Islande : voyage au cœur de l'extrême

Reykjavik branchée

Le Marina hôtel, à l’épicentre de la capitale islandaise, est l’hôtel branché de la cité maritime. Il a fallu l’imagination d’un décorateur inspiré pour transformer l’ancien atelier de peinture de bateaux en un Boutique hôtel différent où les locaux aiment à se retrouver en fin de journée. La vue sur la baie de Flaxaflói est superbe, les boutiques de décoration, les restaurants où se dégustent poissons et gigots de renne sont à deux pas. Reykjavik, dont le nom signifie "La baie des fumées" est aussi une ville nocturne, ce que peu savent. S’y côtoient foultitude de bars où se dégustent gins et bières "Made in Iceland" avec des concerts live ici et là. On file au Magic Ice, passe par le Harpa et le Leboviski Bar, se laisse entraîner ailleurs... On croise plus d’Islandais que de touristes et c’est cool, boréal.

Plein est vers une Islande inconnue

Le tarmac de l’aéroport de Reykjavik est d’un rouge sanguin au petit matin. Le soleil met du temps à se réveiller. L’avion décolle, direction "L’Austurland", l’Islande de l’Est telle qu’on l’appelle ici. Le spectacle est époustouflant. Survol du glacier de Vatnajökull, soit 8 300 km2, 80% des dimensions de la Corse. Puis l’aéronef se pose à Egilsstadir, à une heure de la capitale. Une descendante de vikings d’un bon mètre quatre-vingt-huit attend le voyageur devant un 4X4 Ford revisité de 7 mètres de long pour 2 mètres de haut. "On les fabrique ici. Avec un engin pareil on passe partout", déclare-t-elle alors qu’un torrent de cailloux roule dans sa gorge. Plus loin voici le village de pêcheurs de Borgarfjödur. Ce n’est pas tant les fils à linge où sèchent morues, aiglefins et loups de mer qui ont fait la réputation du bourg, connu de Gstaad à Los Angeles, mais plutôt la maison Islenskur Dún. D’avril à fin août, le village vit autour des "Lundi". Ces oiseaux, macareux au bec orange, à l’œil vif, reviennent chaque année, pondre un œuf en des nids que l’homme lui a confectionnés. Échange de bons procédés, fournissant le logis, le fermier récupère le duvet que l’oiseau va laisser. Le duvet d’oie est au Lundi" ce que le prêt à porter est à haute couture. La moindre couette se vendra dans le monde à partir de 8 000 euros, légèreté, fraîcheur et isolation acclamées.

Route de l’extrême

Les bagnards de la mer, venus de Dunkerque ou de Gravelines à quelques 1 828 kilomètres de là, ont laissé leur marque ici, dans le fjord de Faskrudsfjödur. Un petit village de pêcheurs, un infime cimetière marin où 49 croix sont gravées de noms français. Ceux de ces morutiers qui partaient pour "La grande pêche", six mois durant et qui, souvent, n’en revenaient pas. L’ancien hôpital construit par l’état français en 1904 est devenu un joli hôtel, où l’on retrouve sur les murs des images d’autrefois. Puis la nuit s’annonce sur le fjord qui s’enfonce dans les terres, bordé de montagnes enneigées. Le ciel se meut en une palette de peintre sous opium lorsque qu’apparait une géante aurore boréale, de rose, de vert et de mauve. Ici, à l’extrême pointe de l’île de glace, la nature est définitivement plus forte que l’homme, flirte avec les Elfes, puis Odin, Thor et Loki, les dieux du panthéon islandais, viking. Au-delà du "Village des Français", la route côtière est simplement à couper le souffle. Puis c’est le village de Breiddalsvik, son renommé Fish and Ships, la route encore. Des cascades monstrueuses jaillissent de montagnes sombres, la toundra, les rivières se noient dans les nuages. Surgit le lac d’Urridavatn, puis le village d’Egilsstadir, un spa comme nul autre sur terre, des bassins lacustres bordés de bois et une eau entre 38 et 40 degrés, tandis qu’au loin cavalent quelques chevaux aux crinières folles. La terre du bout du monde semble intacte, intouchée, inviolable.