"Coyotes" : le triller à la belge qui nous rend accros depuis ce printemps
Ils ne se connaissaient pas avant le tournage, mais après quinze jours, ils étaient potes depuis toujours. Comme on peut l’être après un camp scout. Coyotes, c’est le totem de la patrouille de leurs personnages. Dans la vraie vie, ils ont à peine plus de vingt ans. Louka vient du Hainaut et vit actuellement à Montpellier. Sarah et Kassim sont désormais colocataires à Bruxelles. Elle a fini l’INSAS cette année, Kassim a toujours aimé écrire, et si la réalisation le titille, pour l’instant, il profite de son expérience d’acteur. C’était d’ailleurs son premier tournage au niveau professionnel. Louka avait déjà quelques heures de voyage en télévision et cinéma, des publicités quand il était enfant, des courts métrages amateurs réalisés avec des amis, en faisant tourner les postes. Ensemble, ils ont savouré ces trois mois de tournage en fusion : "Travailler en extérieur, même avec les mesures Covid, ça fait du bien." Coyotes suit les turpitudes, cas de conscience et rebondissements d’une aventure d’ados, avec diamants volés et découverte d’un corps inopportun.
Dans tout scénario, il y a la mise en bouche du texte, alors parfois, pour des dialogues écrits par des adultes, les jeunes acteurs interviennent, remettent les mots à leur sauce, harmonisent l’écrit avec leur propre personnalité. Ils respirent la passion des jeunes talents, et posent un regard lucide sur l’industrie du film, quel que soit son support : "En France, plus de 750 films ne sont pas sortis depuis le premier confinement, sans compter ceux qui ont été tournés entre-temps." Kassim souligne qu’"on tourne de moins en moins pour le cinéma, et de plus en plus pour les plateformes. Les séries explosent, plus faciles à diffuser que les longs métrages. Mais je reste très attaché au grand écran : quand j’étais étudiant à Louvain-la-Neuve, je vendais des tickets dans un cinéma. Il y encore un public qui aime le côté événement de ce format, des amoureux du cinéma qui apprécient un spectacle vécu dans des conditions différentes et un autre environnement qu’à la maison. J’ai une carte, et quand c’est possible, je vais voir des films tous les jours."
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Les prochains défis du cinéma ?
Ils répondent d’une voix : "Les spectateurs savent bien qu’un film en salle représente une expérience incomparable avec le streaming chez soi. Il ne faut surtout pas laisser disparaître les petits cinés de quartier, dont les séances coûtent moins cher que dans les multiplexes, et qui sortent des pépites." C’est donc sur grand écran qu’ils projettent leur carrière idéale. Louka souhaite continuer d’explorer la méthode de travail d’un long métrage : "Contrairement à une série, c’est plus lent, on prend le temps, on peut réfléchir le personnage en amont, travailler sur les nuances, les performances d’acteurs." Sarah, qui a débuté dans Elle s’appelait Sarah avec Kristin Scott Thomas, a apprécié une autre dimension du temps offert : "Il y a une qualité de concentration, on peut faire évoluer un rôle. Séquencer, comprendre les points de bascule du personnage. Une série, c’est le temps de plusieurs longs métrages, ça permet de fouiller toutes les subtilités de l’interprétation." Kassim aussi consomme plus de films que de séries mais a adoré cette expérience de tournage : "Entre devenir une star de Netflix ou de cinéma, la question ne se pose plus comme ça. On laisse les films vivre leur vie, trouver leur public." Et le public, trouver ces trois acteurs, conscients et attachants.