Sabrina Claudio en concert à Bruxelles : c’était comment ?

Une ambiance particulièrement chaude et sexy

En tant que public, c’est un sentiment assez étrange que suscite le fait d’aller voir une artiste comme Sabrina Claudio se produire en concert. Etrange, parce qu’on ne sait pas trop à quel genre d’ambiance s’attendre. Et encore moins si la star montante du R&B ne nous transpercera pas davantage le cœur avec ses textes, en live.

"Favorite Part", "Problem With You", "Christmas Blues" (en featuring avec The Weeknd), "Belong To You" (aussi disponible en featuring avec 6lack)... C’est clair qu’on aurait plus tendance à écouter les titres de la chanteuse en solitaire, lors d’un moment chill, la tête et le cœur enfouis dans des états d’âmes que l’on ose pas forcément dévoiler au grand jour. Voire même lors d’un moment hot pour certains, en tête à tête avec son ou sa partenaire. Quoiqu’il en soit, difficile de s’imaginer posté debout dans une fosse, se laissant publiquement emporter par des mélodies si suaves, des mots si transperçants et un timbre de voix si sensuel.

Pourtant, il n’aura pas fallu plus de quelques secondes avant que les frissons et l’émoi du public ne montent dès l’entrée en scène de l’artiste. Sur les premières notes de "Better Version", le rideau s’ouvre et laisse apparaître Sabrina Claudio, vêtue d’une séduisante robe noire, discrètement maquillée, les cheveux relevés en messy bun. Avec elle sur scène, une bande de musicien avec qui elle compose des tubes depuis plusieurs années, qui est brillamment parvenue à chauffer la salle de ses accords tout le long de la prestation. Blague à part, le mercure était réellement haut dans cette salle.

Pour sa première partie, Claudio a laissé l’honneur à son bassiste encore fort peu connu, Trip Carter, de faire découvrir à la foule ses talents d’auteur, compositeur, et d’interprète. Son style de musique? On adore. Du R&B funky et nostalgique made in L.A., façon Silk Sonic. Très vite, je remarque autour de moi un public enthousiaste, qui ne tarde pas à trouver le profil de l’artiste sur les réseaux sociaux.

Le décor sur scène est conçu à son image. On parle d’un décor sobre, sans artifice, se suffisant à lui-même. Des jeux chauds et froids de lumière ici et là. Six jolis vases contenant des bouquets de roses rouges dispersés en demi-cercle. Quelques bougies. Sans oublier cet escalier illuminé qui entoure les côtés et l’arrière de la scène de la salle de La Madeleine, façon La Belle et La Bête. Un détail qui n’a certainement pas manqué d’ajouter sa touche romantique à l’ensemble.

Based On A Feeling, un album touchant et personnel

Pendant une heure, Sabrina Claudio interprète la majorité des titres de son album "Based On A Feeling". Un album qui soufflait tout juste, quelques jours auparavant, sa première bougie. Mais plus que tout un album qu’elle confie, lors d’une interview avec Enfnts Terrible, être le projet le plus personnel sur lequel elle a travaillé, en raison de la pandémie. “Le truc c’est que lorsque j'écris, mon processus d'écriture est très introverti, mais conceptuellement, ma musique est normalement écrite à partir des histoires des autres. Avec cet album, j'ai été obligé d'écrire à partir d'expériences personnelles à cause de ces deux années d'isolement que nous avons tous traversées.”

Pendant le show, elle interprétera sa chanson préférée de l’album, "IOU", qui raconte l’histoire d’un amour aveugle, à sens unique. Mais dont elle n’échangerait l’expérience pour rien au monde, parce qu’elle pensait justement l’avoir reçu avec cet amour, le monde.

Pour cette tournée européenne reportée, la lauréate d’un Grammy Award ajoute également à son répertoire des titres de son nouvel EP, "Archives" & "Lullabies". Ainsi que des titres plus anciens, qu’elle ne suspecte de connaître que le public qui la suit depuis ses débuts. Quand elle tend le micro et que le public se met à chanter en chœur, elle rétorque, d’un air fier : “C’était juste pour vérifier.”

Chaque titre possède un point commun : une vulnérabilité transcendante. La façon qu’a une femme d’embrasser sa féminité et l’expérience de vie qui s’y relie. D’exprimer chacune de ses émotions : amoureuses, maladroites et toxiques, en toute honnêteté et sans jamais ressentir aucune honte. Parce que c’est aussi ça, être une femme. C’est accueillir la vie telle qu’elle se présente à nous et s’en servir comme une source de force.

Claudio est d’ailleurs tellement douée de sa plume et de ses capacités vocalistiques qu’elle a participé à l’écriture, en plus d’avoir posé sa voix, sur le titre "Plastic Off The Sofa". Le tube d’une certaine Beyoncé qui vient de se produire sur la scène belge.

Lorsqu’elle chante, Sabrina Claudio devient une femme arrogante. D’un pas sûr et gracieux, elle va, elle vient. Elle se déhanche et s’approprie la scène. Elle est peut-être un peu trop dans sa bulle, mais ça ne l’empêche pas de charmer le public.

Néanmoins, en réalité, Claudio elle loin d’être imbue de sa personne. Au contraire, lorsqu’elle interagit avec le public, la star américaine ne se prend pas du tout au sérieux. A plusieurs reprises, elle demande au public si elle “n’a pas du rouge à lèvre dans la face” et confie même craindre que sa robe ne laisse échapper un sein. “But hey, what’s new?” (comprenez : “mais bon, ce ne serait rien de nouveau”), blague-t-elle d’un air sarcastique. On remarque également beaucoup de gratitude et d’humilité. “Je n’arriverai jamais à croire que je suis à l’autre bout du monde et que vous vous déplacez juste pour venir me voir moi. Merci.”

L’interprète est tout aussi drôle on-stage que backstage. Et ça, je le sais parce que c’est une jeune femme pétillante et affectueuse que j’ai eu l’occasion de rencontrer juste avant le concert. A la vente de billets, Sabrina Claudio offrait également la possibilité d’acheter un ticket Meet & Greet, donnant aux plus fans la possibilité de la rencontrer, repartir avec une photo souvenir, et s’installer aux premières loges dans la salle avant l’ouverture générale des portes.

A la grande surprise de tous les privilégiés, et malgré l’épuisement des tickets Meet & Greet, c’est en comité très réduit que Sabrina Claudio nous accueille. De quoi passer plus de temps avec elle. Câlins amitieux, signatures d’autographe, quelques discussions qui s’attardent... Devyn Dillenberg, la tour manager, s’assure de capturer chaque instant passé entre les fans et la chanteuse pendant à peu près une vingtaine de minutes. J’espérais avoir l’occasion de poser quelques questions à la star avant son show mais malheureusement, l’instant ne se prêtait pas à une interview. Alors, Sabrina et moi avons simplement discuté de l’éventualité d’une prochaine fois et nous avons échangé quelques blagues sur les filles que l’on peut croiser à Miami, là d’où Claudio est originaire, et de la mode des Brazilian Butt Lift (BBL), l’opération chirurgicale préférée de la famille Kardashian.

Sans trop exagérer, c’est Julia Roberts dans Pretty Woman, que nous évoquent ce soir-là le charisme et la prestance de Sabrina Claudio. Sans omettre sa magnifique chevelure bouclée. Au baisser de rideau, je n’ai que deux pensées qui me tournent dans la tête. D’une, Sabrina Claudio possède le don réel de réveiller la libido. (Si j’avais su, je me serais épilée.) Deuxio, quand aurons-nous droit à une nouvelle prestation ? D’elle, mais aussi du reste de la clique des chanteuses de Hip-Hop/R&B Soul qu’on aime tant : Snoh Aalegra, H.E.R., Ella Mai, Summer Walker, Jazmine Sullivan... Je vous laisse terminer la liste.