Angèle : les secrets de ses costumes de scène Chanel pour son "Nonante-Cinq Tour"
Madonna et Jean-Paul Gaultier, Ariana Grande et Versace, Beyoncé et Balmain… et désormais Angèle et Chanel. L’histoire qui unit les maison de couture à des artistes en tournée ne date pas d’hier, et permet très souvent aux grands noms de la mode d’un peu plus s’imposer comme incontournables dans leur domaine. Pour la première fois, la maison de la rue Cambon s’associe ainsi à une chanteuse pour imaginer l’intégralité de ses costumes de scène. Et c’est Angèle, ambassadrice Chanel depuis maintenant 2 ans qui a été choisie.
À la clé ? Un vestiaire inédit imaginé en tandem par l'interprète de "Bruxelles, je t'aime" et Virginie Viard, comprenant une douzaine de looks, dans des déclinaisons de couleurs et de matières, alliant tweed et sequins, ainsi que des accessoires tels que des bottes et des lunettes de soleil. La touche personnelle ? Certains costumes sont inspirés de la collection Chanel prêt-à-porter printemps-été 1995… faisant écho à l’année de naissance de la chanteuse, et bien-sûr au titre de sa tournée. L’artiste portera ces tenues sur-mesure tout au long de sa tournée qui va l’emmener des Zéniths de France aux festivals d’été, jusqu’à Paris à La Défense Arena avant de s’achever chez elle, à Bruxelles, fin décembre 2022. À cette occasion, Angèle s’est confiée sur cette toute première collaboration en tournée avec Chanel.
Comment est née cette collaboration autour de vos costumes de scène avec Virginie Viard ?
C’est quelque chose dont on avait discuté toutes les deux en mars 2020, quelques jours avant le premier confinement. Lorsque l’on s’est rencontrées, on a eu une connexion immédiate. Je lui ai demandé de me raconter son histoire. On a partagé nos expériences, notre rapport aux vêtements, à la mode, ce que l’on pouvait imaginer ensemble. Je lui ai confié que c’était un rêve d’enfant que Chanel m’habille pour la tournée et de pouvoir collaborer avec elle sur ce projet. Ce à quoi elle m’a répondu tout de suite : "On commence quand ?". La tournée des festivals n’a malheureusement pas eu lieu à cause de la pandémie. Mais il y a quelques mois, lorsque je me suis retrouvée à enregistrer mon album "Nonante-cinq", en référence à l’année de ma naissance, 1995, j’ai eu la chance de visiter le Patrimoine de Chanel, où sont gardées toutes les archives. C’était magique, je me suis ruée sur la collection 1995 évidemment, cela m’intéressait de voir ce qui avait pu être créé quand je suis née, quelle était la mode alors, et ça a été une évidence. La collection de 1995 m’a vraiment inspirée, il y avait une cohérence avec mon style, mes envies autour du projet, et j’ai commencé par porter cette collection pour la promo de l’album dès décembre dernier.
À quel moment êtes-vous allée puiser dans la collection prêt-à-porter printemps-été 1995 de Chanel pour imaginer vos costumes de scène ?
Je savais que je voulais porter Chanel sur scène, mais je cherchais quelque chose qui ait un lien avec l’album, et ma date de naissance. Je suis allée rechercher des photos d’archives, celles qui avaient été prises de moi dans les looks de la collection printemps-été 1995, et j’en ai parlé à Virginie. J’ai un vrai rapport avec la mode, la création. Quand j’étais adolescente, je dessinais mes tenues et je les confectionnais moi-même. J’ai retrouvé ici ce plaisir-là que j’avais mis de côté pour me consacrer à la musique. Et cela m’a rappelé combien j’aimais me projeter dans la confection d’un vêtement, dans tout ce que cela représentait. J’adore cette collection de Chanel, je la trouve tellement iconique. Lorsque je regarde la vidéo du défilé, tous ces looks ensemble, une vraie puissance s’en dégage, et c’est aussi ce que je recherchais pour ces moments que j’aime tant : être sur scène, chanter, danser.
D’où sont venues les créations spéciales à sequins ?
En plus d’être une obsession dans ma vie, les paillettes sont hyper efficaces sur scène, elles renvoient la lumière et c’est très important. J’avais dans l’idée d’avoir plusieurs tenues très différentes, et de pouvoir jouer avec ça : retrouver le tweed si emblématique de Chanel, mais aussi les sequins. Pour ces looks, je me suis davantage tournée vers l’année 1991, où j’ai découvert une tenue de surf bleue que je trouvais géniale, et Virginie avait elle-même déjà dessiné quelque chose dans cet esprit par le passé. On s’est retrouvées là-dessus : une combinaison courte à paillettes avec des bottes, la tenue de lumière qui viendrait compléter la tenue jupette et haut en tweed.
Il y a des petites trouvailles comme les ceintures brodées pour accompagner vos mouvements... Cela vient-il de vous ou de Virginie Viard ?
Dans la collection, cette ceinture est une chaîne brillante qui vole sur le catwalk au gré du déhanché des mannequins, ce qui est génial, mais sur scène ça n’est pas possible. Donc j’ai demandé à Virginie de me la faire broder. J’avais noté cela dans mes carnets de dessins lorsque je suis allée la voir. J’avais des petites demandes spécifiques comme celles-ci : la collection printemps-été 1995 regorge de petits cropped tops très près du corps, de petits blazers assez rigides, il fallait retrouver cet esprit-là mais dans une matière qui me permettait de danser sans contrainte. Virginie a eu l’idée de faire une brassière à fines bretelles avec une veste comme un gilet qui s’ouvrait dessus, juste retenue par un point au niveau du cou, qui offrait la liberté de mouvement et que je pouvais enlever à un moment. Jouer avec les codes de la scène tout en respectant l’envie de s’inspirer de cette collection si dense qui comprend des petites vestes manches courtes, manches longues, des cols pelle à tarte, ronds, en V, des jupettes de patineuse et des minishorts... On s’est senties libre de pouvoir jouer avec la couleur unie et le bord côte apparent noir, et de le décliner dans plusieurs coloris.
C’est la première fois que Virginie Viard crée des costumes de scène sur-mesure pour une artiste, quel sentiment cela vous inspire-t-il ?
C’est une chance incroyable. Il y a quelque chose de très humain chez elle, j’en ai presque oublié que j’étais chez Chanel pendant le processus de création ! Et c’est ce qui fait que c’était si chouette. Cela m’aurait d’ailleurs peut-être inhibée si j’avais réalisé, et je me serais certainement permise moins de liberté. Quand je parle avec Virginie, j’ai l’impression qu’on se connait, qu’on se comprend, que c’est facile. Elle a une personnalité tellement précieuse dans ce genre de projet. J’avais envie de mettre à l’honneur ce que Virginie m’apporte et elle s’est aussi mise à mon service : c’était une vraie collaboration, qui en a fait une expérience humaine et une aventure incroyable.
Avez-vous ressenti l’excitation des premières fois dans cette collaboration ?
Oui, parce que c’était aussi la première fois que je travaillais comme cela. Mes tenues de scène jusqu’ici, c’était beaucoup de questionnements, beaucoup d’essayages. Là, c’était fluide. A chaque rendez-vous chez Chanel, on avançait très vite, j’essayais, on prenait les mesures, on ajustait et surtout : on s’amusait. Sur une veste, on a vu qu’il manquait les bords côtes, et Virginie les a épinglés tout de suite. C’est génial de pouvoir se projeter aussi facilement, et en direct. Et d’avoir à ses côtés quelqu’un comme Virginie, qui est aussi impliquée, dans tous les sens du terme. Lorsqu’il a été question de faire des bottes, je n’arrivais pas à rentrer le pied dans le prototype : elle a enlevé ses chaussures et les a essayées pour moi. C’est un petit exemple mais cela témoigne de l’atmosphère cool qui a régné durant tout le processus de création : elle n’est pas dans un esprit de star système. Elle me répétait qu’elle voulait que je sois bien. Et c’était le cas.
Comment avez-vous choisi les différentes tenues en fonction des moments de scène ?
Avant, je faisais toujours une tenue différente par soir, mais c’était beaucoup de prise de tête. Et cela changeait en fonction de l’esprit du tableau. Là où aujourd’hui, on sait exactement ce qu’on a comme différentes tenues dans plusieurs couleurs, on fonctionne dans une cohérence globale à chaque fois. Il y a des variantes selon les soirs mais c’est toujours la même idée. Pour la première partie du concert, c’est l’idée de la petite jupe et d’un top avec la petite veste en tweed, véritable référence à la collection prêt-à-porter printemps-été 1995, dont on a vraiment repris les modèles que l’on a adaptés. Je commence par un look hyper graphique, grâce à ce bord côte noir qui vient souligner les coutures, et il y a cette jupe qui brille avec la ceinture brodée. Le look de deuxième partie de concert, c’est une vraie tenue de fête, qui fait appel à ce que j’ai toujours aimé porter : des paillettes. Et de nouveau on reconnait Chanel, mais avec une création spéciale. Je vais avoir l’occasion de m’amuser avec tout ce que l’on a imaginé, y compris en festivals cet été, où là Virginie m’a créé des joggings à paillettes.
Parmi la douzaine de looks spécialement créés pour vous par Virginie Viard, quelles sont vos pièces préférées ?
Question difficile... Je les aime toutes ! Mais ce qui est génial, c’est qu’une fois qu’on a eu toutes les tenues, on s’est rendu compte qu’on pouvait aussi faire du mix & match entre elles. Cela donne une infinité de looks possibles. Avec cette collaboration et ces looks créés par Virginie, il y a une nouvelle donne : moi qui avais jusqu’ici toujours voulu être en pantalon sur scène, hors festivals, car je n’aimais pas mes jambes, j’ai réussi à dépasser ce complexe tellement j’aimais les petites jupes et les shorts ! Donc je dirais que j’adore « la tenue de lumière », full paillettes, composée d’un petit short et portée avec des bottes. J’avais initialement imaginé une tenue très loose mais dans laquelle j’aurais eu du mal à bouger. Virginie m’a proposé cette tenue près du corps, très graphique, très Chanel et très Angèle. Cette tenue symbolise ma rencontre avec Virginie.
Comment avez-vous imaginé les accessoires, chers à l’ADN de Chanel ?
J’aime bien l’idée d’arriver sur scène avec des lunettes de soleil, très « cat eye », mais je dois la tester encore pour la tournée des Zéniths. Si ça ne marche pas en salle, ce sera peut-être pour les festivals en extérieur cet été. Il y a aussi des bottes qui ont été créées spécialement pour moi, et qui épousent les contraintes de la danse : hauteur et diamètre du talon, maintien de la cheville... J’ai aussi pris en compte les conseils de mon chorégraphe Mehdi Kerkouche pour les aspects pratiques.
Vous êtes ambassadrice Chanel depuis février 2020, comment évolue votre relation avec la Maison, et avec Virginie Viard ?
Je trouve Virginie touchante. Elle travaille avec beaucoup de sincérité et je suis toujours admirative de son implication. Ça n’est pas quelqu’un qui est là pour prendre la lumière et se mettre en avant. Elle est là parce qu’elle aime profondément ce qu’elle fait, et c’est quelque chose que j’ai compris tout de suite quand je l’ai rencontrée, quand elle me parlait de son histoire et de la façon dont elle s’est retrouvée à cette place. Elle est là grâce à son travail et son talent. Il y a quelque chose de follement inspirant dans son caractère et sa personnalité. Elle adore les femmes avec qui elle travaille, elle les appelle « ses filles », que ce soient les mannequins, les couturières de ses ateliers ou les égéries de la Maison, et c’est très agréable, cela crée un rapport très familial. C’est comme ça que je qualifierais Chanel : une Maison de luxe, évidemment, mais une Maison au sens familial du terme. C’est d’ailleurs ce lien et les discussions autour de nos envies communes qui ont rendu possible la création de ces costumes pour ma tournée. Porter sur scène des modèles uniques, imaginés avec Chanel sur des inspirations années 90 qui me parlent tant... Je n’aurais pas pu imaginer mieux.