Mode

On a rencontré Brandon Wen, le nouveau directeur de la mode de l'Académie d'Anvers

Le nouveau directeur du département mode de la mythique institution anversoise vient de Californie. Brandon Wen, 29 ans, succède au designer star Walter Van Beirendonck, après 15 ans de direction et 35 ans d'enseignement. Une transmission de valeurs, pour une transition en douceur.

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Depuis le milieu des années 80, la très prestigieuse Académie royale des Beaux-Arts d’Anvers fournit en directeurs artistiques et designers de talent les studios de création des plus grandes maisons de mode internationales. Walter Van Beirendonck, en insufflant sa vision assertive et fantasmagorique - rigoureuse aussi - de la mode, y a largement contribué, avec passion, engagement et générosité. Brandon Wen, jeune créateur américain aux racines chinoises et espagnoles, diplômé de l’Académie en 2019 sous la direction de Walter, prend sa suite dans l’internationalisation du génie créatif belge.

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Los Anvers

Brandon a grandi dans la Cité des Anges entre une mère comptable qui lui a transmis la précision de la gestion, et un père architecte qui a influencé son regard sur les lignes. Le jeune homme parle cinq langues et maîtrise couramment les codes d'extraversion du monde entier. Quand j' étais en dernière année de lycée, nous avons fait un voyage scolaire à Anvers. Ça a été un choc. Nous avons visité des galeries d'art et assisté au show de fin d'année de l’Académie. Je suis également passé par la boutique de Walter. Je suis tombé amoureux de cette ville, de son énergie. J’étais aimanté et je sentais que je trouverais à l’Académie du sens dans mes recherches.Il intègre l'école en 2015, sort diplômé quatre ans plus tard, mène un stage chez Rick Owens, et fait des rencontres décisives. Quand l'appel à candidature pour le poste à l’Académie a été lancé, les choses n'étaient pas encore très claires pour moi, mais mes amis m'ont encouragé.” Pour l'instant, le jeune homme se consacre à apprivoiser sa nouvelle position créative et pédagogique, qu'il qualifie de “cadeau de temps”. Créer une collection en mon nom implique une pression énorme. J’y reviendrai un jour, mais je dois d'abord me concentrer sur ma mission, tout en continuant à mener des réflexions pour moi-même, à un rythme très personnel.” Déjà dans le rôle et très intégré, Brandon laisse parfois filtrer une pointe d’accent flamant quand il s’exprime en anglais. On m’a annoncé ma nomination par téléphone, alors que j’étais dans le Thalys. J'ai crié, tout le wagon s'est retourné. J'ai dû aller m'asseoir dans la voiture bar, heureux, un peu confus, excité et choqué. J'ai rêvé si longtemps de cette école. Quand j'étais adolescent à L.A., je regardais tous les shows sur mon ordinateur”.

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Transmission et prochaine génération 

Il fonde en partie son projet de direction du département sur la grande quantité d’archives auxquelles il a accès. Il y est question de créativité et de tradition de l'école belge. Les étudiants ont toujours besoin d'ouvrir les horizons de leur imagination, d'explorer ce que la mode pourrait être. D'expérimenter aussi d'autres métiers de la mode. Je veux garder l'intensité, la façon dont les cours sont enseignés. Mais j'ai aussi mon énergie personnelle, envie d'inspirer par l'enthousiasme, par le fun. Les gens ont souvent peur de l'école, j'ai envie de changer ça. L’Académie bénéficie d'une réputation considérable, d'un réseau immense, c'est une institution belge très spécifique, finalement déjà très internationale. Je pense qu'on peut encore mieux développer et utiliser notre réseau”. Il évoque le soutien sans faille de Walter Van Beirendonck, qui sait aussi garder ses distances pour qu'on se sente libre. Lorsque j'ai été nommé, il a été adorable. Il m'a prévenu que la tâche serait dense, et m'a assuré que je pouvais y arriver. Il faut de l'énergie, et je n'en manque pas. Son appui aussi, c'est un cadeau.Le jeune créateur s'apprête à diriger une école dont il était étudiant en même temps que ceux qui, plus jeunes que lui, sont toujours élèves. Mais il va également diriger ses anciens professeurs. C'est excitant, et tout autant vertigineux.” Il donnera des cours de design en troisième année, et annonce déjà un mélange de fantasy et de réalité.” Ceci, dans la continuité d’une belgitude par adoption. Il y a dans cette culture une évidente excentricité, un éclectisme, un goût de l'innovation dans la recherche. Un équilibre entre la tradition et un côté bourgeois, une curiosité envers les autres, une extraversion”. Quelle sera sa signature dans l’enseignement ? Il rit. C'est un peu tôt pour le dire, mais je pense déjà à une tendance à l'expérimentation, une envie d’explorer tous les potentiels des tissus et des volumes. Une invitation à l'exubérance, la joie de la matière. J’ai envie de pousser le plaisir et la curiosité. Tout ce qui a fait mes années d'étudiant à l'Académie, qui ont été très heureuses. Bien sûr, c'était dur, notamment parce que j'ai une personnalité très intense, mais je me sentais libre.” Multipliant les idées, il souhaite que l’école continue à se développer comme un lieu où les gens peuvent à la fois être créatifs, et apprendre à l’être toujours une fois qu' ils seront diplômés. Qu' ils deviennent des artistes pérennes, même une fois sortis de la bulle de l'école.Brandon souligne que Anvers et la Belgique sont un bon endroit pour être un jeune artiste : il y a beaucoup plus d'ouvertures ici qu'à L.A., où on est noyé dans la masse. En outre, le look des Anversois est intéressant, l'avant-garde est partout.” Ce qui lui manque de Los Angeles ? (Il rit, encore.) Le climat !”.

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