Mode

Clémentine Balcaen : la mannequin-photographe belge repérée chez Vuitton à suivre de près

Elle a 21 ans, est originaire de Belgique, brille par sa beauté et son naturel déconcertants. Comme si cela ne suffisait pas, la jeune femme débute également une carrière dans la photographie. Rencontre avec Clémentine Balcaen, talent multidisciplinaire de la nouvelle génération.
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Clémentine Balcaen a 17 ans lorsqu’elle se retrouve, par un heureux hasard, au sein des locaux de Flag Model, une agence de mannequins à Bruxelles. Repérée par un certain John — son fidèle agent d’hier et d’aujourd’hui — elle ose déposer sa candidature… Sans imaginer le fabuleux destin qui l’attend. Au début, Clémentine réalise des shootings tests, avant de partir pour Londres y rencontrer son agence MandP qui l’envoie marcher devant Nicolas Ghesquière, Directeur artistique chez Louis Vuitton. À sa grande surprise, son profil est retenu pour une exclusivité chez la mythique Maison française. Une expérience inespérée pour la jeune femme, qui ne l’a pas empêchée de développer en parallèle son art singulier pour la photo. Clémentine nous en révèle davantage.

Du mannequinat à la photographie : comment expliques-tu ce lien entre ces deux passions ?

Le mannequinat n’est pas une passion, même si j’apprécie ce travail. Je me pose beaucoup de questions à propos de mon rôle dans l’industrie de la mode, qui n’est pas totalement en phase avec mes idées. Par exemple, je n’achète plus de vêtement neuf. Or, mon image chez Louis Vuitton sert à vendre des produits. C’est ce paradoxe qui m’a déplu au début. Je ne savais plus où me placer entre mes valeurs et ce qu’on attendait de moi. Mais très vite, les nouvelles rencontres, les voyages, les expériences en tout genre, l’observation du travail de grands photographes comme Paolo Roversi, ou encore la peur et la joie de certains moments m’ont donné de la matière à exploiter à travers mes photos et vidéos. J’ai ce besoin viscéral de raconter ce que je ressens lorsque je vis des évènements. C’est un peu comme une thérapie. Déjà petite, j’écrivais des scénarios que je tentais de réaliser avec ma petite sœur. Puis, à l’adolescence, j’ai expérimenté la vidéo. Le résultat était loin d’être incroyable mais cela me permettait déjà d’extérioriser.   

 

Qu’est ce qui t’intéresse dans la photographie ?  

J’ai compris grâce à la mode que je n’aimais pas photographier la réalité. J’aime prendre des humains et les transformer avec du maquillage, avec un stylisme un peu crazy. J’essaie d’y ajouter du second degré et de l’humour. Lorsque que je suis à Paris pour travailler comme modèle, ma motivation n’est pas l’argent ou le “prestige” mais l’expérience et les photos que je vais pouvoir en tirer. La photographie est à la fois un exutoire et un excellent moyen pour immortaliser des moments que je désire garder en mémoire.

 

Peux-tu définir ton travail en 3 mots ?  

Spontané, insouciant et coloré.  

 

Qu’aimes-tu capturer ? 

J’aime tout photographier, à condition de le transformer un peu à ma manière. J'aime donner à mes images un caractère énergique et rafraichissant — en y ajoutant par exemple des éléments comme mes membres, mes cheveux, des fruits, mais aussi en créant des looks étranges pour mes modèles par le biais du maquillage ou de certaines positions. Puis je joue beaucoup avec mon appareil photo afin d’apporter un peu de mouvement à l’image.  

 

Quelles sont tes inspirations quotidiennes ?

Je puise mon inspiration dans ce que je vis quotidiennement. C’est pourquoi je travaille de manière très spontanée en numérique, argentique et polaroid. J’essaie de saisir l’instant présent en le mettant parfois légèrement en scène. J’organise aussi des séries à l’avance. Par exemple, lorsque je travaille avec The MillaGlace, une drag-queen avec qui je shoote régulièrement, on parle brièvement ensemble de l’esprit qu’on souhaite obtenir pour la série à venir. Pour autant, une fois le moment venu de prendre les photos, le hasard reprend systématiquement le dessus. Il me semble donc que la spontanéité reste essentiel dans mon travail.  

 

Comme tout grand artiste, possèdes-tu des muses ? 

Énormément ! D’abord il y a mon chien Oscar, que je prends très souvent en photo, mais aussi Gaspard, mon fiancé illustrateur graphiste avec qui on expérimente beaucoup. Ensuite, Mariam Devinzelle, avec qui je partage le même recul sur la mode. Ce qui nous a mené à réaliser ensemble des shootings toujours plus fous. Par exemple, l’année dernière nous avions réalisé une caricature de campagne pour une robe. Nous l’avions fabriquée avec la nappe et les serviettes du lunch de chez Louis Vuitton après le repas. Enfin, je travaille beaucoup avec mes amis et mes deux sœurs, Julie et Rosalie.  

 

Tu travailles avec des couleurs très saturées est-ce volontaire ?

Je ne sais pas d’où cette obsession pour la couleur provient. La seule explication serait que je vis tout intensément, en amplifiant mes émotions. C’est peut-être cela que je retranscris dans la saturation de mes couleurs…

 

Tu travailles également sur différents supports (papiers, serviettes de bain, etc.). D’où t’es venue cette idée ? 

J'aime beaucoup expérimenter lors de l’impression : c’est génial d’observer l’image sur plusieurs supports ! J’ai d’ailleurs ait souffrir beaucoup d’imprimantes en y insérant n’importe quoi dedans.   Quant à mes expérimentations sur les serviettes de plage, je trouvais simplement la mise en abîme rigolote, d’aller à la plage avec une serviette qui illustre les vacances. 

 

Quels artistes sont tes références ?  

Je passe beaucoup de temps sur Instagram à contempler le travail de divers artistes. C’est un catalogue d’inspiration incroyable et ça me permet de suivre des artistes contemporains qui vont plus loin dans leurs démarches créatives. Au risque paraître clichée, je suis très admirative du travail d’Helmut Newton, qui demeure un de mes photographes préféré.  

 

Qu’attends-tu de l'avenir ? 

Tout simplement continuer à faire ce que je fais aujourd’hui jusqu’à la fin de ma vie ! Je rêve d’être reconnue pour ce que je crée, et de pouvoir en vivre. Je travaille actuellement sur un projet de livre de photographies que j’aimerais éditer. Ensuite, j’ai créé le magazine Souk que j’aimerais également éditer. Il regroupe les clichés que j’ai capturés dans le monde de la mode et se construit en 4 phases : observation, réaction, expérimentation et appropriation. Enfin, avec Gaspard, on aimerait créer notre galerie propre afin d’exposer ce que l’on produit seul ou ensemble qui s’intitulerait Le dromadaire à deux bosses. Beaucoup de projets qui, je l’espère verront le jour.

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Clémentine sur les podiums Vuitton :

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