Shabour, le restaurant le plus excitant de Paris est de retour
Pourquoi on l’attendait ?
Parce que chaque passage chez Shabour est - désolé pour le cliché - une fête, un événement, comme si l’on montait dans une montgolfière pour embarquer dans une odyssée homérique, ou faisait de nous les passagers d’une bulle de savon, qui éclatera délicatement, en mille éclaboussures vibrantes de couleurs, de sensations. Qui laisseront sur l’épiderme et la mémoire sensible la trace indélébile d’une aventure à nulle autre pareille, nous déposant ébahi-e-s, sur un sol tendre, rendu enfin hospitalier.
Ce qu'il faut y commander absolument
Pour embarquer dans ce voyage aux périples et péripéties toujours neufs, invitant à se souvenir de Michel Strogoff, le héros de Jules Vernes, et de l'injonction "Regarde de tous tes yeux, regarde", il convient de se laisser aller et guider, mais surtout de lâcher prise. Pour la réouverture, deux menus sont proposés, l'un articulé autour de la viande, l'autre autour du poisson, pareillement soulevés de terre par des imaginaires bariolés et des fulgurances saisissantes, faisant du repas une expérience poétique, hallucinogène. Sa carte de vins animée par le beau souci de l'inédit, sortant des sentiers battus et rebattus ailleurs, est en soi une excursion romanesque.
Le supplément d’âme
Son art de la table, soigneusement imaginé, la générosité du repas (on déconseille de faire un sort à un seau de poulet frit le jour de sa visite). Et surtout, l’équipe de cuisine, menée par Assaf Granit, Uri Navon et Dan Yosha, prestidigitateurs agitateurs d’idées, de goûts et d’inventions, fomenteurs de révoltes délicates, couturiers capables de dessiner les plus belles robes, sculpteurs de matières brutes, génies malins des textures, aventuriers des associations, explorateurs intrépides… En salle, on jurerait que le directeur Tomer Lanzmann, comme dans le poème de Rimbaud, "a peut-être des secrets pour changer la vie ?" Il a fait de Shabour un des lieux les plus organiquement vibrants que l’on connaisse, manipulant une centrifugeuse d’ondes bienfaisantes, d’électrons bienveillants, de protons cajoleurs. On ne garantit pas l’exactitude scientifique de cette théorie, mais seulement qu’une soirée chez Shabour vous fait passer, par miracle, de l’autre côté du monde prosaïque, pour vous entraîner vers un ailleurs - un ailleurs taillé dans l’étoffe dont sont faits les rêves les plus doux. On s’en réveillera bien assez tôt, mais tant que l’on sera dans les bras de Shabour, tout ira bien.
Menu unique à 96 euros.
19 Rue Saint-Sauveur, 75002 Paris
+33 6 95 16 32 87
www.restaurantshabour.com