Festival d’Hyères : qui est Tom Van Der Borght, le grand gagnant belge de l'édition 2020 ?
Maître dans l’art de la récupération de l’accumulation, le styliste belge Tom Van Der Borght a remporté la 35e édition du Festival d’Hyères. Initialement prévu du 25 au 29 avril 2020, l'événement a été décalé de six mois suite à la pandémie et les défilés se sont donc déroulés du 16 au 17 octobre dernier. Ce festival, fondé et dirigé par Jean-Pierre Blanc et présidé par Pascale Mussard, est le plus vieux concours de mode servant de tremplin aux jeunes créateurs.
D’après le jury, la décennie qui arrive a besoin de nouveauté et d’originalité, d’une beauté inhérente à la mode, au fait maison, et à la technique. Le Belge répond parfaitement à ces critères, proposant de tout nouveaux types de formes, et de nouveaux types d’engagements. Pour le concours, le créateur a imaginé une collection baptisée "7 façons d’être TVDB", un assemblage minutieux de cordes d’alpinisme, de serre-câbles, ou encore de tissus rebrodés de perles et de breloques. Cette collection totalement colorée et loufoque a fait sortir le créateur du lot. "Tu peux les porter si tu oses le porter". Telle est la vision du créateur de vêtements fabriqués en matériaux recyclés.
Les imperfections comme point de départ
Tom Van der Borght a obtenu son diplôme de styliste en 2012 à la Stedelijke Academie voor Schone Kunsten de Sint-Niklaas. À l'âge de 27 ans, il découvre qu'il souffre d'un trouble musculaire neuropathique héréditaire, ce qui l'a confronté à la question suivante : qu'est-ce qui est vraiment important dans la vie ? C'est à ce moment qu'il a décidé d'étudier la création de mode et de poursuivre ses rêves d'enfant. De 2012 à 2016, il a eu l'occasion de faire état de son talent lors des Fashion Weeks de Berlin, Paris, Londres et Panama. Ses collections ont été vendues aux États-Unis, au Japon et dans toute l'Europe.
Pendant ses études, il s'intéressait déjà aux frontières entre la mode et l'art. La réflexion sur son propre parcours dans le travail social et sur ses dispositions personnelles dans la vie, l'ont amené à s'interroger sur les structures sociales, les fontières, les limites,... Le langage visuel développé par ses collections va bien au-delà des vêtements, créant toujours un univers très personnel et interrogateur, combinant les médias et franchissant les frontières entre la mode et les arts.
Tom Van der Borght travaille comme artiste indépendant dans son studio de mode artistique. Il se concentre sur des sujets très divers : mode, textile, graphisme, vidéo, installation et scénographie. Il produit ses propres œuvres libres et, en parallèle, il travaille sur commande pour différents partenaires. Le styliste voue une fascination permanente pour les défauts et les erreurs, ce qui vient de sa propre authenticité et de la remise en question des erreurs génétiques qui ont façonné le créateur depuis sa naissance. Trouver une place dans la société a ainsi toujours été un élément central dans son œuvre et sa vie. Cela a généré un fort intérêt pour la culture tribale, les rituels et les structures alternatives/indigènes/tribales/sociales, et les éléments à venir comme les costumes, la danse rituelle, les actes performatifs. Le fait d'être né dans une famille flamande typique de la classe moyenne, où la culture n'existait pas vraiment, l'a ainsi conduit à être fasciné par la culture pop, MTV et les sous-cultures.
"Ma première inspiration en matière de mode est venue des années 80, lorsque je me suis penchée sur les magazines "Mode, C'est Belge". La formation classique de couture de ma mère m'a également influencé dans mon amour pour les vêtements. Plus tard dans ma vie, j'ai été initiée à des formes de "culture" plus "élevées". L'essentiel dans mon travail est le mélange de ces deux opposés de la "culture", pas nécessairement en tant que rivaux ou opposés", souligne le Belge.
En 2019, Tom Van der Borght a pris un nouveau départ. Il se concentre sur un chef-d'œuvre élaboré, baptisé "7 façons d’être TVDB", qui est un autoportrait multidisciplinaire, à la frontière entre le bricolage high-tech, la haute couture, la mode avant-gardiste et les performances low tech. Une première étape de ce travail a été présentée au festival FashionClash de Maastricht, avant de remporter le Grand Prix du Jury du Festival ainsi que le Prix du public à Hyères. Un nom à suivre de près.
