"La Chronique des Bridgerton" : au cœur la jet-set londonienne des années 1800
Avec son titre majestueux, La Chronique des Bridgerton est la première production originale Netflix de l'Américaine Shonda Rhimes. À l’origine de succès colossaux comme Grey's Anatomy, Scandal et How to Get Away with Murder, Shonda Rhimes est aujourd'hui la productrice et réalisatrice la mieux payée dans le monde de la télévision. Un investissement bien pensé de la part de Netflix. Le premier rôle de la série (Daphne Bridgerton, jouée par Phoebe Dynevor) semble d’accord : "Quand Shonda Rhimes réalise une série d’époque Regency, on sait pertinemment que les personnages féminins seront lucides, brillants et irrésistibles."
Pourquoi tous les regards sont-ils tournés vers La Chronique des Bridgerton ? En tant que téléspectateur, on est surpris, mais dans le bon sens du terme. La distribution indifférente aux catégories raciales (Sa Majesté est noire), l’esthétisme des robes, des coiffures et du make-up (on pense à la perruque baroque avec coupe afro de la reine), ainsi que les décors exubérants font de cette série un mélange inattendu entre un drame historique en costumes, et une série moderne et accrocheuse agrémentée d’une bonne dose de gloss américain. On ajoute à cela une narratrice omnisciente façon Gossip Girl (Julie Andrews prête sa voix à Lady Whistledown dans La Chronique des Bridgerton) qui alimente sans pitié les intrigues et les scandales, et on obtient une minisérie de 8 épisodes parsemés de rebondissements ponctuels et de scènes d'amour. La série montre l'Angleterre sous son aspect le plus charmant, et tout spécialement la pittoresque Bath, décor principal de la série.
En ce qui concerne le dress code de l'époque de la Régence anglaise, les deux familles rivales – mais amies – ne mâchent pas leurs mots : "Nous (les Bridgerton) sommes les Chanel et eux (les Featherington), ce sont plutôt les Versace." Le personnage principal Daphne porte une centaine de robes tout au long de la série, ce qui représente environ treize changements de costume par épisode. Ce n'est pas seulement la quantité, mais aussi les détails de chaque look qui sont hallucinants. Par exemple, les couleurs de la garde-robe familiale sont toujours assorties aux murs ou au décor. Au total, 190 personnes occupaient le plateau chaque jour et les acteurs passaient en moyenne deux heures et demie par look sur la chaise de maquillage. Les Bridgerton et compagnie sont – officieusement – surnommés les Kardashian de l'ère de la Régence.
Ceci dit, La Chronique des Bridgerton a plus de profondeur que L'Incroyable Famille Kardashian. L'histoire, qui se déroule dans les années 1800, est basée sur les romans historiques de Julia Quinn, écrits entre 2000 et 2006. Parfois comparée à Jane Austen (1775-1817), l’autrice est l'une des romancières anglaises les plus remarquables de l'histoire de la littérature.
La série suit la puissante famille Bridgerton et leur fille aînée Daphne (Phoebe Dynevor), qui fait ses débuts sur le "marché du mariage" de la haute société londonienne. La "saison sociale" est une succession de bals, de pique-niques et d'événements mondains permettant de trouver l'amour de sa vie ou de gravir un échelon dans la hiérarchie sociale. Mais la jeune Daphne fait la connaissance de Simon Basset (Regé-Jean Page), le désirable – et rebelle – duc de Hastings, qui préfère poursuivre sa vie de célibataire encore un moment.
Si l’étiquette de l'époque de la Régence anglaise demeure prude, l'univers excentrique de La Chronique des Bridgerton aborde des sujets brûlants comme l'amitié inconditionnelle, l'amour et la sexualité, qui sont si reconnaissables que le laps de temps qui nous sépare de cette période semble négligeable.
La minisérie de 8 épisodes est disponible à partir du 25 décembre 2020 sur Netflix.