"Blanche-Neige" : que vaut le nouveau film en live-action de Disney ?
Près d'un siècle après sa première apparition, "Blanche-Neige et les Sept Nains" s'offre une nouvelle jeunesse. Disney revisite son tout premier long-métrage d'animation avec une version en prises de vues réelles qui, avant même sa sortie, suscite autant d'attentes que de controverses. Modernisation du récit, casting inclusif et réinterprétation des codes du conte : que vaut vraiment cette nouvelle version ?
Attention, cet article contient des spoilers.
Avec Blanche-Neige et les Sept Nains, Disney offrait un conte d’une simplicité enchantée, où l’héroïne incarnait la beauté pure et la passivité. Aujourd’hui, les codes du studio sont bousculés et les personnages redéfinis. Cette réadaptation aborde des thèmes d’émancipation et d’inclusivité, proposant une héroïne qui refuse désormais d’être spectatrice de son propre destin.
Une héroïne qui prend son avenir en main
Dans cette adaptation signée Marc Webb, sortie ce mercredi 19 mars en salles en Belgique, Blanche-Neige ne se contente plus de fuir la méchante Reine : elle devient actrice de son propre récit. Exit la princesse passive attendant son prince, place à une jeune femme déterminée à libérer son royaume. Sur son chemin, elle rencontre un groupe de hors-la-loi mené par Jonathan (Andrew Burnap), dont le rôle dépasse celui d’un simple intérêt amoureux. Ensemble, ils unissent leurs forces pour briser l’emprise de la Reine et rendre sa liberté au royaume.
Un casting sous les projecteurs
Le choix de Rachel Zegler pour incarner Blanche-Neige n’a pas fait l’unanimité. Dans la version originale, l’héroïne est décrite comme ayant "les lèvres rouges comme le sang, la peau blanche comme la neige et les cheveux noirs comme l'ébène". L’attribution du rôle à une actrice d'origine colombienne et polonaise a suscité de nombreuses critiques, certains dénonçant un éloignement excessif du personnage original et accusant Disney de privilégier une approche trop "woke". L'actrice, révélée par son interprétation de Maria dans l’adaptation de West Side Story, avait tenté à l'époque de répondre sur les réseaux sociaux aux polémiques en déclarant : "Oui, je suis Blanche-Neige. Non, je ne blanchirai pas ma peau pour le rôle." Un message depuis supprimé, qui témoigne de l’ampleur du débat. Au-delà des discussions sur l’apparence de l’héroïne, le film apporte également une nouvelle justification à son prénom. Dans cette version, Blanche-Neige doit son nom au jour de sa naissance, marquée par une tempête de neige. Un choix scénaristique qui s’éloigne de la symbolique originelle pour proposer une approche plus ancrée dans le récit.
Une méchante Reine en demi-teinte
Si Rachel Zegler insuffle une nouvelle dynamique au personnage de Blanche-Neige, Gal Gadot peine à convaincre dans le rôle de la méchante Reine. Habituée aux rôles de femmes fortes, l'actrice israélienne ne parvient pas ici à se hisser à la hauteur des grandes antagonistes Disney comme Maléfique ou Ursula, qui se distinguent par leur prestance et une aura véritablement menaçante. Sa performance, trop lisse, manque de la noirceur nécessaire pour donner toute sa puissance au personnage. Une antagoniste plus marquante aurait sans doute renforcé l’impact du récit.
Une réalisation soignée mais sans éclat
Sur le plan visuel, le film bénéficie d’effets spéciaux bien réalisés et d’une direction artistique fidèle à l’univers féerique de Disney. L’utilisation du CGI pour représenter les sept nains, bien que critiquée lors de la sortie de la bande-annonce, s’avère finalement moins dérangeante qu’anticipé, s’intégrant plutôt bien au reste de l’univers. La bande-son, quant à elle, est bien interprétée et agréable à écouter, contribuant à l’ambiance magique du film. Toutefois, si ces éléments techniques sont réussis, ils ne suffisent pas à masquer un manque d’audace dans la mise en scène, qui reste relativement classique.
Un conte revisité pour une nouvelle génération
Certains regrettent les libertés prises avec le conte original, mais reprendre à l’identique une œuvre datant de près d’un siècle n’aurait pas de sens aujourd’hui. Disney l’a compris et adapte son récit aux attentes modernes. À une époque où les normes de genre évoluent et où le féminisme redéfinit les représentations, une héroïne soumise n’aurait plus sa place. C’est pourquoi Blanche-Neige devient désormais actrice de son propre destin, luttant activement pour la liberté de son royaume. Reste à voir si cette vision revisitée du conte parviendra à convaincre par sa mise en scène et son propos, ou si elle se limitera à une tentative maladroite, plus marquée par la controverse que par sa qualité cinématographique.
Blanche-Neige, un film de Marc Webb avec Rachel Zegler, Gal Gadot et Andrew Burnap, le 19 mars 2025 au cinéma.