Lucky Love : la musique à sensations
Ils sont jeunes, ils sont bons, ils sentent le succès chaud. Trois artistes belges – ou presque – qui innovent, explorent et redéfinissent les contours de la créativité contemporaine nous ouvrent leurs terrains de réflexion.
Il a des airs de Freddie Mercury, mais pas la chanson. Avec des compositions captivantes – John Galliano est son plus grand fan – aux orchestrations pop entêtantes et des paroles universelles et intimistes qu’il écrit en français ou en anglais, cet artiste à l’univers complet aimante et interpelle. Lucky Love, 30 ans, originaire de Lille, a étudié les Arts plastiques à Saint-Luc Tournai, où il a acquis le sens de la critique personnelle, réalisé que les questions l'intéressent plus que les réponses. Passé par une compagnie de danse, il a travaillé avec Marie-Agnès Gillot, puis a été happé par la chanson après s’être nourri d’expériences de cinéma, de cabaret, de mannequinat et de théâtre. Luc – c’est son prénom – a interprété Jack l'Éventreur sur scène auprès de Béatrice Dalle et de JoeyStarr dans la pièce Elephant Man, "et c'est à cette occasion qu'on m'a demandé de chanter. Pour la première fois, je me suis essayé à composer." En janvier dernier, Lucky le bien surnommé a donné une performance pivot lors du défilé de la Collection Artisanale (haute couture) de la Maison Margiela. "Ma rencontre avec John Galliano a marqué l'un des tournants importants de ma chronologie. Il est d'une délicatesse folle. Connaissant mon amour pour les temps anciens, il a cherché un tissu de 1919 pour fabriquer le corset que je portais lors de ma performance. C’était un show conçu pour rêver ensemble sous un ciel de pleine lune." Il a chanté lors de la soirée des Magritte et donné, début avril, un concert au Botanique. Luc ambitionne en grandes dimensions : "Je suis porté par l'idée de sublimation."
Lucky Look
Venu au monde avec un handicap au bras, il grimpe les marches de sa carrière dopé par une confiance inébranlable. "Être né unique m'a permis de développer une certaine individualité. Différents aspects de moi rêvent à d'autres vies, mais il y a celle que je dois accomplir. Comme une mission. Sans être freiné par le poids de la légitimité : je ne l'ai jamais recherchée. J'ai abandonné l'idée de légitimité à ma naissance, parce que je vis dans un monde qui n'est pas adapté à moi. Et je ne veux pas être légitime dans un monde injuste. C’est une libération folle, qui émancipe de la notion de jugement, de validation et de cases à cocher. J’ai besoin d'être aimé, comme tout le monde, mais pas à outrance et pour les bonnes raisons. Les difficultés m'ont insufflé de la volonté, m'ont donné envie de vivre, et de comprendre." Quoi ? "Tout."
Dernier single : I'm ready to love (avril)