Faro, bon plan de printemps

Une recommandation : pour le vol (1h45 depuis Nantes, 2h30 depuis Paris, 3 heures depuis Mulhouse), choisir un siège hublot. De là-haut, l’affaire devient limpide. Faro, blottie autour de sa cathédrale, domine l’Atlantique dont elle est protégée par une vaste lagune puis par une longue langue de sable blond. Le programme coule alors de source : séjour savant dans la ville blanche, alterné de pauses paresse sur la plage, nez plein ciel à suivre le vol des oiseaux de mer et les cabrioles des kitesurfeurs.

Faro (67 000 âmes) s’admire depuis la petite terrasse dessinée au sommet du clocher de sa cathédrale. Le bâtiment date du XIIIème siècle, c’est dire si la ville a du bagage. Oui, elle est miniature, la visite sera facile, oui, elle étonne par le silence de ses ruelles piétonnes bordées de jacarandas, de cactus et de flamboyants (le selfie sera splendide), oui, dans une chapelle de rencontre, on allumera un lumignon avant de se fendre d’une prière en se serrant la main un peu plus fort. C’est son ADN, la belle respire le religieux, elle multiplie églises, oratoires, cimetières et autres lieux de ferveur, tels ces ossuaires où sont entassés des milliers de tibias et de crânes, à la manière d’une compression morbide, une fantaisie de César avant l’heure. Y voir un message biblique signé par les moines de Faro. Ils disaient ainsi la vacuité de la matière avant de rejoindre le monde des lumières.

Au fil de la promenade, ne pas manquer d’admirer l’élégance des maisons patriciennes aux façades pastel, les placettes décorées d’azulejos visitant les haut faits des souverains portugais comme la gloire des marins de l’Algarve, les toitures ocres gardées par les cigognes dont la migration fait ici la pause, les jardinets plantés d’orangers… Enchanteur.

Demain, ce sera plage. Farol, Culatra, Deserta… Toutes si vastes qu’elles sont quasiment désertes et offrent le plus précieux des joyaux, l’espace, le souffle du large, l’ivresse d’un horizon sans limite. Loin, là-bas, c’est l’Afrique. Une multitude de petites navettes en assurent la desserte depuis les pontons de Faro. Avant de toucher les plages, le bateau traverse l’immense tapis lagunaire qui forme le parc naturel Ria Formosa, 18 000 hectares de bonheur pour des millions d’oiseaux migrateurs en pleine roucoulade, piaillerie ou autre caquetage.

Démonstration chaque soir dans les tavernes où les chanteuses de fado, la musique reine du pays, tiennent leur permanence. Une mini-scène, une poignée de spectateurs impatients, à tu comme à toi avec ses voisins, murmures, silence, trois accords de guitare, la belle en robe noire ferme les yeux, sa voix grave et sensuelle chante les délices de la passion, la douleur des abandons. Alors, le cœur se serre, les mots dansent sur un tendre brasier, le fado de Faro rend la nuit si douce qu’elle mérite un baiser.

Bon à savoir. Le Portugal vit avec un décalage d’une heure. Quand il est midi en Belgique, il est 11 heures à Faro. L’euro est la devise locale. De nombreux Portugais parlent le français. Se renseigner sur visitportugal.com.