Camille Cottin : "Je suis une grande fan de Tina Fey et de Michelle Yeoh"
À l’affiche du palpitant "Mystère à Venise" depuis ce mercredi 13 septembre, Camille Cottin nous en dévoile plus sur son rôle dans l’adaptation cinématographique d’une nouvelle d’Agatha Christie, "La Fête du potiron".
Elle est le phénomène français que le Tout-Hollywood s’arrache. Camille Cottin possède ce "je-ne-sais-quoi" de terriblement parisien, un charme singulier et une honnêteté de jeu qui plait. Aujourd’hui, elle endosse le rôle d’Olga Seminoff dans la troisième adaptation américano-britannique d’un roman d’Agatha Christie par Kenneth Branagh, Mystère à Venise. Rencontre.
L’OFFICIEL : Êtes-vous une adepte des adaptations d'Agatha Christie réalisées par Kenneth Branagh ? En quoi cette adaptation diffère-t-elle des films précédents ?
Camille Cottin : Oui, j'adore ses films, même si je n'ai pas lu la plupart des livres. Je pense que celui-ci est différent parce qu'il traite du paranormal, ce qui n'est pas fréquent dans les histoires d'Agatha Christie. J'ai beaucoup aimé le scénario de Michael Green, et il est intéressant de voir qu'Hercule Poirot ne sait comment s’y prendre pour pour résoudre ce mystère. Comme il s'agit de paranormal et que Poirot est l'incarnation de la rationalité, c'est d'autant plus surprenant.
LO : Comment avez-vous été impliquée dans le projet ?
CC : C'est grâce à la directrice de casting Lucy Bevan, que j'ai rencontrée à Paris il y a deux ans. Je lui ai dit à l'époque que j'étais une grande admiratrice du travail de Kenneth Branagh, et j'ai été ravie qu'elle s'en souvienne, qu'elle ait pensé à moi. Ensuite, Ken et moi avons eu une discussion au téléphone. J’étais assez intimidée, car c'était la première fois que nous nous parlions, et nous ne nous étions jamais rencontrés auparavant. La fois suivante, nous nous sommes rencontrés la semaine précédant le début du tournage, et nous n'avons eu que deux heures à partager ensemble. C'était vraiment intéressant, parce que la première chose qu'il a dite, c'est : "Je vais vous poser trois questions : que pensez-vous des fantômes, que pensez-vous de Dieu, et que pensez-vous de faire le ménage ?" Cela en dit long sur la méthode de Ken et sur la façon dont il aime diriger ses acteurs. Sa méthode repose sur le questionnement, et ce qui compte pour lui, c'est votre réponse et votre point de vue sur le personnage. Il continue à poser des questions sur le plateau avant chaque scène. Parfois, je traversais une pièce où je portais des chaises ou une table, et il venait me voir et me disait : "Que ressentez-vous à ce moment-là ? Qu'avez-vous en tête ? Êtes-vous pressée de rentrer chez vous ? Êtes-vous inquiète que quelque chose d'autre ne se produise ?"
LO : Parlez-nous de votre personnage, Olga Seminoff.
CC : Olga est un personnage intéressant car elle est pleine de contradictions. Elle s'exprime en latin parce qu'elle a reçu plus qu’une éducation religieuse. Elle a fréquenté un couvent où elle était nonne, mais elle l'a quitté lorsqu'elle est tombée amoureuse de l'homme qui venait réparer le toit, M. Seminoff. Pour autant, Dieu occupe toujours une place très importante dans son cœur. Elle est employée comme gouvernante par Rowena Drake parce que personne d'autre ne voulait faire son travail… et elle est très mauvaise. C'est une maison très particulière, et la plupart des gens ont peur d'y travailler. Olga est très dévouée à cette mère et à son enfant. N'ayant pas d'enfants elle-même, elle est très émue par leur relation et est très, très attachée à cette fille qu'elle connaît depuis son enfance jusqu'à ce qu'elle devienne une jeune femme, qu'elle tombe amoureuse et qu'elle ne disparaisse tragiquement. Elle est la dernière à l'avoir vue avant qu'elle ne meure. Personne ne veut venir travailler dans ce palazzo car tout le monde croit qu'il est hanté, y compris Olga. Elle a donc un accord très ferme avec Rowena : elle ne passera pas la nuit dans cette demeure, car c'est la nuit que les fantômes des enfants se réveillent. Et ils ne veulent pas que vous partiez... Ils veulent que vous restiez avec eux.
D’autre part, Olga est très directe et trouve toujours des raisons pour faire ce qu'elle fait. Par exemple, lorsqu'elle cesse d'être religieuse parce qu'elle tombe amoureuse, elle décide que c'est la décision de Dieu. Nous ne savons pas vraiment d'où vient Olga, même si son nom a une consonance orientale. Nous n'avons pas beaucoup d'indices sur son passé, mais elle est immédiatement attirée par Ariadne Oliver (Tina Fey) parce qu'elle est une auteure célèbre et qu'elle est fascinée par les histoires policières. Elle est obsédée par la vérité et la justice. Au début du film, elle déteste Hercule Poirot, parce qu'il enferme tout le monde dans le palazzo et ne laisse personne en sortir, et — comme je vous le disais — c'est le pire cauchemar d'Olga de rester dans cette demeure la nuit. Elle est donc plutôt en colère contre lui au début, mais le fait d'être enfermée et d'essayer de découvrir la vérité est quelque chose qui lui convient, et leur relation évolue quelque peu. Olga peut être perçue comme un brin sévère, mais, peu à peu, on découvre qu'elle est très vulnérable.
LO : Comment s'est déroulée votre collaboration avec Kenneth Branagh, qui est à la fois réalisateur et covedette ?
CC : Le fait que Ken soit réalisateur et acteur est tout simplement fou. Mais il est très organisé et son équipe sait très bien comment gérer cette situation. Il aime travailler avec une seule caméra, il sait donc toujours où diriger son énergie. Et il est si précis dans ses indications que vous avez vraiment l'impression qu'il construit avec vous. C'est une véritable collaboration, car il est là pour vous aider à incarner votre personnage. Son accent dans le rôle d'Hercule Poirot était parfait. En tant que Française, j'étais convaincue qu'il devait parler couramment le français tant son accent était incroyable.
LO : Comment s'est déroulée votre collaboration avec le reste de la distribution ?
CC : Je n'avais travaillé avec aucun d'entre eux avant la relecture. Je les connaissais tous en tant qu'acteurs, et j'étais très heureuse de tourner avec eux. Je suis une grande fan de Tina Fey et de Michelle Yeoh. Cette dernière était tout simplement impressionnante ; une femme est aussi gentille que l'artiste est talentueuse, alors travailler avec elle a été une très belle expérience. Notre séance de lecture n'était pas une séance de lecture typique. Nous étions réunis sur le plateau pour la séance, il faisait très sombre, il y avait de petites lampes sur la table et nous étions tous très proches. Michelle Yeoh, dans le rôle de Joyce Reynolds, a dirigé l'ensemble. Elle et Kenneth Branagh avaient travaillé ensemble pour faire de cette journée quelque chose de vraiment spécial... Un souvenir ponctué de beaucoup d'excitation, de frissons et de surprises.
Mystère à Venise, réalisé par Kenneth Branagh, actuellement en salles.
Propos recueillis avant la grève des acteurs et scénaristes à Hollywood.