"Top Boy" : pourquoi faut-il regarder la troisième saison ?
Tendue, complexe, plus politique aussi, cette nouvelle saison tient toutes ses promesses.
A quoi tient l’attrait d’une série sur la durée ? Pourquoi s’y accrocher, l’attendre ? Pour sa fantaisie ironique (Mrs.Maisel, par exemple), sa profondeur de champ inattendue (Hello Tomorrow !), sa puissance émotionnelle (The Bear). Ou, ici, pour ses personnages, balloté-es entre mélancolie et furie, désarroi et rage. L’on retrouve Sully (Kane Robinson, acteur extraordinaire), Dushane, Jaq (Jasmine Jobson, fabuleuse, et cette saison sert parfaitement son talent et sa palette expressive), toujours embourbé-es dans leur quotidien de dealers, d’argent sale à blanchir, de comptes à régler, d'espoirs ténus d'une vie meilleuire à entretenir, bref, la routine - une routine narrative bien tenue, serrée.
C’est moins le récit qui captive, filant droit vers un dénouement bien dans la veine tragique (au sens grec) que la série suit depuis ses débuts, que ses protagonistes. Pris-es au piège de leurs crimes, confronté-es à de nouveaux ennemis et de nouvelles responsabilités, affrontant d’imprévus démons : le remords, la culpabilité, les voici paradoxalement attachant-es. Sans atteindre les sommets des flagrants modèles (The Wire, notamment), il faut lui reconnaître la capacité à explorer de nouveaux champs, plus intimes et plus politiques, soulignant l’incurie cruelle des approches britanniques des crises urbaines. Et surtout, l’on y revient, si la série ne marquera pas l’histoire de la télévision, le regard de Sully, bouleversant, d’enfant égaré, ne nous quittera pas de sitôt.
Une série créée par Ronan Bennett. Avec Ashley Waters, Kane Robinson et Jasmine Jobson. Disponible sur Netflix.