Art & Culture

Knokke-Heist : comment l'art s'empare de la cité balnéaire cet hiver ?

La ville balnéaire la plus prestigieuse et sophistiquée de la Côte met à l'honneur son engagement pour l’art contemporain, parallèlement à ses activités liées aux loisirs haut de gamme, parenthèses dans le rythme agité de nos vies. Cette saison, les œuvres exposées dans le domaine public prennent leur essor, objets de découvertes, destinations de passion.

À l’initiative d’un panel d'experts en matière de curation d’art en 2022, une quinzaine d’œuvres phares et deux pièces rares de classe mondiale - Le Dragon de Niki de Saint Phalle et Le domaine enchanté de Magritte - sont mises en lumière dans les espaces publics de la ville, synonyme de luxe et de détente. Cet hiver, l’art de vivre se mêle à l’art pluridisciplinaire, entre expositions, gastronomie et shopping. 

Outre les installations accessibles au gré d’une promenade inspirante, Knokke recèle des trésors culturels dans l’intimité de ses domaines privés, la Salle des glaces de la Fondation Luc Peire et les tapisseries de Lurçat en sont, entre autres, des incontournables. Si certaines œuvres ne sont observables que sur réservation, pour des visites de groupe, on peut également solliciter l’organisation d’une journée de découverte sur mesure, axée sur un parcours artistique et culturel.

Un musée à ciel ouvert

Grâce à une initiative récente de réaménagement du paysage urbain, des œuvres exceptionnelles de René Magritte (dans le Casino) ou une sculpture de Niki de Saint Phalle fraient avec le travail de Franz West, avec Lemurenköpfe (Têtes de lémuriens), une œuvre composée en harmonie avec la réfection de la place Rubens. Elle répond au Veiligheidspost  (Poste de secours) de John Körmerling ancré sur la Zeedijk près de Lichttorenplein, fait écho à Hospitality (Hospitalité) de Barry Flanagan installée dans le décor unique du Zwin, à fleur de dunes. La liste est évocatrice mais loin d’être exhaustive : les amateurs, collectionneurs et curieux enchantés croiseront De Wuivende Krabben (Le balancement des crabes) de Panamarenko, à voir sur la Zegemeer, Another Time (Une autre fois)  d’Anthony Gormley, sur le pont Surfers Paradise, Twee Grote AVL-Mannen (Deux grands hommes AVL) de Joep Van Lieshout, sur la A. Hansplein et la Mikado Streetlamp Tower (Tour mikado de réverbères) de Tadashi Kawamata, œuvre située au cœur vibrant de l’AZ Zeno. 

Des artistes contemporains aux œuvres singulières

Lucie Lanzini, Française installée à Bruxelles, expose ainsi au gré du paysage urbain de Knokke son travail sur la réalité cachée derrière les premières apparences. Elle évoque des références architecturales, interprète des objets du quotidien ou encore des ornements décoratifs. Sous son regard, une corde ou une ceinture moulées sont réunies par des collages tridimensionnels, pour multiplier les niveaux de lecture. Son expression visuelle utilise aussi la poésie intrinsèque des oiseaux, appelle des pattes et des griffes, représente des poutres, des colonnes et des éléments de mobilier hybridés dans des compositions où certains éléments apparaissent antinomiques, d’autres complémentaires. Ses sculptures accrochent la lumière et jouent des reflets, en tentative d’archéologie contemporaine, forcément conceptuelle. Ce procédé de création permet par ailleurs de conserver l’inspiration originale à la source du processus, à l’instar de traces et d’empreintes. Lucie Lanzini cultive une sensibilité pour l’aspect mémoriel dans un ensemble minimaliste qui évoque les archives d’une architecture déconcertante. 

Ivan Morison de son côté, Turc qui vit et travaille dans une autre station balnéaire historiquement liée à l’art, Brighton en Angleterre, explore une œuvre qui transcende les frontières traditionnelles qui séparent la réflexion artistique, l’architecture, le théâtre et l’activisme. Ses œuvres sont la plupart du temps ancrées dans la mise en abyme d’un site déterminé et imaginées sous forme de performances et d’événements. Ses installations spectaculaires vivent et se déploient dans l’espace public. Son œuvre exposée à Zeebrugge sera par ailleurs présentée en coproduction avec Triënnale Brugge 2024. Ivan Morison décode son univers artistique : "Je crée un espace sculptural qui peut se transformer en une expérience écologique. Mes recherches actuelles portent sur des espaces sculpturaux que je qualifie de “temples” - des portails qui mènent non pas à un futur imaginé, mais à la réalité étendue et irréductible d’un présent imprévisible."

Un parcours évolutif, riche en découvertes renouvelées

Knokke-Heist, ville d’art, de culture et de loisirs, aligne dans ses espaces variés des œuvres créées à partir de matériaux classiques comme le granit et le bronze, mais également en résine ou en acier inoxydable "miroir". Il ne s’agit pas seulement de sculptures, mais aussi d’évocations urbaines : son patrimoine modulable comprend des places publiques dont l’aménagement est le résultat d’une collaboration fructueuse entre un architecte et un artiste plasticien. Si les œuvres proprement dites appartiennent à la commune, sont prêtées par leur propriétaire ou sont installées sur un terrain privé, elles sont intentionnellement visibles depuis la rue. Car en plus de la presque centaine de galeries et musées de la ville, les œuvres exposées dans l’espace public ont pour certaines acquis le statut de véritables icônes. Dès l’année prochaine, de nouveaux projets artistiques d’envergure viendront s’ajouter au programme des œuvres à visiter, également accessibles, sur demande, au cœur de différentes propriétés privées. Knokke-Heist possède l’art, et la manière. 

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