Voyages

Bawah’s Reserve : l'Indonésie de Robinson

Une île, quelque part entre Singapour et Sumatra. Elle se fait perle des abandons, joyau du temps qui s’efface, nid des rêves exaucés. A Bawah’s Reserve, 36 villas vue grand large, 74 tortues résidentes et 13 plages de sable blanc, Robinson tient son Eden sous le soleil, sa planque à l’abri des regards. Le reste, on verra plus tard.

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Le paradis se mérite. Son chemin de foi exige cinq stations. D’abord, rejoindre Singapour. Puis, transfert jusqu’au port d’où part le ferry qui dépose sur l’île indonésienne de Batam. Transfert sur le tarmac voisin, grimper à bord de l’hydravion qui, 1h15 plus tard, glisse en douceur sur le lagon de Bawah’s Reserve, un archipel de six confettis oubliés. L’appareil, indispensable signature des aventures au bout du bout des mondes, s’amarre au ponton. Noix de coco percée d’une paille végétale, voiturette électrique, ciel azur et soleil de plomb. Le prénom des nouveaux venus a été gravé sur chaque résidence, chambre sur plage ou terrasse suspendue à fleur de lagon. Une tortue paresse devant un nuage de poissons miniatures qui picorent un bouquet de corail. Passer la porte, pause, lâcher prise. Il n’y a pas d’autre option.

Merveilleuse utopie

Ce décor d’aube des temps se dédie au respect total de sa nature. Son ordonnancement entend glorifier "l’île paradis", celle que nous inventions sur les bancs de l’école entre deux ennuis et, devenus grands, rêvons d’y jeter l’ancre pour échapper aux turbulences du jour, de la vie peut-être. Bawah’s Reserve matérialise la merveilleuse utopie de Tim Hartnoll. Le magnat singapourien du transport maritime s’offre ici une facétie de gamin, un pied-de-nez aux containers qui l’on rendu milliardaire. Avouerait-il que la simplicité d’une vie pieds nus dans le sable, fleur de frangipanier à l’oreille, vaut bien plus qu’un quotidien de ministre ?

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Stars, génies et sirènes

Oui, mais. A 2 000 euros la nuit, certes tout compris (sauf les boissons alcoolisées), le séjour s’adresse aux élus. Maillot de bain Eres ou Chanel, hublot de soleil Dior et Gucci, iPhone dernier cri, permettent d’assurer en excellente compagnie : grands noms des affaires, héritiers avisés, stars du petit ou du grand écran, génies du scalpel, créateurs de mode, sirènes de magazines veillées par un garde du corps mal rasé… Prière de ne reconnaître personne et de pratiquer un anglais soigné.

Nature initiale, initiatique

Demain, déjeuner servi sur la plage d’un des îlots qui cernent Bawah, paresse au bord de la piscine, rando en forêt ou snorkeling là-bas, autour des patates de corail qui composent un aquarium grandeur nature ? Ici, on laisse filer la vie au gré de ses belles facéties. Elles abondent, du petit jour si habile à peindre le monde en bleu, jusqu’à l’averse qui vivifie la couleur du feuillage comme celle des fleurs, en passant par les chaleurs moites auxquelles la sieste ne saurait résister et le crépuscule dont les ors enflamment le ciel et les regards…

Entre deux, laisser faire. Facile, les deux tables du domaine excellent : petit déjeuner somptueux, déjeuner sur la plage et dîner à tomber. Tout hédonisme assumé, on voit soudain le monde plus grand face aux infinis juste troublés par le ballet des oiseaux de mer, on libère son imaginaire. Merci au silence, à peine troublé par la chanson du vent que peignent les ramures des cocotiers à moins que ce soit celle des clapotis du lagon. Magies d’une nature initiale, initiatique.

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Le meilleur du monde

Le projet Bawah’s Reserve prend soin d’offrir le meilleur du monde à ceux qui s’y retirent le temps d’un ailleurs inspirant. Quitte à conjuguer les paradoxes, villas tout bambou, mobilier et tissus locaux mais air conditionné assuré ; énergie à moitié fournie par 170 panneaux solaires, chef épris de vins bios et des légumes cultivés dans le potager de l’île, mais menu présenté sur iPad et musique d’ambiance livrée par des enceintes Devialet ; refus de la télévision et des horaires, mais couverture Internet totale et voiturettes électriques à la demande. Ajouter la protection rigoureuse de l’environnement, la suppression des bouteilles en plastique et la récupération des eaux de pluie, les plantations de corail, la protection des bébés tortues (1 788 œufs pondus sur place) libérées pour leur premier grand voyage, le nettoyage quotidien des plages suivi du recyclage des déchets livrés avec la marée. Bravo, encore bravo.

Le général Paul

La recette garantit l’insouciance des hôtes qui, où qu’ils aillent, trouvent matelas et parasols pieds dans l’eau, peuvent opter pour le barbecue sur un îlot désert, avant d’applaudir les danses balinaises puis céder au romantisme d’un film projeté de nuit sur un écran géant. Rien n’interdit de rejoindre sa terrasse pour préférer la magie des étoiles.

Plus de 200 personnes assurent la cohésion de cette bulle d’autre-monde. Chacun sa tâche, cuistot, jardinier, serveur, marin, femme de ménage, greffeur de corail, biologiste experte en petits poissons comme en essences géantes, charpentier, pilote de hors-bord ou de voiturette, thérapeute du Spa, barman, plagiste, responsable de blanchisserie (service inclus avec la villa), comptable, il en faut, et même un général-en-chef, Paul.

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Meneur d’hommes et de projet

Cet infatigable quadra d’une énergie communicative se fait ici meneur d’hommes et de projet. Britannique de Singapour, marié à une française, Paul a débarqué sur Bawah’s Reserve en 2018, lorsque le propriétaire a lancé les travaux en lui confiant les clefs du royaume. Le cahier des charges était limpide : une poignée d’habitations, standing au top, guerre au CO2 pour ambiance 100% nature, service irréprochable et garantie d’une pause inoubliable. Allez, au travail ! Dans l’esprit de Tim Hartnoll, le coût, pas plus que la rentabilité ne font sujet, alors…

Homme vrai, sincère et nu

Six ans plus tard, Paul a jeté les bases d’un modèle hôtelier unique en Asie du Sud-Est : "Notre intention n’est pas de passer pour le meilleur resort du coin. Je veux que Bawah’s Reserve offre le séjour le plus dé-si-ra-ble de la région, que sur cette île, chacun retrouve l’élan, l’inspiration, la magie… Bref, le plaisir de vivre une part de son rêve". Un bouquet de nuages traverse le ciel, on dirait qu’ils dessinent un Crusoë magnifié, celui du mythe, le bienheureux sur son île, vrai, sincère et (presque) nu. Entre deux enthousiasmes, Paul a dit son nom de famille. Il s’appelle… Robinson. Il n’y a pas de hasard.

Y aller. Au départ de Paris, vols quotidiens assurés par Air France (airfrance.fr) et Singapore Airlines (singaporeair.com). Compter une douzaine d’heures de vol et six heures de décalage horaire. A partir de 1 400 euros l’AR en classe Economique et de 4 500 euros en classe Affaires.

Y séjourner. Le transfert entre Singapour et Bawah’s Reserve est assuré (voiture + ferry + hydravion) moyennant 900 euros par personne. Il dure environ 3 heures. Il est inclus dans les forfaits pour trois nuits (environ 6 500 euros la villa pour deux) ou cinq nuits (8 500 euros et au-delà) sur place. Ces tarifs sont tout inclus, sauf les boissons alcoolisées. bawahreserve.com

Escale à Singapour

Le choc est réjouissant. Passer des folies architecturales de Singapour à la simplicité nature de Bawah’s Reserve enchante l’imagination. Pour sublimer l’escale, direction le Mandarin Oriental. Oui, un 5-étoile, évidemment un service millimétré comme seule l’Asie sait les exiger, bien entendu des tables et des bars, on en redemande, une décoration grandiose, cela va de soi. Mais le "toujours plus" se révèle lorsqu’on regarde par la baie vitrée de sa chambre ou suite. L’hôtel donne directement sur Marina Bay Sands, ces trois gratte-ciel réunis par une improbable piscine géante de 150 mètres de longueur, l’extraordinaire Jardin de la Baie, îlot de verdure et d’architecture unique au monde, placé sous le signe de l’orchidée, le tout bordé par des ouvrages futuristes, une grande roue, des écrans géants (magnifiques animations de nuit) et, plus loin, la cohorte des cargos qui patientent au large avant de rejoindre les quais à containers. Bien vu, chaque suite ouvre sur un petit balcon avec table haute et deux chaises de bar. Chaque soir, spectacle grandiose au programme. Admirer, trinquer, tchin ! Soudain, on se sent presque maître du monde.

Environ 500 euros la chambre double, petits déjeuners inclus. mandarinoriental.com

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