allée en studio très peu de temps après ma sortie de la Star Academy. J’ai écrit tout l’album avec un auteur- compositeur, Vincha (Grand Corps Malade, Styleto, Barbara Pravi), qui m’a été proposé par ma maison de disques, et avec qui ça a matché artistiquement et humainement. On a toujours commencé par le texte, les thématiques. J’arrivais avec une idée et on construisait la chanson à partir de là. Ensuite, on allait au studio avec Romain Botti et Jonathan Cagne. Cet album, on l’a fait à quatre. On a fait un tri parmi les 15 chansons qu’on avait. Tout s’est fait très vite, sans pression ni stress.
L'O : Tu as choisi d’avoir plusieurs covers pour cet album, dont une inspirée de la voiture de ta grand-mère. Peux-tu nous en dire plus sur cette histoire et pourquoi c’était important pour toi ?
HB : Dans la chanson Bonne maman, je parle de sa fameuse voiture qui, à mes yeux, est vraiment emblématique. C’est une vieille voiture que je trouvais trop stylée. Mon frère, qui travaille avec moi sur la direction artistique et l’image, a eu l’idée de l’utiliser. Ce n’est évidemment pas la sienne, car elle a été revendue, mais c’est exactement le même modèle. Ça nous a fait bizarre de la voir avec nous sur un shooting, dans un studio ! Cette cover est directement liée à Bonne maman, mais aussi à Tout gâcher, qui parle de l’alcool au volant, et elle a un côté un peu badass qui correspond bien à Mauvais Garçon. Ma grand-mère était une personne incroyable et j’aurais adoré que les gens la connaissent. C’était important pour moi de lui rendre hommage, mais sans tristesse, juste en racontant son histoire avec tendresse.
"Ayant traversé des périodes difficiles où j'aurais tout donné pour perdre du poids, je peux comprendre cette obsession."
L'O : Tes titres comme Summer Body et Mauvais Garçon sont très engagés. Qu’est-ce qui t’a poussée à aborder ces thèmes ?
HB : Honnêtement, je n’ai jamais écrit en me disant que je voulais être une artiste engagée. Mon seul objectif, c’est de raconter ma vie. Summer Body, par exemple, est né d’un ressenti très personnel. À l’approche de l’été, je ressens toujours cette pression de devoir perdre du poids pour me sentir bien sur la plage. C’est quelque chose qui me touche depuis longtemps, alors j’ai eu envie de le mettre en chanson. Mauvais Garçon, c’est une autre histoire, un événement qui a eu un vrai impact sur moi. Je devais en parler, c’était presque une nécessité. J’écris avant tout pour moi, pour mettre des mots sur ce que je ressens, et si ça résonne chez d’autres, tant mieux. Je ne prétends pas détenir la vérité ou être experte sur ces sujets, je partage juste mon vécu. Chacun est libre d’interpréter les chansons à sa façon.
L'O : Avec l’Ozempic qui a pris le pouvoir, le mouvement du bodypositive s’essouffle énormément ces dernières années. Qu’est-ce que cela t’évoque ?
HB : Ayant traversé des périodes difficiles où j’aurais tout donné pour perdre du poids, je peux comprendre cette obsession. Quand j’ai écrit Summer Body, le message, c’était d’apprendre à se détacher du regard des autres sur notre propre corps. Mais ça ne veut pas dire qu’il faut négliger sa santé. Bien sûr qu’il est important de manger sainement, de prendre soin de soi, de bouger... L’essentiel, c’est d’être à l’écoute de son corps et de le respecter. On a tous une morphologie qui nous est propre et parfois, malgré tous nos efforts, elle ne changera pas à cause de la génétique. Ces histoires autour de ce médicament sont inquiétantes, c’est dangereux de s’aventurer là-dedans. Pourtant, si on m’avait dit à une époque qu’il existait une solution miracle pour perdre du poids, je sais que je l’aurais prise.
L'O : Avec Gentil Garçon, tu déconstruis les symboles associés traditionnellement à la masculinité. Qu’est-ce que tu aurais à répondre à un Mark Zuckerberg qui “veut plus d’énergie masculine” ?
HB : L’idée, c’était simplement de s’adresser aux hommes et de leur dire qu’on les aime comme ils sont. Ils n’ont pas besoin de jouer un rôle, de se montrer durs ou de correspondre à une image stéréotypée de la virilité. Cette chanson, c’est juste un message simple : « Soyez vous-mêmes, et on vous aimera. » Quant à Mark Zuckerberg... franchement, je ne le calcule pas ! Il n’a qu’à écouter la chanson et méditer dessus. (Rires)
"Je ne prétends pas révolutionner le monde, mais si une phrase, une chanson, peut résonner dans l'esprit de quelqu'un et lui faire voir les choses autrement, alors à mon échelle, j'aurai fait quelque chose."
L'O : Tu sembles vouloir mêler divertissement et messages forts dans ta musique. Comment la musique peut-elle jouer un rôle dans la prise de conscience collective ?
HB : C’est compliqué, parce qu’écrire ou chanter un message, c’est toujours plus facile que de le mettre en application. Je sais très bien que ce n’est pas parce que je dis quelque chose dans Summer Body ou Tout Gâcher que ça va forcément changer les comportements. Mais si, parmi ceux qui écoutent, ne serait-ce qu’une seule personne est touchée, alors ça en vaut la peine. Si quelqu’un qui avait prévu de prendre le volant après avoir bu, pense à Tout gâcher et se ravise, alors j’aurai peut-être évité un drame. Je ne prétends pas révolutionner le monde, mais si une phrase, une chanson, peut résonner dans l’esprit de quelqu’un et lui faire voir les choses autrement, alors à mon échelle, j’aurai fait quelque chose.
L'O : Si tu devais décrire en quelques mots le message global de ton album, ce serait quoi ?
HB : C’est un album où je me dévoile totalement. J’accepte de livrer une partie de mon âme et de mon cœur, et j’espère que cela touchera les gens autant que ça m’a bouleversée en l’écrivant. Mon souhait, c’est que ces chansons résonnent dans des familles, dans des groupes d’amis. Je pense être totalement honnête dans ce que je raconte.
L'O : Tu es très proche de ta communauté. Quel impact cette relation a-t-elle eu sur ton évolution depuis la Star Academy ?
HB : Les personnes qui ont suivi l’émission ont l’impression de me connaître, or ce n’est pas totalement la réalité. J’ai voulu préserver cette proximité, parce que tout ce que j’ai aujourd’hui, je le dois au public de la Star Ac’, à ceux qui ont été là dès le début. Bien sûr, l’objectif est de toucher de nouvelles personnes. D’ailleurs, je n’aime pas trop le mot “fans”. J’ai l’impression que ça implique un rapport d’appartenance, alors que rien n’est figé. Si un jour quelqu’un n’aime plus ma musique, il peut tout simplement s’éloigner. Je préfère voir ça comme une relation sincère avec des personnes qui me soutiennent et qui peuvent se reconnaître en moi. Je suis comme eux, une humaine avant tout.
L'O : Certains artistes, comme Chappell Roan, ont évoqué le fait que certains fans pouvaient être trop envahissants. Ressens-tu aussi ce besoin de poser des limites ?
HB : Quand je suis en promo, en concert ou dans un cadre où je suis là pour échanger avec le public, je suis toujours souriante et accessible. Mais quand je suis au restaurant avec mes parents, en train de faire du shopping avec mes amies ou en soirée, c’est différent. À ce moment-là, je suis dans ma vie privée et je n’hésite pas à dire non ou à expliquer que ce n’est pas le bon moment.
L'O : Quel a été le retour le plus touchant ou surprenant que tu as reçu depuis que tu as commencé à partager ta musique ?
HB : Les retours sur Summer Body ont été particulièrement marquants pour moi. J’ai reçu énormément de messages de personnes qui me disaient : « Grâce à toi, j’ai osé acheter un maillot de bain deux pièces », « Grâce à toi, je sors avec les bras découverts », « Je m’accepte mieux »... Je n’aurais jamais imaginé un tel impact. Cette chanson que j’ai écrite pour moi-même a créé une sorte d’aide mutuelle. Ça m’a énormément touchée.
"Hélé", disponible sur toutes les plateformes. En concert les 12 mai et 5 juin à l'AB (sold out) et les 8 et 9 décembre à Forest National.
Cette interview est à retrouver dans son intégralité dans le nouveau numéro Spécial Mode de L'OFFICIEL Belgique, le 3 avril en kiosque.