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Que penser du retour de Dexter ?

Huit ans après sa conclusion, la série revient : idée de génie ou erreur sacrilège ?
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N’étant pas des fans transi-e-s de cette série dont l’originalité s’est épuisée au fil des saisons, l’annonce d’une neuvième saison, baptisée Dexter : New Blood, nous était plus ou mois indifférente (quoique le jeu de mots bancal suggérait très amont que l'affaire s'engageait mal). On avait quitté sans regret le tueur en série lors d’un final grandiloquent, avant un ultime plan le montrant mener une nouvelle vie, de bûcheron solitaire ou d’ermite survivaliste, la chute n’élucidait pas ce point.

L’on retrouve non Dexter, officiellement mort, mais Jim Lindsay (Michael C.Hall, toujours impeccable), employé modèle d’une boutique spécialisée dans les articles de chasse et pêche, dans une ville du nord-ouest américain. Un travail modérément exigeant, des pulsions meurtrières sous cloche, une petite amie policière, tout semble rouler. Et comme toujours (dans une série, dans la vie aussi parfois), lorsque tout semble rouler, on finit par rater un virage, nous voici dans le fossé. Pour Dexter/Jim, la sortie de route prend la forme d’une montée de rage incontrôlée et le visage de son fils, Harrison, désormais adolescent, qui l’a traqué jusque dans cette bourgade discrète, si ce n'est paumée (les raisons de la réussite de sa quête sont assez confusément expliquées). En arrière-plan, un psychopathe encagoulé et des disparitions récurrentes d’adolescentes ajoutent au récit des enjeux dramatiques, compliquant davantage la nouvelle vie de Dexter/Jim.

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Michael C.Hall et Jack Alcott © 2021 Showtime
Michael C. Hall et Michael Cyril Creighton © 2021 Showtime
Julia Jones et Jamie Chung © 2021 Showtime
Michael C.Hall et Clancy Brown © 2021 Showtime

Voix-off solennelle du personnage monologuant des clichés, aspirant à un humour à froid en l’espèce tiédasse; hallucinations baroques; faiblesse de la trame globale - on ne les dévoilera pas, mais trop vite abattues, si l’on peut dire, les cartes de l’intrigue ne tiennent guère en haleine : l’ensemble est assez bâclé et la nécessité impérative de l’écriture d’un nouveau chapitre sur un tueur en série qui vend désormais des cannes à pêche ne saute pas aux yeux.

Les six épisodes dévoilés à la presse, sur les 10 tournés, peuvent cependant engager à une autre lecture. Dexter : New Blood tient plus de la televola sous la neige, aux accents grotesques mais aux personnages attachants (notamment celui de la petite amie de Dexter/Jim, Angela Bishop - superbe Julia Jones), aux bonnes idées - l’arrivée dans la ville d’une star du podcast, un regard attentif sur les communautés amérindiennes -, plastiquement réussie (dans un esprit renvoyant assez explicitement au Fargo des frères Coen), mais n’hésitant jamais à pousser les cursers du n’importe quoi auto-parodique dans le rouge très écarlate. Cette renaissance a plus un goût de cendres froides que l’éclat du brasier - mais ajuster ses attentes devrait permettre de ne pas en concevoir trop d’amertume. Et même de s’amuser de cette série B luxueuse en roue libre.
 

Créée par Clyde Phillips. Avec Michael C.Hall, Jennifer Carpenter, Julia Jones et Jack Alcott. 

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Dexter: New Blood (2021) Official Trailer | SHOWTIME

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