Comment la marque skincare Delbôve demeure l'incontournable des sorcières modernes ?
Passionné de chimie, Roger Delbôve était coiffeur et avait déjà développé une gamme de shampoings lorsqu'il croise la route de Marion qui travaillait chez Helena Rubinstein. Avec l’aide d’un biochimiste, ils décident de lancer ensemble un traitement basé sur le principe de l’homéostasie, soit des soins qui aident la peau à retrouver son équilibre et à rétablir ses fonctions naturelles, sans artifices. Ils formulent d’abord une crème tellement “magique” (si l'on en croit les réactions des premières utilisatrices), qu'elle est très vite qualifiée par une journaliste de “Crème Sorcière”. Dans la foulée, le couple lui adjoint une eau botanique aux puissantes vertus, un distillat de neuf teintures mères qui, mélangé avec la crème, donne une émulsion lavante étonnante. Le Rituel Sorcière était né !
D'autres produits suivront, mais cette routine de base imaginée il y a cinquante ans ne sera jamais modifiée. “Comme elle était esthéticienne, elle testait ses formules en live sur ses clientes. J’étais l’une d’entre elles...”, explique Gina d’Ansembourg. Séduite par ces drôles de petits pots au design inspiré par la verrerie pharmaceutique d'autrefois et à l'intitulé mystérieux, l’entrepreneuse adopte illico les produits et devient une cliente fidèle du rituel Delbôve. “C'est bien la seule marque à laquelle je suis restée fidèle", sourit-elle. "J'aimais les produits, bien sûr, mais aussi l'atmosphère si particulière qui se dégageait du salon de Marion. Là-bas, c'est un peu comme si le temps s’arrêtait. Elle me donnait énormément de conseils beauté. Même mon mari était accro !” Lorsque Marion décède en 2011, il semble évident et essentiel à Gina de perpétuer l’héritage de celle qui lui avait tant transmis. “Ces formules incroyables ne pouvaient pas sombrer dans l’oubli !” Elle reprend donc la gamme et hérite de toutes les formules - écrites à la main comme des préparations magistrales - ainsi que des conseils d'utilisation qui les accompagnent. “Quand j’ai montré ces formules aux chimistes avec lesquels je travaille, ils étaient émus. C’est comme si on leur confiait une formule magique écrite dans un vieux grimoire.”
Elle relance la production, adapte ce qui doit l'être avec la cosmétologue Gisèle Naveau, collaboratrice de longue date de la maison. En 2013, Gina ouvre sa première boutique à Ixelles. Confidentielle, l’entrée de ce salon intimiste se cache au fond d'une cour pavée. “J’ai voulu transposer l’atmosphère feutrée de chez Madame Delbôve. Un endroit secret avec des formules magiques qu’on se transmet de mère en fille. Ce qui était très émouvant quand j’ai ouvert ma boutique, c’était de voir les anciennes clientes les larmes aux yeux en retrouvant les Crèmes Sorcière.” Aujourd’hui, c’est dans cet écrin à la déco poudrée que s'organisent des “Sorcières Parties”. Des ateliers pratiques - entièrement gratuits et privatisables - qui permettent aux participant·e·s de s'initier à la gestuelle qui accompagne ce rituel extraordinaire. “Au lieu d'agresser la peau, comme c'est trop souvent le cas lors de la phase de nettoyage, on la soigne déjà en rétablissant la barrière hydrolipidique”, explique Gina d’Ansembourg. “Chaque produit Delbôve est pensé selon les principes de la phytothérapie et formulé grâce à une combinaison de plantes médicinales et d’un pourcentage élevé en principes actifs. Par ailleurs, comparées aux soins conventionnels, nos formules utilisent un très faible pourcentage d’eau.” Une gamme exceptionnelle qui compte désormais 24 références, visage et corps. “Tout est fabriqué en France dans un laboratoire qui appartient à un Belge, insiste l’entrepreneuse, et les flacons vides peuvent être rapportés à la boutique pour être recyclés. Malgré les années et l’investissement, je n’arrive toujours pas à m’approprier les nouvelles formules... Pour moi, c’est un honneur de transmettre cet héritage.”
