"Pistol" : que penser de la mini-série consacrée aux légendaires Sex Pistols sur Disney+ ?
De tous les groupes apparus dans le déferlement punk, les Sex Pistols n’étaient ni les plus doués, ni les plus aventureux - pour cela, il fallait plutôt aller voir du côté des Buzzcocks, des Stranglers ou des Clash -, mais assurément les plus emblématiques du mouvement. L’Angleterre rock était assoupie, et un jeune manager en découvrant quatre post-adolescents, a tout de suite saisi qu’il tenait là l’affaire du siècle. Ainsi, Malcolm McLaren a mis son intelligence, sa malice (jusqu’à la malhonnêteté) à contribution pour inventer les Sex Pistols, manipulant les uns et les autres, pour composer un explosif cocktail, dans un genre de manifeste agit-prop.
Qu’importe s’ils savaient à peine jouer ou chanter, c’était le geste qui importait. Les personnalités des membres, pour le moins volatiles, suggéraient une implosion imminente. Le groupe ne publia qu’un seul album - sa postérité sera ailleurs, libérant des générations d’artistes de la camisole de la haute-technicité ou de l’apprentissage académique de leur art. Le cinéaste Danny Boyle capte leurs trajectoires avec maniérismes, peu d’empathie (à part pour les personnages féminins, quoique le regard porté sur celui de Chrissie Hynde, la future chanteuse et compositrice des Pretenders, gêne un peu par son male gaze déplacé), multipliant effets de mise en scène appuyées, en contradiction avec ses sujets, qui, eux, ne s’embarrassaient précisément pas du superflu pour s’exprimer.
Il est en revanche plus naturel que le personnage de McLaren (joué en roue libre par Thomas Brodie-Sangster, découvert enfant, il y a deux décennies dans Love, Actually…) soit le plus vivant, le mieux incarné, les autres étant réduits à des marionettes grimées pou être accrochées aux murs d’un Hard Rock Café. La sophistication empruntée et boursouflée de sa scénographie contraste avec la brutalité sans oripeaux de la musique du groupe, et, surtout, des parcours singuliers pour le moins chaotiques, au mieux, voire traumatisants, de ses protagonistes. Espérons seulement que Pistol ne découragera pas de nouvelles générations à pousser la porte, pour découvrir que de l’autre côté le brasier punk réchauffe encore cœurs et corps.
Une mini-série en six épisodes créée par Craig Pearce. Réalisée par Danny Boyle. Avec Toby Wallace, Anson Boon, Thomas Brodie-Sangster, Maisie Williams et Sidney Chandler. Disponible depuis le 6 juillet sur Disney+.