Art & Culture

Knokke : comment l'art s'empare de la cité balnéaire cet été ?

Les mois d'été à Knokke-Heist sont surnommés les "quinzaines mondaines". Preuve que la cité balnéaire reste the place to be pour les aficionados d'art du monde entier.
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La vie en galerie

Avec près de nonante galeries sur deux kilomètres carrés, la Zeedijk et ses alentours sont l'un des spots artistiques les plus en vue. Les célèbres quinzaines des années 50 et 60 ont donné le ton, et l’effervescence encore perceptible aujourd’hui transforme chaque été en haute saison pour les galeries de Knokke-Heist.

Le focus de la De Brock Gallery reste l'art contemporain d'avant-garde, comme en témoigne l’exposition consacrée jusqu'au 12 juillet à Julian Opie. L'artiste britannique traduit la relation harmonieuse entre les promeneurs de la Zeedijk et leur environnement à travers une série de photographies prises sur le tronçon de digue situé devant la galerie. Comme à son habitude, l'artiste applique des aplats de couleurs vives sur toute la surface.

Ensuite, Patrick et Bertram De Brock inviteront Heimo Zobernig, du 7 au 31 août. L'œuvre multimédia de l'Autrichien est liée au langage des formes du modernisme, ainsi qu’à la recherche autour du monochrome et du grillage. Mais son travail est également à rapprocher du constructivisme, de la théorie des couleurs et de l'abstraction géométrique. Avec "Real", la galerie présente neuf peintures récentes. Ces "text paintings" en Helvetica ont été imaginés dans les années 90 et, depuis, l'artiste n'a cessé de créer de nouvelles itérations de quatre lettres.

Julian Opie jusqu'au 12 juillet / Heimo Zobernig du 7 au 31 août.
debrockgallery.com

À l’occasion de "Trottoir", les galeries situées entre la place Albert et la rue Antoine Bréart convient les amateurs novices et avertis à un miniparcours avec onze arrêts consécutifs.

Save the date : samedi 7 août.
trottoirknokke.com

La nouvelle venue sous le soleil knokkois est la J&O Saverys Gallery. Juste avant le premier confinement, Julie et Olivia Saverys ont quitté leur emploi respectif de journaliste et de dentiste pour se consacrer à plein temps à leur art. Un grand changement, qu’elles ne regrettent pas un seul instant. La côte belge est leur thème récurrent. Une atmosphère qu’elles dépeignent toujours à partir de la même palette de jaune (le lever de soleil), d'orange (le coucher de soleil), de bleu cobalt et de turquoise (la mer), combinée au blanc et au noir. Même la peinture est rehaussée d’une touche locale, puisqu'il leur arrive de la mélanger à du sable récolté sur le pas de la porte. Les 12 et 13 juin aura lieu le vernissage de "Maquettes", à découvrir chaque week-end de 14 à 18 heures.

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"Maquettes" par J&O Saverys

La Maurice Verbaet Gallery se concentrera durant la haute saison sur un designer de classe mondiale : Axel Enthoven. Si les créations de l'Anversois sont connues d'un large public – il suffit de penser aux trains belges ou aux trams bruxellois –, il s'est également fait un nom avec des chaises aux lignes fluides, sobres, géométriques et élégantes. Par ailleurs, à travers l'exposition "Design is no Art", la galerie Verbaet montre au moyen de chaises et de dessins originaux à quel point la frontière entre design et art est parfois ténue. Les travaux d'Axel Enthoven seront exposés à côté des œuvres de la galerie du 31 juillet au 12 septembre 2021.

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Axel Enthoven à la galerie Verbaet © Stephan Vanfleteren

L'art n'est pas seulement présent dans les galeries, mais investit aussi la rue. Récemment, la "Tower" de Thomas Lerooy, composée de quarante-neuf têtes, agrémente la vue depuis la digue. Le titre de l'œuvre est aussi simple que percutant : comme un enfant empile des cubes pour construire une tour, Thomas Lerooy superpose des têtes pour créer du sens. Il fait référence à la société actuelle, composée de divers éléments plus précieux ensemble que pris séparément, un monde au sein duquel nous dépendons les uns des autres, nous sommes à l’écoute et faisons des compromis. À admirer au coin du Directeur-Generaal Willemspark et de l'Anemonenlaan.

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Studio Thomas Lerooy et Jeroen Verrecht

"De Eerste Parade", tout un symbole

Au Canadasquare, "De Eerste Parade" propose une promenade subjective à travers la sculpture belge. Elle démarre près du Grand Casino de Knokke et transforme les environs en théâtre d'une expérience en plein air unique en son genre. Les sculptures tout en retenue des artistes belges George Grard, Eugène Dodeigne, Johan Creten, Nadia Naveau, Mark Manders, Thomas Lerooy, Constant Permeke, Philip Van Isacker et Valérie Mannaerts forment un contraste avec l'espace public animé. La seule œuvre d'un créateur non belge est "Le poète" d'Ossip Zadkine. Chaque œuvre témoigne de la puissance des capacités humaines, mais aussi de la beauté de la fragilité de l'existence. La pandémie a incité beaucoup de gens à aller se promener dans la nature, ce qui est aussi un exercice de pleine conscience. Tout comme nous ralentissons le pas devant un cortège de carnaval, "De Eerste Parade" nous oblige à lever le pied.

La relation intime qui se tisse entre le spectateur et la sculpture tranche fortement avec le caractère exubérant et fugace d'un cortège. Cette collaboration unique entre la commune de Knokke-Heist, le commissaire Joost Declercq et le musée anversois Middelheim a donné naissance à un événement artistique exceptionnel. Celui-ci sera présenté gratuitement jusqu'au 11 novembre 2021 sur le Canadasquare, près du Grand Casino de Knokke, qui a toujours accueilli à bras ouverts les plus grands noms du monde de l'art.

Beaufort, la triennale d'art contemporain de la côte flamande, s’arrêtera également à Knokke-Heist en 2021. Cet été, le caméléon gigantesque et coloré de Jeremy Deller rejoindra le parc de sculptures de Beaufort. Le "lièvre" de Barry Flanagan au Zwin a désormais un ami sur la Van Bunnenplein : "Ask the Animals, and They Will Teach You" est un hommage monumental au caméléon, l'une des plus anciennes créatures sur terre. Jeremy Deller invite les enfants à glisser sur la longue langue ou à grimper sur le dos de l'animal exotique en pierre.

Beaufort 21 jusqu'au 7 novembre à travers Knokke-Heist.

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"Ask the Animals, and They Will Teach You" par Jeremy Deller
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"Le poète" par Ossip Zadkine

Le talent triangulaire

Scharpoord Experimental Art Space (SEAS) offre un tremplin aux jeunes artistes prometteurs. Chaque année, le commissaire Jo Coucke visite les expositions de fin d'études des écoles d'art flamandes à la recherche de nouveaux talents. Cet été, l'heureux élu est Charel Pycke. Après avoir obtenu un master en arts visuels, ce Bruxello-Gantois s'est lancé un défi de taille : travailler pendant un an exclusivement avec les proportions d'un triangle. Cette contrainte a engendré des frustrations, mais elle a également donné lieu à un éventail de recherches. La flexibilité, le changement, la répétition et la création sont les dynamiques qui sous-tendent l'exposition. "J'ai trouvé sans cesse de nouveaux aspects visuels, ce qui m'a procuré un réel plaisir dans le processus." À partir d'un triangle, Charel Pycke développe maintenant des sculptures et des dessins. Jo Coucke s’en réjouit : "Son travail continue d'évoluer et n'est certainement pas figé. C’est fascinant. Il parvient à élaborer un langage visuel plutôt inédit dans le monde artistique flamand." Comme son nom l'indique, "2/5: First Tri" est la première exposition solo du jeune artiste, mais certainement pas la dernière.

Le meilleur du photojournalisme pour l'année 2020 sera présenté en première belge au World Press Photo. Dans le jardin du centre culturel Scharpoord, on pourra admirer du 17 juillet au 15 août des photos de qualité provenant du monde entier. Les images les plus poignantes suscitent une vraie réflexion autour d'une année étrange et obsédante.

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