Bendt Eyckermans : la peinture sous toutes les coutures
Ils sont jeunes, ils sont bons, ils sentent le succès chaud. Trois artistes belges – ou presque – qui innovent, explorent et redéfinissent les contours de la créativité contemporaine nous ouvrent leurs terrains de réflexion.
Diplômé en peinture de l’Académie d’Anvers en 2016, ce jeune mais prolifique artiste belge de 30 ans est représenté par les galeries Sofie Van de Velde en Belgique, Carlos/Ishikawa à Londres et Andrew Kreps à New York. Descendant de cinq générations de sculpteurs et menuisiers, il travaille dans l'atelier de son grand-père. "J'y passais du temps dès l'âge de 3-4 ans, à m’imprégner de l’univers créatif familial. Devenir artiste était naturel pour moi, mais pas forcément recommandé par mes parents au départ : ils en connaissent la réalité. Mais ils me soutiennent complètement." Au titre des œuvres qui l’influencent, il cite L'École de Laethem-Saint-Martin, le mouvement artistique de La nouvelle objectivité, ainsi que Pietro Roccasalva, Lucy McKenzie, Victor Man, Kati Heck, Michael Mann ou Paul Thomas Anderson. Bendt Eyckermans a envisagé de s'installer à New York ou à Londres, mais bénéficiant de conditions idéales dans la ville de son enfance et dans son grand atelier baigné de lumière, il a élu Anvers. "Dans une mégapole, j'aurais été happé par des distractions, ce qui n'aurait été bon ni pour mon inspiration, ni pour ma productivité." Peindre est pour lui une expression de son monde intérieur, mais il retranscrit aussi les sensations qui l'entourent. Il crée un récit en superpositions d’observations, travaille sur les ombres "parce qu'elles sont plus expressives, plus intenses que les images trop évidentes. Il est difficile de tout expliquer par des mots, mais dans mes tableaux, il est question de profondeurs."
Des compositions mouvantes
"Je m’inspire beaucoup du cinéma, parce que ce qui est frustrant avec la peinture, c’est son caractère statique. J’y intègre autant de mouvements que possible, pour raconter des histoires vivantes. Je joue avec la lumière et, grâce à mon regard influencé par la sculpture, je tourne autour des objets." L’artiste scénographie des couches de clarté atténuées avec des éclats solaires, qui ont rapidement séduit des galeries majeures. Concentré et productif, il a imposé en quelques années son enthousiasme et son énergie, présentant une vingtaine d’expositions internationales. Il montrera prochainement son travail à New York et prépare une exposition de groupe au S.M.A.K. de Gand pour cet automne. Tout en produisant, sans relâche, Bendt explore son langage artistique, s'ouvre à la sculpture et au film, avec un projet de court-métrage lié à son langage visuel. "Je veux rester curieux, ne pas m'enfermer dans une référence." Pour cet artiste qui dépeint le monde comme il respire, le renouvellement est une inspiration en soi.