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Olivier De Croock : le DA de Graanmarkt 13 nous ouvre les portes de son intérieur

Olivier De Croock nous ouvre la porte de son tout nouvel antre anversois avant même d’y avoir suspendu les rideaux… Une exception pour celui qui, en principe, ne dévoile jamais un projet avant son terme.

© Justin Paquay
© Justin Paquay

"J’ouvre les yeux, je sors du lit, je passe sous la douche, j’applique mes sérums, je fais sortir les chiens et je me sauve." Pas simple de jongler avec deux emplois quand on n’est pas du matin, et Olivier De Croock le sait mieux que personne. "J’entre tout de suite en action, sinon je m’arrête avant même d’avoir commencé. Ça génère pas mal de stress, mais c’est cette adrénaline qui me fait avancer." De quoi surprendre quand on songe aux douces vibrations en mode "slow life" de son compte Instagram qui attire de nombreux followers. Aucune inquiétude : Olivier De Croock trouve le moyen de se reposer mais on y reviendra après avoir évoqué son agenda chargé. Le jour, il est l’ambassadeur du célèbre concept store Graanmarkt 13 et, la nuit, il planche sur des projets d'intérieurs, de design et de compositions florales pour le compte du Studio Croock. Après avoir acquis les ficelles du métier auprès de l’artiste floral belge Daniel Ost, il a associé son amour des fleurs à sa passion pour la décoration. Résultat : un emploi du temps très varié, entre écumer Internet à la recherche d’un plâtre bien précis, allumer en personne 145 bougies dans un show-room pour créer l’ambiance appropriée et consacrer les 48 heures suivantes à mettre au point des compositions florales d’un grand mariage. Sa page Instagram est la vitrine de tout ce qu’est Croock : un flux inspirant de livres, fleurs, luminaires et meubles minimalistes. Depuis son installation, il y a quelques mois, dans un appartement flambant neuf à Anvers, ce perfectionniste né savoure pleinement son amour de la décoration. Un nouvel univers distillé au compte-gouttes, car même ses amis n’ont pas encore eu le droit d’y mettre les pieds. "Les rideaux ne sont pas encore accrochés et tant que tout l’intérieur n’est pas terminé, je ne laisse entrer personne. Et pourtant, j’adore recevoir : mon ami Hannes, qui vient d’ouvrir Cèpes, un établissement traiteur, se met aux fourneaux et je m’occupe de dresser la table. Un plaisir mis en sourdine pour l’instant, mais il ne faut pas précipiter les bonnes choses. J’aime les laisser se mettre en place, pour moi comme pour mes clients. Quand je pénètre dans une pièce ou que j’amorce un nouveau projet, les idées fusent instantanément, mais je sais par expérience qu’il est préférable de les laisser décanter un peu avant de leur donner forme. En matière de décoration d’intérieur, je m’attèle d’abord au cadre général : les couleurs, les matériaux et les murs. Puis viennent les plus gros éléments du genre canapé, table, chaises sans oublier quelques œuvres d’art. Ce n’est qu’ensuite que je m’attaque aux détails comme les objets de décoration, les vases ou les fleurs. J’aime travailler avec une base de tons neutres que j’agrémente de points d’attraction flexibles. Des pièces interchangeables pour modifier l’intérieur de manière cyclique. Il suffit d’introduire des petites touches, des bougies aux lampes en passant par les plantes. Des branches de magnolia au printemps et de cynorrhodon en automne. Ce ne sont pas des changements radicaux, mais les détails apportent la touche finale. Choisir est rarement une source de stress pour moi et c’est précisément ce qui fait ma force. Que j’aie ou pas l’embarras du choix, je sais toujours opter immédiatement pour le beau à mes yeux. C’est oui ou non d’emblée comme si j’avais en moi une sorte de mécanisme de détection instantanée. Loin de moi l’intention de me montrer dur. Un refus peut toujours être formulé sur un ton amical. Je me montre aussi très sélectif quand des marques m’envoient gratuitement des objets. En fait, je refuse énormément de choses : tout accepter et tout trouver génial peut aussi s’avérer épuisant à la longue. On se sent submergé et on n’y voit plus clair. Il est indispensable de faire une sélection."

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© Justin Paquay

Olivier De Croock qualifie son style d’intemporel, avec une touche d’éclectisme. Son nouvel appartement, par exemple, a pour écrin une bâtisse Art déco centenaire, mais il a décidé d’y intégrer des éléments radicalement modernes. La cheminée en marbre a ainsi cédé la place à une variante en acier brossé qui frappe le regard. Une main gigantesque posée sur un socle façon drapé invite à se rapprocher pour s’asseoir à côté de Coco et Blue, ses "deux teckels qui se comportent comme des humains gâtés", sur un Pillow Sofa, un canapé aux assises modulaires, de KASSL Editions. Le long du mur, une étagère Poul Cadovius accueille une impressionnante collection de revues et de livres d’art. "Le soir, on adore se détendre ici. Les livres sont mon péché mignon. J’aime tout ce qui traite d’artistes et d’intérieurs. J’y puise beaucoup d’inspiration. Je possède aussi toute une collection de magazines. Lors d’un déménagement, c’est la première chose dont les gens se débarrassent mais moi, je garde tout. Mes éditions de L’Officiel Hommes, Vogue, Architectural Digest et d’autres m’ont suivi jusqu’ici. J’adore feuilleter un numéro vieux de quinze ans et découvrir ce qui se faisait à l’époque. Ça me permet de faire le plein d’idées originales car j’ai l’impression qu’elles font défaut dans la plupart des maisons. Je trouve tellement dommage cette tendance au mimétisme. Certains ont un intérieur magnifique mais on en trouve facilement dix ou vingt du même style : mêmes artistes, mêmes meubles… Chaque personne est unique et son intérieur devrait l’être aussi. On passe ainsi à côté d’une foule de designers bourrés de talent et de créations innovantes. Avant, j’adorais aller fouiner et j’étais un bon client de Troc. Aujourd’hui, Instagram me permet d’entrer très facilement en contact avec des créateurs du monde entier. Dernièrement, je suis allé manger avec un New-Yorkais qui fabrique de magnifiques luminaires. De nos jours, il est très difficile de se lancer, nous devons nous soutenir les uns les autres. Je fréquente des salons comme l’Affordable Art Fair pour dénicher ce genre d’artistes. J’aimerais que ça débouche à terme sur des collaborations. Je suis frappé de voir qu’aujourd’hui, tout ce petit monde se montre plus ouvert à l’idée d’unir les forces alors qu’avant, le chacun pour soi prédominait."

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© Justin Paquay

"Je suis plutôt automne, Noël et hiver, la période où je décompresse. L’été, les choses s’enchaînent vite, on passe d’un barbecue à un autre. Le soleil est là et il faut vivre un maximum à l’extérieur. Un petit week-end à la mer par-ci, un petit dîner par-là. Je ne nie pas que c’est très sympa, mais quand les jours raccourcissent, toute cette pression retombe. La pluie est un vrai bonheur, on allume des bougies le soir et on se prélasse sur le canapé. C’est la période de mon anniversaire et de notre escapade annuelle en Écosse. Hannes et moi raffolons des voyages à travers le monde, mais depuis quelques années, nous avons aussi notre périple automnal. Rien qu’à deux. Pourtant, l’Écosse n’a rien d’une destination facile, rien à voir avec un city-trip où tout est servi sur un plateau. Nous nous sommes retrouvés par hasard dans ce pays et nous sommes tombés sous son charme. Il faut parfois faire deux heures de route pour aller quelque part, mais ce n’est pas dérangeant. Randonner pendant des heures, visiter des vieux châteaux, se laisser inspirer par des collections d’art comme celle de l’hôtel The Fife Arms, ça recharge complètement mes batteries, bien plus que des vacances à la plage ou la visite de l’une ou l’autre métropole. On m’a confié la décoration florale d’une grande fête privée prévue l’année prochaine dans la petite chapelle de Balmoral. C’est là que la famille royale britannique assiste à la messe dominicale lors de ses séjours. Cette fête ayant lieu le samedi soir, il se pourrait parfaitement que le roi Charles trône le lendemain au milieu de mes créations: ce serait trop génial !"

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© Justin Paquay

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