Balenciaga automne-hiver 2025-2026 : l’éloge du standard déviant
En observant l’ordinaire sous un prisme d’exception, Balenciaga ne se contente pas de défier les conventions : la maison les désassemble, les repense, les élève à un statut d’objet d’art. Cet hiver, plus qu’une collection, Demna nous livre une réflexion, un jeu d’ombres et de symétries où la mode devient une énigme, fascinante et radicale.
Dans l’ombre d’un labyrinthe symétrique, où chaque sortie devient une entrée et chaque perspective un défi, Balenciaga réécrit les codes du standard. Sous la direction incisive de Demna, la collection automne-hiver 2025-2026 fait du banal un manifeste, du quotidien une énigme vestimentaire. Ici, le tailoring s’emploie à déconstruire pour mieux reconstruire, flirtant avec les références classiques et les transgressant avec une audace calculée.
Le bureau dérouté
Tout commence par une étude clinique du vestiaire corporate : quatre tailleurs noirs identiques, portés par des silhouettes aux attitudes contrastées. Double standard, double perception. Puis, un costume bleu marine froissé à la main, un gris à l’effet "miteux" sophistiqué, et une veste oversized mariée à une jupe maxi. Balenciaga interroge : et si l’uniforme n’était qu’une illusion ?
Les commuters archétypaux avancent, vêtus d’un polo piqué en coton, d’un puffer ultra-léger et d’un blouson en cuir façon combinaison de plongée. Comme un jeu d’équilibre entre structure et fluidité, rigueur et désinvolture.
L’art du volume et du décalage
Les manteaux s’étirent, se métamorphosent. Un trench oversized en fausse fourrure, un caban façon cocon, un cardigan qui frôle le sol, collier Médicis en prime. Derrière chaque coupe, un écho au passé : le hoodie en molleton s’élargit comme une robe de mariée de 1967, tandis qu’un caban reprend les volumes semi-ajustés de 1951. Le tailoring, chez Balenciaga, est une matière vivante, une histoire en perpétuelle mutation.
Minimalisme sportif et excès couture
Les silhouettes supermini s’affirment dans des robes-sweats serrées par une épingle géante, tandis que des polos et vestes de survêtements se nouent en micro-jupes. Le sportswear technique Balenciaga x PUMA épouse une élégance épurée, flirtant avec la couture dans des "swimdresses" en spandex et des manteaux d’opéra en fausse fourrure.
Accessoires : objets de désir et de subversion
Les sacs se réinventent : briefcases modulables, shoppers en Dyneema® broyé, pochettes main-libre pour une ère connectée. Aux pieds, les Speedcat Ultrasoft effacent toute structure, tandis que les bottes Excavator fusionnent waders et bottes équestres. Les gants Alpinestars transforment le SMX-2 en armure punk, piqués de spikes et de piercings. Et l’ultime paradoxe : une montre sans cadran, reflet du temps qui s’évapore dans le pur geste du luxe.
