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Interview : Angèle fait le bilan de son année 2019 complètement folle

Pour L’Officiel et la sortie de la réédition de son premier album avec six titres inédits, Angèle pose en Chanel avec une élégance toute naturelle et se confie sur La Suite d’un Brol qui est loin d’être terminé.
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On ne la présente plus. Avec plus de 300 millions de vues sur Youtube, un premier album disque de diamant, sa réédition dans la foulée et une tournée à guichets fermés pour 2020… Angèle s’impose comme l’une des nouvelles reines de la pop francophone en France comme chez nous où elle vient de remplir le Palais 12 du Heysel. Rencontre au sommet.

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© Alice Moitié - Stylisme : Samantha Gil et Garlone Jadoul - Réalisation : Jennifer Eymère

2019 : c’était l’année Angèle. Comment l’avez-vous vécue ?

Angèle : Après des mois d’angoisse, car j’ai toujours des choses à travailler, à envisager, à anticiper, je ressens enfin du bonheur. Ce succès, c’est la meilleure récompense qui soit. Je n’ai pas réussi à prendre du recul avant l’été dernier, où j’ai pris trois semaines de vacances. Cela ne m’était pas arrivé depuis trois ans, mais il le fallait. Je n’étais plus productive, je n’arrivais à profiter de rien… Cette pause m’a permis de vraiment prendre conscience de la chance que j’avais et m’a à nouveau motivée. J’avais été incapable de prendre du plaisir car j’étais trop dans le contrôle. J’ai l’impression d’avoir été dans une piscine pendant deux ans en faisant tout pour ne pas couler !

 

C’est toujours le “brol” dans votre vie ?

Bien sûr ! Ce mot, il était important, je souhaitais à tout prix, pour le titre de mon album, utiliser un mot qui me ramenait de manière directe à la Belgique.

 

Comment vos parents ont-ils réagi à ce succès explosif ? Heureux, inquiets ?

Eux-mêmes ont été étonnés par cette popularité soudaine, mais ils sont plus heureux pour moi qu’inquiets. Ils savent que je gère très bien, que je m’entoure de gens en qui je peux avoir confiance.

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© Alice Moitié - Stylisme : Samantha Gil et Garlone Jadoul - Réalisation : Jennifer Eymère

Vous avez beaucoup de tubes à votre actif, mais y a-t-il un titre qui vous fait plus vibrer que les autres ?

Mon rapport avec mes propres chansons est forcément distant car, les ayant écrites et composées, j’en vois toutes les coutures et les imperfections… Mais en concert, Ta Reine m’émeut toujours !

 

À 23 ans, vous êtes pourtant déjà un modèle de féminisme contemporain !

Ce n’est pas à moi de le dire, mais ça me ferait très plaisir si c’était le cas. Pour ma part, j’ai reçu une éducation très ouverte sur le sujet par mon père comme par ma mère qui, sans employer forcément le mot féminisme, m’ont transmis ces valeurs d’égalité des sexes et d’indépendance. Grâce à Internet, Me Too, Balance ton porc, une réelle lumière s’est portée sur ce combat-là. Sans faire de l’opportunisme, je profite aussi de mon époque car les femmes ont pris la place qu’elles méritaient. Et je veux porter un message, ça c’est certain, même si Balance ton quoi est avant tout un état des lieux du combat antisexiste.

 

Vous posez en Chanel avec un plaisir non dissimulé. Quel est votre rapport à la mode ?

C’est ambivalent. D’un côté, j’adore les vêtements amples, streetwear, les combinaisons un peu folles… De l’autre, surtout dans le cadre de mon métier, j’adore m’habiller de manière plus sophistiquée. Comme si je me déguisais. Chanel est la seule marque qui me faisait rêver quand j’étais enfant. Si je devais n’en choisir qu’une à porter au quotidien, ce serait celle-là !

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© Alice Moitié - Stylisme : Samantha Gil et Garlone Jadoul - Réalisation : Jennifer Eymère

Votre définition de l’élégance ?

Ne pas avoir à faire d’efforts. Se sentir bien dans sa peau, dégager une énergie : à mes yeux, c’est ça, l’élégance véritable.

 

Un beau souvenir à garder de cette folle année ?

En mai, lors de la soirée après le concert de Forest National à Bruxelles. Le concert avait été éprouvant car je m’étais mis beaucoup, beaucoup de pression. Il y avait tous ceux qui comptaient : mes parents, ma grand-mère, mes copines d’école, mon frère Roméo, tout le monde dansait ensemble malgré les différences d’âge. C’était la fête la plus jouissive de toute ma vie car j’avais vraiment l’impression d’avoir accompli quelque chose. J’ai eu l’impression que c’était mon mariage !

 

On ressent une certaine nostalgie dans certains de vos nouveaux morceaux, Angèle aurait-elle le spleen?

Je n’en ai pas vraiment conscience. Je pense que c’est peut-être la conséquence de tout ce qui m’est arrivé ces deux dernières années. Ces nouvelles chansons sont comme un exutoire pour raconter des choses plus personnelles et plus sombres encore que dans la première version de l’album. Il y a des titres comme Perdus que j’ai écrits il y a un an déjà. Un moment où j’étais justement peut-être un peu perdue. Aujourd’hui, cela ne correspond plus à ma réalité. Il y a des mois qui sont passés entre l’écriture et la sortie de ce single. Je me pose encore beaucoup de questions mais je pense que les fragilités et les blessures guérissent à partir du moment où on les exprime. Certains ont un carnet intime moi je me raconte et je parle de moi et de ce qui m’arrive en chansons.

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© Alice Moitié - Stylisme : Samantha Gil et Garlone Jadoul - Réalisation : Jennifer Eymère

Comment se passe votre processus d’écriture?

Ce que je raconte dans mes chansons parle souvent d’un moment précis de ma vie. J’écris en général mes textes en très peu de temps. En une soirée souvent. C’est un peu comme une capture d’écran de ce qui se passe dans ma tête à ce moment-là. Le premier couplet ou le refrain arrivent très rapidement. C’est comme le point de départ d’une histoire. Le deuxième couplet met plus de temps et va plus en profondeur dans le message que je veux faire passer.

 

Pourquoi avoir voulu donner une suite à Brol?

Il y a eu un tel engouement pour l’album Brol avec seulement 12 titres que j’avais le sentiment de ne pas avoir pu exprimer tout ce dont j’avais envie. L’album était selon moi incomplet. J’ai donc commencé à écrire La suite très vite, en janvier passé, et terminé le dernier morceau en août dernier. J’étais trop impatiente de sortir quelque chose de nouveau très vite en vue de la longue tournée et des nombreux concerts qu’il restait encore à faire. Ces six nouveaux morceaux sont directement en rapport avec Brol et la tournée qui a suivi sa sortie. Du coup, c’était logique que ce soit une réédition. Mon deuxième album, j’imagine que je le ferai quand j’aurai encore un peu plus grandi avec qui sait, une toute autre direction artistique.

 

Les collaborations et featurings avec d’autres artistes, ça se passe comment?

Je choisis les artistes avec lesquels je collabore souvent au feeling. Quand Philippe Katerine m’a proposé qu’on travaille ensemble, je n’ai même pas réfléchi car je suis fan de ce qu’il fait. Quand on me propose une collaboration, je ne réfléchis pas en termes pratiques ou même stratégiques. Je devrais parfois mais je n’ai pas envie de ça.

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© Alice Moitié - Stylisme : Samantha Gil et Garlone Jadoul - Réalisation : Jennifer Eymère

Découvrez l'intégralité de cet interview dans le numéro Hiver 2019 de L'Officiel Belgique.

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