Asnières : visite guidée au cœur du savoir-faire de Louis Vuitton
Une grande ingéniosité
En ouvrant sa première boutique parisienne en 1854 à la rue Neuve-des-Capucines, le génie fondateur de cette Maison emblématique se donne pour mission de fabriquer des malles pour l’élite. Dans les années 1850, les femmes portent des robes opulentes, à crinolines, et des jupes amples, dont le transport nécessite des bagages ingénieux et des mains habiles. Louis Vuitton adopte une approche différente : il s’est très vite rendu compte qu’une malle plate serait plus pratique et efficace que le modèle classique au couvercle bombé. Il opte pour la toile, un matériau à la fois léger et robuste, doté d’une imperméabilité longue durée. Le monogramme iconique LV ne voit le jour qu’en 1896 lorsque son fils aîné, Georges-Louis Vuitton, le crée pour lui rendre hommage après son décès. Les initiales entrelacées, la fleur à quatre pétales arrondis dans un cercle, enchâssée dans un diamant concave, constituent un symbole universel, qui est toujours synonyme de glamour façon royauté et jet-set. Sous l’impulsion des innovations apportées par Louis, l’entreprise connaît une croissance rapide. En 1859, soit cinq ans à peine après sa fondation, un déménagement s’impose car elle se sent à l’étroit dans son siège parisien. Le choix se porte sur Asnières, un village au nord-ouest de la capitale. Sa situation sur les bords de la Seine facilite l’approvisionnement en matières premières, comme le bois de peuplier nécessaire à la fabrication des célèbres malles. De plus, l’une des toutes premières lignes de chemins de fer françaises passe par Asnières pour rejoindre la gare Saint-Lazare, toute proche de la première boutique Vuitton. Le malletier s’installe avec sa famille au dernier étage. Ici les enfants peuvent jouer dans le jardin, ramer sur la Seine et acquérir les rudiments du métier familial dans l’atelier attenant pour ensuite rejoindre l’entreprise.
Visite des ateliers
En cette année 2022, le temps semble n’avoir eu aucune prise sur l’atelier et la demeure familiale de style Art nouveau. Nous avons mis le cap sur Asnières pour nous imprégner de cette magie. Les vitraux sont restés intacts, des photos de famille représentant entre autres Louis, son épouse Clémence-Émilie Parriaux et leur fils Georges s’entassent pêle-mêle sur la petite table et un feu flambe dans la cheminée ouvragée, très rare à Paris, près des sièges où l’on prend le thé avec distinction. Tout l’intérieur est le reflet de cette famille éduquée et de ses nombreux voyages.
Asnières est toujours le cœur du savoir-faire Louis Vuitton : la fabrication des malles, bagages et commandes personnalisées (vraiment très personnalisées) à expédier dans le monde entier. Parmi les demandes incroyables, des malles dotées de différents compartiments pour accueillir des montres, d’innombrables paires de chaussures ou, assez régulièrement aux dires du gentil monsieur affairé avec du cuir et un couteau, une malle pour loger une alliance destinée à une demande en mariage comme on en rêve. Les ateliers d’Asnières assurent la conception et la réalisation de A à Z. Les créations respirent le passé, tout en étant ancrées dans le présent et le futur. L’héritage de Louis Vuitton est en phase avec notre époque.
200 ans, 200 visionnaires
Pour le bicentenaire de la naissance de son fondateur, la Maison Louis Vuitton a invité 200 visionnaires issus de tous les horizons (art, mode, design, sciences, sport) à réinterpréter sa malle iconique dans leur propre langage. Un hommage pour le moins original. Ces talents ont réalisé une création à leur image, allant de l’abstraction à l’invitation au rêve, sur la même toile de 50 x 50 x 100 cm, soit à peu de choses près les dimensions de la malle d’origine conçue par Louis Vuitton en 1858. Parmi ces noms connus, Marc Jacobs, Kim Jones, Frank Gehry, Peter Marino, Supreme et Fornasetti, mais aussi The Simpsons et Lego. Une preuve de plus du caractère contemporain de l’héritage de Louis Vuitton.
Qui dit malles, dit voyages, et celles-ci vont aussi parcourir le monde pour l’exposition itinérante “200 Malles, 200 Visionnaires : The Exhibition”. Les villes-étapes sont mentionnées sur le site web de la Maison. Le coup d’envoi a comme il se doit été donné dans la galerie des ateliers historiques. À l’issue de la tournée mondiale en décembre 2022, les malles seront mises aux enchères par Sotheby’s. Les bénéfices seront intégralement reversés au programme de bourses d’études initié par la Maison Vuitton. Ce programme vise à combler les inégalités entre les différentes disciplines créatives en vue d’offrir à tous l'accès aux formations artistiques et un soutien dans la poursuite de leur carrière dans la création.
