La Normandie, nouvelle source d'inspiration de David Hockney
C’est l’histoire d’un double coup de foudre esthétique. En 2018, fuyant l’effervescence londonienne, David Hockney découvre la beauté d’un coucher de soleil à Honfleur et la splendeur de la tapisserie de Bayeux. Exalté par ces deux visions, il loue à Rumesnil une maison à colombages pour en faire son atelier, et s’y installe en mars 2019. Son ami Jean Frémon retrace dans le livre "David Hockney en pays d’Auge" cet enracinement fertile qu’il a vécu en direct. Lorsqu’il lui demande combien de temps il compte rester en Normandie, Hockney lui répond : “Tant que le travail marche. À Bridlington, j’étais venu pour quatre semaines, je suis resté neuf ans.”
Son obsession du paysage s’était en effet ancrée dans son Yorkshire natal il y a quelques années. Là, l’exil est plus étonnant. Son travail commence à la manière de la tapisserie de Bayeux : une vue à 360 degrés sur le paysage reproduite à l’encre de Chine sur un carnet de 24 pages en accordéon. De là, il passe à 24 grands dessins qui seront exposés à New York. Le livre de Frémon dévoile aussi un Hockney intime, avec ses souvenirs de Lucian Freud, Francis Bacon, de la reine Elizabeth II, ou l’influence des réalisateurs Jacques Tati et Jean Renoir. On y trouve enfin les réflexions de l’artiste sur la capture du temps : “Hockney n’a pas peur du contemporain, il s’en empare : un chargeur de téléphone portable branché sur une prise, il le dessine. Un cendrier plein de mégots, il le dessine. Il dessine ce qu’il voit par souci de la vérité de ce qu’il est. N’ayant rien à cacher de lui, il n’a rien à cacher de ce qu’il voit, ni de ce qu’il aime. Or il aime peindre ce qu’il voit.” Et que voit-il?
Le printemps glorieux de la campagne normande. La floraison des aubépines, le vert de l’herbe, les pommiers, les premières jonquilles, les ciels, la pluie... “L’arrivée du printemps dure environ six semaines en Normandie, alors j’ai l’intention de la faire aussi comme un rouleau. C’est comme un film mais c’est vous qui vous déplacez.” Le printemps, pour Hockney, est un éternel recommencement, mais jamais le même, comme sa peinture.
Expo “David Hockney : My Normandie”, du 15 octobre au 23 décembre à la Galerie Lelong & Co, Paris 8e. Livre "David Hockney en pays d'Auge", de Jean Frémon (Éditions de L’Échoppe).