Comment Dyllón Burnside (Pose, American Horror Stories) compte devenir le nouveau Beyoncé
À seulement 32 ans, Dyllón Burnside, révélé par son le rôle de Ricky Evangelista dans la série à succès Pose, signée Ryan Murphy et disponible en Belgique sur Netflix, construit sa légende. Celui qui rêve de marcher dans les pas de Beyoncé ou Jennifer Lopez, comme il nous l’a dévoilé, vient de boucler la troisième et dernière saison de la série révolutionnaire, dont la diffusion vient de se terminer aux USA, mais doit prochainement arriver en Belgique sur la plateforme au logo rouge.
Loin de se contenter du succès phénoménal du show, l’acteur continue de s’imposer sur le petit écran, et collabore à nouveau avec Ryan Murphy, à l’occasion du spin-off d’American Horror Story, baptisé American Horror Stories, et dont la sortie aux États-Unis est prévue pour ce jeudi 15 juillet 2021. Une diffusion très attendue, qui coïncide également avec la sortie récente de son premier single intitulé "Heaven", et dont les paroles font directement référence à son expérience personnelle. Car en plus d’exceller devant la caméra, Dyllón Burnside chante, danse… Bref c’est un entertainer accompli. Son dernier défi en date ? Monter sur les planches de Broadway, puisqu’il sera à l’affiche de "Toughts of a Colored Man", l’une des premières pièces à se tenir dans le quartier légendaire new-yorkais, depuis la levée des mesures sanitaires dans la Grosse Pomme. Via un entretien Zoom, nous avons pu échanger avec l’artiste, qui s’est confié sur son actualité chargée... et la façon dont il compte devenir un savant mélange de Queen B, J.Lo ou Lena Whaite.
Vous avez une actualité très chargée en ce moment, vous venez de finir "Pose", vous êtes à l’affiche d’"American Horror Stories", et vous vous lancez maintenant dans la chanson… Comment a démarré votre parcours musical ?
Ma carrière musicale a commencé dans un boys band quand j’avais 12 ans, j’ai joué et enregistré des morceaux avec eux pendant 10 ans. Nous avons pu jouer avec Stevie Wonder, Rihanna, Bow Wow, et beaucoup d’artistes géniaux. J’étais très jeune et j’essayais de toujours savoir qui j’étais, ce que je voulais dire et comment je voulais me présenter au monde. Je voulais aussi être un acteur, donc j’ai quitté le groupe et j’ai déménagé à New York pour étudier la comédie musicale, mon métier, mon talent, et découvrir qui j’étais.
Comment vous sont venues les paroles de votre chanson "Heaven" ?
J’ai écrit les paroles avec mon producteur Phinisey. J’ai commencé à écrire la chanson par moi-même, et quand on a été au studio, on l’a finie ensemble. La chanson est inspirée par mon expérience en tant que personne queer et Noire qui a grandi dans le Sud des États-Unis, à qui on a dit beaucoup de choses décourageantes sur les personnes queer, qu’elles étaient une abomination, qu’elles iraient en enfer, qu’elles ne sont pas bénies. Et je trouve que ma vie est tellement bénie. Je trouve aussi que l’amour est universel et une des choses qui est vraie et que j’ai apprise à l’église est que l’amour, c’est Dieu. Dieu est une façon de rejoindre le paradis, et l’amour aussi. C’est au moment où j’ai pu vraiment connaître l’amour, et aimer une autre personne que j’ai pu vivre l’expérience la plus spirituelle et transcendante.
Vous êtes un homme de foi. Comment vit-on sa foi, quand un des premiers messages que l’on reçoit est qu'une partie de son identité n’est pas acceptée ?
Je pense que la foi signifie de croire en quelque chose que vous avez des raisons de ne pas croire autrement. À la fin de la journée, c’est ma foi. Ce n’est pas la foi du pasteur, celle de ma mère ou de ma famille, c’est la mienne. Une des choses qui a toujours été vraie pour moi depuis que j’ai travaillé dans mon église, c’est que, même si elle m’a rejeté et abandonné, je ne me suis jamais senti abandonné par Dieu, l’univers, ce qui est au-dessus de nous, peu importe comment vous l’appelez. J’ai toujours senti la présence de sources en moi et autour de moi. Ca, c’est la substance de ma foi. Ce sont les façons dont je vis les connexions avec l’univers en moi et autour de moi.
Que diriez-vous aux jeunes personnes issues de la communauté LGBTQ+ qui sont encore discriminées aujourd’hui ?
Il y a beaucoup de choses à dire. En ce moment, ce qui me préoccupe, c’est la violence que l’on a vu à l’encontre de beaucoup de personnes LGBTQ+ dans le monde. On a l’impression que c’est le retour de bâton, suite à tous les progrès que l’on a fait ces dernières années, la visibilité qu’on a en ce moment. Et je pense que ce retour de bâton est une agression envers le progrès et cette visibilité. Je dirais aux jeunes de ne pas abandonner, restez vigilents, continuez de vous battre pour vous-mêmes et vos libertés, votre visibilité et le progrès, pour que vous puissiez vivre la vie que vous voulez vivre et que vous savez que vous méritez de vivre. Et aussi protégez-vous, soyez sages et intelligents. Et pendant que vous travaillez pour le monde que l’on veut voir, faites attention au monde dans lequel nous vivons actuellement, pas au point de perdre espoir et de se concentrer sur les choses négatives, mais faites attention pour que vous puissiez vous protéger, parce que c’est dangereux parfois dans certaines parties du monde.
Vous avez interprété le personnage de Ricky dans "Pose". Quels sont vos points commun avec lui ?
Évidemment, l’amour de la danse. Ricky est très charismatique, et charmant. On m’a dit que cela était similaire pour moi (rires). Je pense que Ricky est très mal compris, et finalement il veut avoir des connexions, être aimé et avoir quelqu’un qui prend soin de lui et prendre soin de quelqu’un aussi, et je ressens la même chose. La plupart d’entre nous, on veut aimer et soutenir quelqu’un. Je pense que ce sont les choses que Ricky et moi avons en commun… Et un bon sens du style aussi ! (rires)
"Pose" a eu un impact phénoménal sur la représentation des personnes LGBTQ+ dans l’industrie télévisée. Quel sera l’héritage de "Pose" sur cette industrie ?
Que les histoires et les personnages LGBTQ+ soient la norme. Ils font vendre, et les gens veulent les voir, les découvrir. Ils sont plus que la sexualité ou l’identité de genre. Les gens de tous les horizons sont fans de "Pose", et pas uniquement les personnes LGBTQ+. Donc je pense que c’est l’héritage qu’il y aura sur l’industrie. Les gens ne peuvent plus dire que ces séries ne font pas d’argent ou ne sont pas respectées par le public, les critiques ou l’industrie. Parce que "Pose" a prouvé que c’était faux.
Dans quelques jours, vous serez à l’affiche d’"American Horror Stories". Pouvez-vous nous parler de votre rôle dans le spin off ?
La seule chose que je peux vous dire est que je serai dans l’épisode 4.
C’est le second projet de Ryan Murphy sur lequel vous travaillez après "Pose." En quoi était-ce différent ?
C’était complètement différent. "American Horror Stories" est un nouveau format pour la franchise AHS, mais malgré cela, la communauté de fan est énorme, et la hype autour de la série est incroyable. On a filmé l’une des scènes dans un endroit public, c’était le premier jour de tournage pour moi, et il y avait des fans qui étaient présents, qui savaient qu’on était là, ils ont pris des photos et les postaient directement en ligne, elles étaient immédiatement divulguées sur Twitter, et je dois dire que la façon dont les fans sont investis dans la série est complètement différente. Aussi, après avoir terminé le tournage de la saison 3 de "Pose", qui était très intense et difficile, en particulier parce que je savais que c’était notre dernière saison, j’ai pu vraiment m’amuser avec "American Horror Stories". Les acteurs avec qui j’ai tourné mon épisode étaient géniaux, on est devenus amis, on s’est vraiment amusés en tournant ensemble. J’ai vraiment hâte de voir l’épisode, c’était une bouffée d’air frais après "Pose".
Vous allez prochainement jouer à Broadway dans “Thoughts of a Colored Man”. Pouvez-vous nous en parler en quelques mots.
J’aime décrire “Thoughts of a Colored Man” comme une méditation sur l’expérience d’être un homme Noir aux USA. C’est traduit à travers la vision de 7 personnages différents, des hommes Noirs, et le scénariste de la pièce Keenan Scott a fait un super boulot. On fait du slam en poésie, du hip hop, et on dit des mots d’une façon très belle. C’est un très beau portrait de la vie d’un homme Noir à New York.
Si vous deviez choisir entre les planches et les plateaux de cinéma, vous choisiriez quoi ?
C’est un choix difficile, je ne voudrais pas avoir à choisir, je voudrais pouvoir faire les deux, pour des raisons différentes. J’ai toujours voulu être dans des films et sur l’écran et je suis tombé amoureux du théâtre quand j’étais jeune et j’ai grandi en tant qu’acteur sur scène. Le théâtre pour moi est un espace de communauté. C’est très similaire à l’église en fait. C’est sacré, comme un rituel à chaque fois que l’on se rend sur scène. Et c’est une expérience que l’on partage avec le public. C’est quelque chose que l’on ne trouve nulle part ailleurs. Et je respecte vraiment le théâtre. Mais j’aime aussi vraiment performer devant la caméra, être dans des films et à la télévision.
Qui est votre modèle dans la vie ?
Il y en a beaucoup. Je dirais James Baldwin, il m’inspire. Jennifer Lopez, cette femme sait ce qu’est le travail, Lena Waithe, Issa Rae. Ce sont ceux qui me viennent direct à l’esprit.
Vous aimeriez travailler avec eux ?
Oui j’adorerais, mais au-delà de ça, ce sont des gens dont je respecte le travail, qui ont une éthique de travail et dont les carrières sont respectées. Quand je pense à quelqu’un comme James Baldwin, il était Noir et gay sans complexe, à une époque où c’était très dangereux. Peu importe ses aspirations professionnelles, il n’a jamais sacrifié qui il était, ni haï qui il était pour avoir du succès. C'est quelque chose que j'aspire à faire aussi bien. Beyoncé aussi, c’est juste Beyoncé… Il n’y a rien à dire de plus ! (rires) Je pense que son éthique de travail est inégalée. Et quand je regarde sa carrière, on l’a vue évoluer, grandir, changer et s’améliorer. Et c’est quelque chose que je veux en tant qu’artiste. Je suis reconnaissant d’être témoin de son parcours. De la voir, depuis les Destiny’s Child, devenir une superstar internationale. Jennifer Lopez, c’est une successions d’objectifs. De la musique à la télévision en passant par la présentation télé, la mode… Tout ce qu’elle fait, elle le fait bien à un niveau incroyable. C’est une super performeuse sur scène et une super chanteuse et actrice. S’il y a quelqu’on dont je pourrais dire que je veux la même carrière, ce serait J.Lo. Et puis Lena Waithe est si inspirante. Une jeune femme queer qui n’est pas juste actrice et scénariste, mais aussi productrice pour plusieurs chaînes. Elle permet aussi à des personnes noires et queer de s’imposer avec sa société. C’est quelque chose d’important pour moi. Car pendant qu’on réalise nos rêves, c’est important de rendre et aider les gens sur le chemin. Et Lena fait un super travail à ce niveau-là.
Quelles sont vos ambitions pour l’avenir ?
Je veux tout faire ! Je veux être dans des films et produire plus. J’ai produit un documentaire dans le cadre d’un projet pour PBS aux USA, qui s’appelle "Prideland". Il suit la vie de personnes LGBTQ+ qui vivent dans le Sud des États-Unis, et on est nommé aux Emmys ! Donc je veux produire plus, écrire et développer des séries moi-même. Je veux continuer à faire ma propre musique et je suis très excité par mon single "Heaven" et les super retours qu’on a. J’ai hâte de me produire partout dans le monde une fois que l’on pourra à nouveau voyager. Je veux être une combinaison de Lena, Beyoncé, J.Lo et James Baldwin ! Et je veux faire les choses bien. Le ciel est la limite. Je n’ai pas de frontière, je ne vois que des opportunités. Je veux prendre le temps d’être concentré et tirer tous les avantages des opportunités qui me sont offertes.