Mode

Martin Margiela : 10 choses à savoir sur le plus secret des créateurs de mode belges

L'Officiel célèbre le designer belge emblématique et ultra discret en revenant sur sa vie et son héritage.

Vous connaissez très certainement la maison de couture Maison Margiela, mais peut-être moins son créateur, Martin Margiela. Né en Belgique en 1957, ce dernier est connu pour être très discret, alors si vous ne pouvez pas imaginer son visage clairement dans votre esprit, c'est normal. Ce qui est facilement reconnaissable chez ce mystérieux créateur, c'est son influence sur la mode. Dans chaque silhouette déconstruite, recyclée et/ou surdimensionnée que l'on voit dans la mode d'aujourd'hui, il y a un peu de Margiela. Ces caractéristiques ont été les premières marques de fabrique du créateur, bien avant que l'industrie ne soit saturée par ces trois éléments disctinctifs. Margiela se consacrait à l'histoire de la mode et aux implications sociétales de la fabrication des vêtements. Il traitait les vêtements comme un chirurgien : il les disséquait soigneusement pour les réassembler de manière inattendue, laissant chaque pièce en meilleur état que lorsqu'il l'avait trouvée. 

À la fin des années 1980, Margiela s'installe à Paris, juste à temps pour rejoindre la nouvelle génération de talents émergents connus comme les Six d'Anvers, dont Ann Demeulemeester et Dries Van Noten. Il a fait un stage chez le célèbre créateur français Jean Paul Gaultier, après quoi il a lancé sa propre maison, Maison Margiela. L'esprit rebelle de la marque est rapidement adoré par la mode. Qu'il s'agisse de l'emplacement des défilés, des mannequins non conventionnels qui les animent ou de la très populaire chaussure Tabi, le sens de la mode propre à la marque s'est transformé en un style à part entière. Mais cette évolution a été trop rapide pour Martin Margiela, qui craignait d'être aspiré par la culture du créateur-célébrité et de perdre la qualité de ses vêtements au profit des exigences du commerce de la mode.

Il a donc disparu. D'un seul coup, Margiela a refusé les interviews, d'être photographié, ou même d'échanger des plaisanteries en coulisses après un défilé. Il a dévoilé ses vêtements sur les podiums sans explication, ni défense s'ils étaient critiqués. La seule loyauté de Margiela était envers ses vêtements et ses clients, ce qui a stupéfié l'industrie. En 2008, le créateur a présenté son tout dernier défilé et, onze ans plus tard, il a révélé l'histoire de son travail dans un documentaire intitulé Martin Margiela: In His Own Words. Créé par le cinéaste Reiner Holzemer, le film a fait ses débuts au festival Doc NYC en 2019 et est désormais disponible en streaming sur Amazon Prime.

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Martin Margiela: In His Own Words - Official Trailer

Dans Martin Margiela: In His Own Words, le créateur préserve son anonymat en ne montrant jamais son visage, ne laissant entendre que sa voix. Ses propos sont accompagnés par ceux de divers autres historiens et experts de la mode, et sont plus que suffisants pour comprendre la vision créative de Margiela. Mais si vous voulez en savoir plus, voici 10 choses que vous ne connaissiez probablement pas sur le plus secret des créateurs belges.
 

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Il a étudié la mode à l'Académie royale des beaux-arts d'Anvers entre 1977 et 1980. L'école a été fréquentée par d'autres grands noms de la mode, dont Dries Van Noten, Raf Simons, Walter Van Beirendonck, Bernhard Willhelm et Ann Demeulemeester, entre autres.
Dans ce qui est probablement sa seule interview enregistrée datant de ses années d'études supérieures au début des années 80, il a révélé qu'il s'était intéressé à la mode lorsqu'il était enfant, après avoir regardé une émission de télévision présentant les créateurs des années 60 André Courrèges et Paco Rabanne. Il a déclaré au magazine "Sphere" : "Dès que j'ai vu leurs créations, je me suis dit : 'C'est merveilleux, des gens font le genre de choses que je veux faire'".
Margiela a été l'un des premiers grands créateurs à s'engager dans une approche plus durable de la création de mode en réutilisant et en modifiant des vêtements existants pour en créer de nouveaux, ce que nous connaissons maintenant sous le nom d'upcycling.
Tout en dirigeant son propre label très actif, il a également assumé le rôle de directeur artistique de la mode féminine pour la célèbre maison française Hermès en 1998.
Margiela n'a jamais été lié aux notions traditionnelles de beauté. Dès son plus jeune âge, il adorait les femmes au grand nez et, tout au long de sa carrière, il n'a cessé de promouvoir des mannequins non conventionnels lors de ses défilés.
Le créateur aimait utiliser des matériaux bon marché dans ses créations haut de gamme, comme une sorte d'humour. Tout, des manteaux faits de perruques aux écharpes découpées dans des guirlandes de Noël, est sorti de Maison Margiela.
L'œuvre de Margiela a tellement inspiré Raf Simons que, jeune homme, il a changé d'orientation professionnelle, passant de concepteur de meubles à créateur de mode.
Il n'aime pas les réseaux sociaux et les a même cités comme l'une des raisons pour lesquelles il a choisi d'arrêter complètement de faire de la mode. Margiela a été honoré lors des Belgian Fashion Awards 2018, et a publié une déclaration qui comprenait une explication de ce désamour : "J'ai senti que je ne pouvais plus faire face à la pression mondiale croissante et aux exigences démesurées du commerce. J'ai également regretté l'overdose d'informations véhiculées par les réseaux sociaux, détruisant le 'frisson de l'attente' et annulant tout effet de surprise, si fondamental pour moi."
Le créateur a passé une grande partie de sa retraite de la mode à voyager et à créer des collages et autres œuvres d'art qu'il prévoit d'exposer à Paris à la fin du mois d'avril dans ce qui sera sa première exposition personnelle.
Le rappeur/designer Kanye West est un grand fan de Martin Margiela. Il y fait référence dans sa chanson de 2011 "Ni**as in Paris", après quoi Maison Margiela a créé des vêtements de scène et des masques pour sa tournée Yeezus en 2013.

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