Marine Serre : "C’est super important que le foot féminin soit reconnu"
Depuis son dilpôme de la Cambre à Bruxelles, et sa première collection en 2017 repérée par le prix LVMH, le festival d’Hyères et l’Andam, la créatrice française Marine Serre connaît une ascension fulgurante. Avec cette collaboration, elle présente un maillot conçu pour être porté par-dessus une combinaison imprimée : un style radical au quotidien.
Pouvez-vous nous raconter votre parcours mode, depuis l’école La Souterraine à Limoges jusqu’au très prisé prix LVMH que vous avez remporté en 2017, en passant par McQueen et Balenciaga au côté de Demna Gvasalia?
Je n’ai jamais travaillé là où la mode est très présente. J’ai étudié à Marseille, Limoges et Bruxelles, et non à Anvers, Paris ou Londres. Cela m’a donné une certaine perspective. J’ai commencé par regarder le vêtement, avant même de savoir de qui il était signé. Ce qui est important, c’est de voir la façon dont les gens s’habillent au quotidien, regarder un tissu tomber, comprendre sa construction, ses finitions, à quoi il sert, son histoire, savoir si les détails d’hier nous servent encore aujourd’hui. Il existe déjà beaucoup de marques et on consomme assez, on n’a donc pas vraiment besoin de nous, designers, sauf pour proposer quelque chose de nouveau, un vêtement utile, drôle et pratique.
Ancien espoir du tennis français, vous avez été très liée au sport pen- dant l’enfance, et l’on retrouve aujourd’hui dans vos collections des bustiers scuba, des sacs ballons... Peut-on parler du sport comme faisant partie de votre ADN ?
Le sport à travers le tennis fait partie de mon enfance. Avec lui, j’ai aiguisé mon œil à la fonctionnalité du vêtement qui doit être pratique, nous permettre de bouger, de se sentir libre. Tout cela est lié à des technicités. Si on parle de tennis, on parle de matières, de longueur de jupe, de codes couleurs.
Comment s’est passée votre rencontre avec Nike ?
La première fois, c’était pour un projet avec Serena Williams, qui revenait jouer à Roland-Garros, un grand moment. J’avais créé une tenue, pour elle et sa fille, non destinée à la vente et qui leur a été offerte. J’imagine que Nike connaissait mon attrait pour le tennis, et ce que je savais faire avec le vêtement. Après cette collaboration, on a parlé de leurs futurs projets, dont celui-ci.
Quel est votre premier souvenir mode avec Nike ?
L’une de mes premières robes de tennis, le modèle d’Anna Kournikova couleur bleu marine. La première robe technique du monde du tennis. Elle apportait un look assez atypique sur les courts. Elle était très chère pour moi, environ quatre-vingts euros, mais je pouvais me l’offrir pour Noël, c’était pas un design à trois cents euros. J’ai joué quelques compétitions avec elle et j’ai beaucoup aimer la porter.
Vous avez réalisé avec Nike votre première collaboration, est-il facile de jouer une partition à quatre mains ?
Nike, c’est pas une autre marque, c’est un géant. Ce n’est donc pas tout à fait la même chose que de collaborer avec un autre créatif. Je ne vois pas de difficulté à collaborer, bien sûr il y a des contraintes mais la mode ne se crée qu’à partir de contraintes. C’est donc plutôt très intéressant et on s’apporte mutuellement quelque chose. Tant qu’il y a un dia- logue, il n’y a pas de mauvaise collaboration.
L’ouverture du monde du sport envers les femmes avec cette coupe du monde de football féminine, sport longtemps réservé aux hommes, montre que le monde change... Cela fait-il partie de vos combats ?
C’est super important que le foot féminin soit reconnu au même titre que le football masculin. Que ce soit pour moi ou ma marque, ce sont des valeurs que nous défendons. Ces questions devraient être déjà réglées et en parler signifie qu’elles ne le sont pas. Je suis engagée, non pas parce que je suis en colère, mais parce que c’est normal de l’être. Cette cause de l’égalité est pour moi déjà réglée.
Parlez-nous des causes que vous défendez...
À travers ma marque, je réalise une “green line” fabriquée à partir de vêtements déjà portés et recyclés, avec un mode de production dédié, afin qu’ils deviennent des produits finis de luxe. C’est un challenge. Et c’est l’engagement de la marque en 2019.