“Mort sur le Nil” : 5 raisons de voir le remake de Kenneth Branagh au cinéma

Hercule Poirot est de retour ! Alors que le remake de Mort sur le Nil signé Kenneth Branagh, à qui l’on doit déjà l’excellent Crime de L’Orient Express sorti en 2017, était prévu pour 2020, soit en pleine pandémie de Covid-19, le film sort enfin avec plus d’un an de retard dans les salles belges.

Gorgé du soleil égyptien et de ses merveilles archéologiques, plein de tensions annonçant une mort certaine à venir, re-contextualisant certains vécus dans son époque (les années 30) et soutenu par un casting étoilé, le film relève haut la main le défi de dépoussiérer l’adaptation de John Guillermin dévoilée en 1978, véritable pilier des cinéphiles, sans pour autant la dénaturer… et ce, malgré certaines libertés scénaristiques. Voici 5 raisons de voir le Mort sur le Nil de Kenneth Branagh, dès ce mercredi 9 février 2022 au cinéma.

Les pyramides de Gyzeh, les temples égyptiens d’Abou Simbel, l’hôtel Cataract d’Assouan, et le Nil en lui-même sont autant de merveilles égyptiennes ayant fait la légende du pays depuis l’époque des Pharaons. Dans son remake de Mort sur le Nil, Kennegh Branagh parvient ainsi à nous transporter sur un peu plus de 2h de film, sur les traces des plus beaux monuments du pays. Chaque lieu participant au scénario en soi. Poirot retrouve ainsi Bouc, son bras droit du Crime de L’Orient Express, sur le site des pyramides de Gyzeh en début de film, tandis que l’hôtel Cataract d’Assouan sert de lieu d’accueil pour les convives – bientôt tous suspects – invités à la lune de miel de la richissime Linnet Ridgeway (Gal Gadot) et son jeune époux Simon Doyle (Armie Hammer). Comme dans l’adaptation de 1978, les temples égyptiens d’Abou Simbel sont le théâtre d’une première tentative d’assassinat contre les mariés, ajoutant toujours plus de tension au film, et le fleuve du Nil est le décor principal du meurtre de la riche héritière, à bord de l’iconique bateau à roues à aubes, le S.S. Karnak.

Un voyage à travers les plus beaux sites égyptiens, transformés en scènes de crime, et magistralement adapté à l’écran.

Contant les destins tragiques d’une bourgeoisie aisée, les films adaptés des romans d’Agatha Christie brillent par leur stylisme impeccable. Ils incorporent ainsi presque tous des malles Louis Vuitton. À force, ces dernières sont même devenues symboliques des histoires de l'autrice, une fois portées sur grand écran. Une règle à laquelle Kenneth Branagh n’a pas dérogée dans Mort sur le Nil, les passagers du bateau étant presque tous propriétaires des légendaires malles – une scène en particulier montre la forte présence du bagage monogrammé LV dans les années 30.

Mais la marque qui a opéré le meilleur partenariat financier pour ce film, c’est sans aucun doute Tiffany & Co., qui a reproduit pour l’occasion son légendaire collier Tiffany Diamond et son méga diamant jaune – le plus gros du monde –, porté par seulement trois femmes dans son histoire : Audrey Hepburn, Lady Gaga et Beyoncé. Le collier inestimable offert comme cadeau de mariage par son mari à Linnet Ridgeway, joue ainsi un rôle central dans la mort de sa propriétaire tout au long du film. De quoi ajouter toujours plus de suspense à l’histoire, alors que dans la version de 1978, le collier en question étant confectionné de "simples" perles.

Sans oublier le costume immaculé d'Hercule Poirot, clin d'œil à celui porté par Peter Ustinov dans le film de 1978.

Gal Gadot, Jennifer Saunders et Dawn French de la série comique britannique French and Saunders, Rose Leslie, Letitia Wright, Russel Brand, et surtout, les excellentes Emma Mackey et Sophie Okonedo, qui ont chacune brillé dans Sex Education pour la première et Ratched pour la seconde… Le casting de ce nouveau Mort sur le Nil brille par son excellence. Il valait mieux pour lui d’être à la hauteur des actrices du film de 1978, Bette Davis, Mia Farrow, Maggie Smith, Angela Lansbury, ou encore Jane Birkin.

Les jeux qui se démarquent ? Celui d’Emma Mackey, qui incarne une Jacqueline de Bellefort plus dérangeante que jamais (rôle incarné avant elle par Mia Farrow, le défi était donc de taille), et Sophie Okonedo, qui prête ses traits à Salome Otterbourne, une chanteuse de jazz. L’actrice, qui n’avait aucune expérience dans la musique, a dû apprendre à jouer de la guitare et à chanter pour ce rôle.

Notons cependant la présence d’Armie Hammer au casting, qui incarne l’un des personnages les plus importants du film, celui de l’époux Simon Doyle, et ayant fait l’objet de sérieuses accusations de violences sexuelles ces derniers mois. Depuis ces révélations sorties après la fin du tournage, le comédien s’est fait discret, avant de partir en rehab. Un scandal qui a justifié la sortie toujours plus tardive du film, en plus de la crise sanitaire. Après la présence de Johnny Depp dans Le Crime de L’Orient Express, et accusé de violences par Amber Heard, on espère que Kenneth Branagh cessera enfin de travailler avec des acteurs problématiques dans ses films.

La moustache XXL d’Hercule Poirot fait partie du mythe entourant l’aura du détective belge. Dans les adaptations à l’écran des œuvres d’Agatha Christie, elle est presqu’un personnage. Et dans Mort sur le Nil, Kenneth Branagh va, pour la première fois de son histoire, plonger dans la psychologie de l’homme aux petites cellules grises agitées. Le film s’ouvre ainsi sur une scène en noir et blanc du front en Belgique, en pleine première guerre mondiale. Et nous offre au passage quelques explications sur certaines des obsessions de Poirot, son incroyable capacité intellectuelle à résoudrais des énigmes, et surtout sur l’origine de sa moustache signature… derrière laquelle il se cache.

À l’image de son premier film adapté de l’œuvre de la romancière, Kenneth Branagh se permet, une fois de plus, quelques libertés scéaristiques par rapport au scénario original. Si elles n’étaient pas vraiment nécessaires dans Le Crime de L’Orient Express, et n'apportaient rien de plus à l'intrigue du film, elle se révèlent payantes dans Mort sur le Nil. Tom Bateman, reprend ainsi le rôle de Bouc, le bras droit d’Hercule Poirot, qu’il tenait dans Le Crime de l’Orient-Express, un personnage qui n’apparaît pourtant pas dans le livre d’Agatha Christie. Annette Bening joue quant à elle sa mère, Euphemia, un personnage inédit inventé pour le film également.

Puis, il y a la fameuse scène du film de 1978 où Poirot se fait attaquer par un serpent dans sa cabine, ce qui permet de détourner son attention tandis qu’un second meurtre s’opère sur le bateau. Ici, Kenneth Branagh propose plutôt de la remplacer par une scène bien plus intéressante, revenant notamment sur la vraie raison de la présence du détective sur le bateau, mais aussi sur le racisme subi par les personnes noires dans les années 30. Car si le film a voulu miser sur un casting plus diversifié, il ne se limite pas à une simple représentation, et fait allusion, le temps d’une scène suffocante, aux réalités vécues par les afro-descendants à cette époque de l’histoire.

Des libertés scénaristiques qui tombent cette fois sous le sens, et permettent également aux fans de la première heure de se laisser surprendre par une histoire un brin revue, mais ne dénaturant par l’originale.