Stefan Kartchev : la mode à multiples dimensions
Ils sont jeunes, ils sont bons, ils sentent le succès chaud. Trois artistes belges – ou presque – qui innovent, explorent et redéfinissent les contours de la créativité contemporaine nous ouvrent leurs terrains de réflexion.
Le designer bulgare de 33 ans, diplômé en stylisme de l'Académie d'Anvers en 2018, est accueilli en résidence au MAD jusqu’en septembre prochain. Cet expérimentateur des images et des matières, Bruxellois depuis trois ans, a grandi à Paris et à Genève. Il produit ses collections masculines et genderless en Bulgarie où il a développé son réseau de production. Lui qui collabore avec des performeurs utilise des tissus techniques innovants où il imprime ses univers composés. Auparavant, Stefan a participé au projet Mutani, concept avant-gardiste lancé par une société belge de création digitale qui conçoit, avec des développeurs digitaux, des vêtements virtuels destinés au métavers. Là, il explorait ce que peut être la création sans matérialité. "En 3D, on peut recréer virtuellement des mouvements de matières, avec des changements de gravité." Stefan mène des recherches sur l’abstraction, il propose une approche hybride qui dépasse le cadre d'une marque. "Je garde l'esprit ouvert." Sa collection de vêtements et son travail sur les imprimés se fondent sur des échanges artistiques interdisciplinaires avec, entre autres, une dentellière, deux modistes bulgares (mère et fils) et une restauratrice textile spécialisée en costumes traditionnels anciens.
Une réflexion à 360 °
Stefan a travaillé pour Walter Van Beirendonck, Rombaut et Y/Project, tout en exécutant des missions free-lance comme designer graphique. Il combine différentes techniques, superpose des prints, compresse, combine des matières et des motifs, ne cherche pas à accumuler les références. "Je scanne, j'imprime, je dessine, je corrige, je rescanne, je sculpte l'image et, parallèlement, je cherche des coupes et des volumes pour obtenir une narration fictionnelle qu’on ne verrait pas dans la vraie vie." Sa collection comprend des éléments d'active sportswear, qu’il distribue sous sa marque Kartchev. Si, pour acheter ses pièces en magasin, il faut se rendre au Japon, on les trouvera bientôt dans sa boutique en ligne. "Me consacrer en profondeur à la recherche, à la fois professionnellement et humainement, a été mon antidote à la folie mode. J'ai réalisé que plusieurs activités pouvaient coexister. Je crois dans le pouvoir des collaborations entre différents métiers." Et il trace les contours d’une nouvelle image de la création.